du Felsberg, dans le pays de Darmstadt, à quatre
lieues de cette ville, non loin du hameau de
Reichenbach, que l’on peut observer un gisement
de quartz demi-transparent, dont la position,
la forme et l’étendue méritent l’attention
particulière des géologues. (1)
C’est sur le flanc méridional de la montagne
garnitique du Felsberg, à un quart de lieue tout
au plus du hameau dont il est fait mention ci-
dessus , en se dirigeant vers le haut de la
montagne, mais loin encore de son sommet,
qu’on aperçoit une espèce de grande muraille de
quartz , qui s’élève perpendiculairement et se
(1) SL l’on part de Manheim pour aller visiter la
montagne du Felsberg , remarquable par les grandes
masses d’un des plus beaux granits que les Romains aient
employés, et où l’on en trouve une grande colonne ébauchée
par eux, qui est encore en place , on se rend
à Bensem, gros bourg éloigné de six lieues de Manheim,
où l’on trouve un gîte passable. Le lendemain , on
prend la route de Reicheiibac, qui est peu fréquentée
(on peut s’y rendre à cheval dans une heure et demie);
on y prend un guide, et l’on monte à pied sur le Felsberg:
bientôt on trouve la muraille de quartz dont il est question
, qui est assise sur un plateau adossé contre la montagne.
Il faut de là se diriger sur ce qu’on appelle dans le
pays la mer des pierres : c’est un entassement immense de
blocs de granits, dont quelques-uns sont énormes, jetés
irrégulièrement les uns sur les autres , tantôt verticalement
et debout, tantôt horizontalement, ayant presque
montre à nu, comme si elle était sortie subitement
dune roche feuilletée granitoïde sur laquelle elle
repose : ce filon, entièrement dépouillé de la
gangue qui devait l’entourer autrefois , a quatorze
à quinze pieds de hauteur moyenne sur dix
pieds d’epaisseur environ , et occupe une longueur
de plus de quatre-vingts toises dans cette
partie.
Le quartz dont il est formé est d’une pâte
vitreuse, demi-transparente, très-brillante et très-
dure, mais colorée de place en place et d’une
manière irrégulière par des taches et des zones
de couleur d’un rouge qlair, qui n’altère point
sa transparence et qui tranche d’une manière
tous leurs angles abattus'; ils attestent un de ces grands et
prompts déplacemens des mers, qui peuvent seuls agiter
et transporter d’aussi énormes masses. Le sommet du
Felsberg est jonché de semblables blocs, qui, ayant pu
résister a tant de chocs, sont sains dans toutes leurs
parties, et se trouvent disposes de manière à être remués
et travaillés avec bien plus de facilité que s’il fallait les
tailler dans les bancs des carrières, où l’on n’a jamais la
certitude de les trouver aussi sains ni en aussi grandes
masses. Ce granit, a fond blanc avec des taches d’un noir
foncé, est dune belle pâte et reçoit un poli éclatant.
On le retrouve dans les monumens antiques à Rome ; il
existe encore en place au Felsberg, une colonne d’un seul
jet, qui a vingt-huit pieds neuf pouces de longueur, et
d ’une belle proportion.