148 DES ROCHES GRANITIQUES,
pour oser entrer dans des routes si embarassées
et où. il était si facile de s’égarer, surtout si l’on
partait de cette ancienne erreur concernant la formation
des roches, celle deles considérer comme
tenant à autant de formations et d’époques différentes
qu’elles offraient de modifications dans la
disposition de leurs principes constitutifs, du dans
celle de leurs formes ou de leurs gisemens divers
(1).
Je n’ai certainement ni la prétention ni l’amour-
propre de croire que je sois en état de faire mieux
que les autres, je sens au contraire que plus j’ai (i)
(i) Ce sont, peut être, ces fausses routes dans lesquelles
ont été entraînés quelques savans recommandables d’ailleurs
par tant de titres, qui ont fait dire à un homme
qui s’agite dans tous les sens pour faire prédominer ses
opinions en frondant celle des autres, dans les points
même où il est le plus novice, qu i i ^ s t devenu presque
impossible de prononcer le mot de g éolog ie , sans
exciter le rire. En s’exprimant aussi inconsidérément au.
milieu d’une assemblée de vrais savans, ce censeur n’a
pas compris qu’il donnait par là la mesure exacte de son
talent, de son style et de,son urbanité, et qu’il lui étoit
impossible de diminuer en rien le mérite et l’utilité
des travaux géologiques des Buffon, des de Saussure,
des Dolomieu, des Delucs, des Patrins, des Laméthe-
rie, des Bertrand, etc. ; et chez les étrangers, des Huttons,
desKirwan, des Blumenback, et autres savans dont les
recherches constantes et le noble désintéressement n’onl
pu qu’honorer leur patrie.
acquis d’expérience par de fréquens voyages et de
longues recherches, plus j’ai la conviction que le
peu que je sais n’est rien en comparaison de ce
qui me resterait à apprendre; mais je marche ici
dans la route que les faits seuls m’ont tracée: elle
m’a paru la plus simple de toutes, et c’est par
cette raison, peut-être, qu’elle n’a pas été trouvée
digne d’être sondée dans ce sens, par ceux qui ont
cru que la nature, loin d’arriver à ses fins par les
lois les plus simples, n’y parvenait ordinairement
que par une suite de moyens très-compliqués.
J’ai pensé le contraire et j’ai cru que tout ce qui
s’écarte du simple tendrait à gêner ses opérations.
Mais pour me borner à l’objet qui nous occupe ,
je pars d’un point qui m’a paru capital, c’est de
regarder toutes les roches qui sont entièrement
dénuées de tous vestiges de corps organisés, c’est-
à-dire les granitiques, les porphyritiques et autres
roches de cette nature, non comme le résultat
d’autant de formations et de révolutions différentes
, mais comme appartenant toutes à un seul
et meme système général de formation, qui tient
a une des plus grandes modifications que la matière
ait éprouvées à la suite de quelque terrible
catastrophe, mais qui démontre en même temps
que cette matière existait auparavant sous des
modifications différentes.
On est en droit, sans doute, de me demander
sur quoi j’appuie une semblable opinion, c’est