disséminés sur tant de points de la mer du Sud,
relativement à la formation de cette grande quantité
de récifs et de bancs de madrépores qui les entourent
de toute p a r t, se manifeste de la même
manière, mais dans un genre bien plus grand encore,
autour d’une partie de la Nouvelle-Hollande et de
la terre de Diemen : or comme les points d’appui
où s’attachent ces madrépores, sont d’une étendue
0jj circonférence égalé au moins a celle de 1 Euiope
entière, il en résulte que les ouvriers étant proportionnés
à l’immensité de l’ouvrage, nous pouvons
contempler dans cet ensemble la puissance
de la nature, lorsque les circonstances concourent
à favoriser son immense fécondité, j’oserais
presque dire, son besoin de produire. C’est donc
essentiellement sous les latitudesou le soleil, riche
de lumière et de principes vivifians, a une marche
égale et régulière, qu’on trouve le grand foyer de
toutes les productions de la mer.
Il ne faut point s’étonner si de simples polypes,
dont rien ne contrarie l’existence et la multiplication
, peuvent prospérer à ce point dans une
mer dont la température leur est si convenable,
où tout leur est si propice. Ces insectes, quoique
les plus frêles et les plus délicats en apparence,
sont ceux dont l’organisation et les moyens de
reproduction sont les plus simples, et par conséquent
les plus parfaits. Tout concourt a leur
conservation et en meme temps a leur etonnante
multiplication : car la nature, d’une part,
les a doués de la faculté de se construire des demeures
fortes et solides qui les mettent à l’abri
des tempêtes et des attaques de leurs ennemis;
de l’autre, si quelque accident ou trop d’action
dans la force vitale sépare quelques parties de leur
corps, le tronc principal n’en souffre point ,j la partie
séparée devient bientôt un polype parfait, qui
suit à son tour le même cercle de reproduction.
D’apres de semblables moyens de régénération
qui multiplient autant les polypes, l’on conçoit que
leurs travaux consécutifs, qui augmentent comme
leur nombre, pour ainsi dire, à chaque instant,
doivent, avec le temps, donner naissance, non-
seulement à des îles, à des écueils, mais qu’ils
peuvent à la longue embarrasser le fond des
mers, les combler même, et agrandir par là l’étendue
de certains continens.
Ecoutons à se sujet un de nos meilleurs naturalistes
, qui a couru plus d’un danger au milieu
de ces rochers madréporiques de nouvelle formation.
« Ces récifs sont, comme on sait, l’ouvrage,
« des polypes. Le danger qu’ils présentent,
k dit Labillardière dans son Voyage à la
k recherche de la Peyrouse, est d’autant plus
« a craindre, qu’ils forment des rochers escarpés,
h couverts par les flots, et qui ne peuvent être
« aperçus qu'à de très-petites distances. Si le