tion annuelle est si considérable et se renouvelle
depuis plus de dix siècles.
s III.
Des bancs calcaires provenus des madrépores.
Il y a plus de dix-huit ans qu’une circonstance
particulière me mit à portée de reconnaître, entre
Monaco et Menton sur le Cap-Martin et au
bord de la mer, des coqohes nombreuses d’un
marbre blanc, salin , translucide sur les bords,
dur et susceptible de recevoir le plus beau poli ;
en observant cette espèce de marbre dont tout le
Cap-Martin est formé, mais qui est recouvert de
quelques pieds de terre végétale, où croissent de
très-beaux myrtes, je reconnus que sa formation
e'tait due à des madrépores exotiques dont les polypes
avaient vécu dans les memes places, et y
avaient construit leurs habitations respectives
en les établissant comme par couches , les unes
au-dessus des autres. Ce que j’avais pris d’abord
pour des stratifications diverses, dues à d’anciens
dépôts calcaires de la mer, n’était en quelque
sorte que des espèces de séparations on de solutions
de continuité, occasionées par de nouvelles
familles de madrépores qui élevaient leur habitation
étage par etage les unes au-dessus des autres,
à des époques déterminées.
Ce passage des madrépores a l’état de marbre
ne tient qu’au simple déplacement des molécules
spathiques que l’eau entraîne et dépose lentement
dans les petites cellules régulières, dont les
formes disparaissent a leur tour par suite des
mêmes déplacemens ; de manière qu a la longue
touts’efface, au point que si l’on n avait pas comme
ici le moyen d’observer et de suivre les passages
graduels de cette formation par les tiaces qui en
restent, on ne croirait jamais que ces especes de
bancs, où tous les caractères d organisation sont
effacés et n’offrent plus qu’un véritable marbre,
eussent jamais pu appartenir anciennement a de
véritables madrépores qui ont vécu là : et cependant
leurs analogues n’existent plus a présent que dans
des mers situées sous des latitudes équatoriales.
Je recueillis de beaux échantillons qui constatent
tous ces passages : beaucoup de célèbres naturalistes
les ont vus dans mes collections avec
le plus grand interet, êt chaque annee, dans le
cours de géologie que je fais au Muséum d Histoire
naturelle, je rappelle ces circonstances, et
je laisse la liberté à chacun d’observer les mêmes
morceaux.
Mais depuis lors j’ai trouvé le même fait répété
dans la ci-devant Lorraine, en Italie dans
le Vicentm et dans plusieurs autres lieux. Il faut
donc admettre un calcaire formé en place par
les madrépores qui, dans plusieurs circonstances,