details indispensables dans lesquels j’ai été obligé
d’entrer, en laveur de l’importance d’un sujet qui
tient à une des bases principales de la géologie.
En effet, puisqu’un grand et terrible evenement
dont il ne nous est pas donné de reconnaître les
causes, mais bien de voir les résultats dans la
formation des granits, effaça les types premiers
des matières diverses qui servirent de principes
constituans à cette roche composée, et non simple
et primitive, ainsi qu’on l’a dit mal à propos ;
il est évident que si nous distinguons ensuite des
restes de corps organisés dans les hautes montagnes
calcaires qui se sont formées après cette
grande époque, et se sont appuyées contre les granits
mêmes, il a fallu nécessairement que les animaux
marins aient été introduits dans l’Océan,
selon l’expression de Saussure, que j’emprunte ici
avec plaisir : les limites des faits sont alors bien positives
; il n’y a ni théorie ni hypothèse dans tout
cela. Nous abandonnons les limites des temps, elles
doivent être incommensurables. Il fallait donc bien
s’attacher à démontrer que ce calcaire élevé renferme
des restes de corps marins ; et lorsque nous
trouvons les chaînes de cet antique calcaire coupées
par de vastes excavations et de grandes ouvertures
, nous devons attribuer ces accidens à d’autres
révolutions : de même lorsque nous reconnaissons
beaucoup plus bas d’autre calcaire coquil-
licr, ou du calcaire madréporique, en place, d’un
âge moins ancien, il appartient alors à d’autres
périodes. Enfin, lorsque ces dernières chaînes sont
coupées à leur tour, et que des brèches et des
pouchngues formés de leurs débris se sont élevés
en collines, qui peut méconnaître encore d’autres
accidens désastreux qu’a éprouvés la terre que nous
habitons ?
La distinction entre les brèches et les poudingues
est indispensable en géologie , puisque ces
deux noms servent à désigner deux modifications
différentes. Les brèches sont formées par des frag-
mens anguleux plus ou moins irréguliers, plus
ou moins gros , de substances pierreuses qui
ont appartenu, avant d’être réduites à cet état, à
des bancs ou à des masses solides et préexistantes
qui constituaient des montagnes, mais que
des causes accidentelles ont attaqués, fracturés
et réduits en éclats. La conservation des angles
est un caractère très-prononcé, qui démontre que
ces brèches n’ont pas été exposées à de grands
déplacemens , ni à de longs mouvemens occa-
sione's par les mers.
Les poudingues, au contraire, étant formés
de corps pierreux toujours usés et arrondis par
le frottement, supposent nécessairement une