Peut-on se refuser à une telle vérité , disent
hautement ceux qu’une croyance aussi vague accommode
, puisque ce calcaire limitrophe des
granits ne renferme jamais, ni coquille, ni le
moindre vestige de corps organisés ? Je ne me
suis certainement pas déguisé cette objection ; je
me plais meme à lui donner une nouvelle force»
en ajoutant que non-seulement le calcaire dont il
s’agit touche aux granits, mais qu’on le trouve
même quelquefois interposé entre les masses ou
les bancs, et même entre les couches feuilletées
de cette roche d’antique formation , et renfermant
comme elles des paillettes de mica ou des portions
d’hornblende laminaire.
Je n’ignore pas non plus que le feld-spath, qui
forme un des principes constituans des granits »
se trouve aussi quelquefois en grains, et meme
en cristaux , dans la pierre calcaire qui avoisine
ces roches d’ancienne formation ; l’analyse a son
tour nous fait voir quelques portions de chaux
unies ou combinées avec la plupart des fe ld -
spaths.
J’ajoute même que je ne suis point éloigné de
croire que ce calcaire a été tenu en dissolution
à la même époque de la formation des granits, et
dans le fluide qui servait d’intermède à leur cristallisation
plus ou moins tumultueuse, plus ou
moins régulière ; c’est dire en deux mots que je
considère ce calcaire comme contemporain des
granits, mais ayant existe sous un autre mode avant
l’époque où la nature, par des circonstances et
des moyens qu’il ne nous est pas donné desavoir,
du moins dans l’état actuel de nos connaissances,
réunit, mélangea, combina, et cristallisa simultanément
la terre quartzeuse, l’argile, les élémens
du mica, de l’hornblende, du feld - spath, et les
colora par le fer, en même temps qu’elle les unit
au calcaire.
Alors le calcaire, plus facile à dissoudre, se
précipita en spath, en marbre écailleux salin, et
forma des couches, des veines, des filons, là où il
se trouva en grande abondance., et donna naissance
à ce prétendu calcaire primitif, qui, par cela
même qu’il fut soumis à l’action d’un dissolvant,
adopta des formes cristallines qui durent effacer
toutes celles qu’il avait auparavant; car qui peut
affirmer que ce calcaire, quoique les traces de
son organisation antécédente aient disparu, n’a
pas eu la même origine que celui qui se forme
de nos jours, en quantité immense, dans le sein
des mers, à l’aide des êtres vivans que la nature
a doués de cette faculté en leur donnant les in&-
trumens propres à combiner les élémens qui constituent
la chaux, comme elle a donné à la canne
à sucre ceux qui servent à composer les principes
sucrés, qui n’existent certainement pas tout formés
dans les terres diverses où croît ce riche et utile
végétal.?