Mais ce qui paraît être la cause qu’on s’est arrête
après avoir franchi ce pas difficile, c’est que les
divisions minéralogiques employées pour distinguer
cette multitude de roches qui dérivent
O , , . r r
géologiquement d une même operation, ont ete
trop multipliées, et que le classificateur systématique
, qui ne voyoit les objets qu’un à un
dans le cabinet, sans avoir la moindre idée des
nuances et des transitions qui lient ces mêmes
objets dans la nature, avait établi d^’une part un
trop grand nombre de sections; de 1 autre, que
plusieurs des noms empruntés ou créés pour désigner
les roches qui devaient entrer dans ces sections
n’étaient propres qu’à induire en erreur.
Prenons pour exemple le granit schisteux.
Lorsqu’on l’eut examiné sur des échantillons isolés
, et qu’on eut reconnu que le feld-spatb, le
quartz, le mica , et quelquefois l’hornblende,
s’y trouvaient disposés en stratifications minces, de
manière que dans les places où le mica posé sur ses
faces planes était très-aboxjdant, la pierre se dé-
litoit, on donna à cette simple variété un nom
générique, celui de gneiss ^ qui fut créé et adopte
par les minéralogistes allemands, et on ne manqua
pas de la ranger, d’après sa disposition et
sa contexture, parmi les roches qu on appelle
de seconde formation. On en fit autant pour
les schistes, dit micacés, glimmers chiefer des
Allemands, et l’on attribua à trois variétés de
Cette roche, trois différentes formations (1). Les
porphyres, les roches trappéennes furent divisés
en porphyres primitifs, en trappe primitifs, secondaires
, tet tiaires, en porphyres et en trapps
de transition; on donna le nom de siénite k
une roche véritablement granitique et quelquefois
porphyritique, et qu’il ne fallait point tirer du
genre, etc.
.Toutes ces innovations, si fort en opposition
avec les observations faites d’après l’examen des
roches en place, n’auraient peut-être pas entraîné
un très-grand inconvénient, et se seraient
peu à peu améliorées, si elles n’avaient pas' retarde
les progrès de la géologie, en l’environnant
de confusion, d’incertitude et d’erreurs de faits
dans la nomenclature et les définitions, de maniéré
a rebuter la plupart de ceux qui auraient
voulu se livrer à cette partie philosophique de
l’histoire naturelle des révolutions de la terre.
Il ne faut pas douter que l’avancement de cette
science n’ait beaucoup souffert, par les motifs
dont je viens de tracer rapidement l’esquisse; car
il fallait être animé d’un amour ardent pour les
connaissances naturelles, et de la noble émut
lation de parvenir à la recherche de la vérité,
(i) Ces divers systèmes de formations ont été introduits
par des minéralogistes allemands, qui jouissent d'ailleurs
d'une réputation méritée.