l4o DES BOCHES GRANITIQUES, ’
en activité nous en fournissent la preuve; car la
plupart des laves sorties de ces antiques bouches
à feu, renferment des noyaux de granit, et ces
laves elles-mêmes appartiennent le plus souvent
à des roches de cette nature, modifiées par les
embrâsemens souterrains, et dont il est facile de
reconnaître encore les principes. Dolûmieu, dans
un de ces derniers écrits, avoit même considéré
les volcans comme existans à des profondeurs
si considérables, qu’il n’avait pas craint de les
placer au-dessous de la région des granits; mais
ce savant minéralogiste commettoit une erreur,
puisqu’on pouvoit lui démontrer facilement que
presque toutes les laves sont granitiques ou por-
phyri tiques.
Ce n’est que lorsqu’on a acquis une grande habitude
dans l’examen et dans l’étude suivie des
roches granitiques, et qu’on a observé attentivement
les différens modes de leur structure et de
leur gisement; ce n’est qu’après s’être familiarisé,
pour ainsi dire, avec toutes les espèces et toutes
les variétés connues de ce genre particulier de
pierre, qu’on est convaincu que le quartz , le
fe ld sp a th , le mica, Y hornblende et les autres
substances minérales qui ont concouru à la formation
des granits, ont été tenues en dissolution
dans un fluide d’autant plus énergique, qu’il porta
simultanément son action sur les élémens variés
de toutes ces substances diverses.
Ce fluide dut nécessairement permettre a tant
de molécules flottantes dans son sein, de contracter
des alliances, de produire des combinaisons
diverses, soumises au jeu de toutes les affinités
chimiques, et à l’action des forces physiques; et
il en résulta des agrégations variées, et des formes
cristallines d’autant plus régulières, que la
précipitation s’opéra avec plus de tranquillité ;
tandis que le contraire eut lieu toutes les fois que
les rapproehemens se manifestèrent dune manière
trop Tirompte et trop tumultueuse.
Ce phénomène, un des plus étonnans et des
plus remarquables dans les fastes de la nature, a
dû tenir à quelques grandes causes, puisqu à
cette époque tout fut tenu en dissolution, tout
fut modifié et changea de face. Mais le fond
de tant de matières devoit exister auparavant;
car, sans cela, sur quoi le fluide dissolvant qui etoit
aussi un corps lui-même, auroit-il pu porter son
action, et exercer les effets de sa puissance? Aucun
géologue n’ignore que les granits ne sont pas
des pierres simples, mais des pierres composées
; il falloit donc que les substances diverses
qui ont servi à leur formation, fussent nécessairement
préexistantes; ce sont-la des faits palpables,
des faits étrangers à toute hypothèse, et
qui ne seront révoqués en doute par aucun
minéralogiste ni par aucun géologue, qui auront
médité long-temps sur celte matière : donc les