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1 7 0 REPTILES OPHIDIENS.
mêmes les excréments des Pythons nourris depuis plusieurs
années dans la ménagerie du Muséiim , ainsi
que ceux d'une Couleuvre à collier, qui précédemment
, et depuis plus de trois semaines au moins , avait
avalé un mulot. Dans ce dernier cas , on reconnaissait
sur la masse allongée , mais réduite à la dixième partie
de la longueur de l'animal digéré, les longs poils
des moustaches qui , par leur direction et leur situation
, dénotaient la place qu'ils occupaient sur les bords
du museau. On distinguait encore le duvet des cartilages
de l'oreille , puis tous les poils , de couleur et de
longueur diverses, qui couvraient le dos, les flancs,
le ventre et la queue; les dents , les ongles dans leur
place respective. Sur une autre masse de ces résidus
provenant d'un Python, matière que nous avons fait
conserver, on voit au milieu d'un paquet de plumes
serrées, agglutinées par une sorte de mortier blanchâtre
, lesquelles provenaient d'une poule dévorée
depuis plus d'un mois , deux dents courbées que ce
Reptile avait sans doute cassées vers leur base, en voulant
les enfoncer dans ces plumes. Ces crochets sont là
couchés ; mais il n'en reste qu'une sorte d'étui ou le
moule extérieur correspondant à la couche d'émail, qui
seule a été conservée, la portion osseuse ayant été
digérée ; cependant cet émail est comme nacré et évidemment
translucide : il a été altéré par l'acte de la
digestion; mais le bec, les ongles et les plumes d'un
oiseau se retrouvent dans ces déjections.
L'accroissement des Ophidiens est assezlent, parce
que ces animaux vivent longtemps ; il est vrai que l'engourdissement
auquel ils sont sujets pendant une certaine
époque de leur existence semble suspendre les
phénomènes de la vie. On sait que certaines espèces
i>iUÏHrriON. DIGESTION. DEFECATION. 1
peuvent, avec le temps , atteindre la longueur prodigieuse
de 12 à 15 mètres : tel était le Boa dont parle
Adanson, dans son Voyage au Sénégal, page 152
et suivantes, qui probablement appartenait au genre
Python ; mais les récits des auteurs paraissent avoir
considérablement exagéré quand ils racontent que des
biches ou des cerfs entiers ont été avalés par des Serpents;
il est vrai qu'il y a dans le genre des cerfs de
très-petites espèces.
Nous pouvons présenter des détails curieux sur la
quantité de nourriture et les progrès du développement
successif des sept Serpents Pythons qui sont nés dans
la ménagerie des Reptiles du Muséum, et dont nous
avons constamment observé la croissance pendant
plus de vingt mois. Nous avons pu en même temps
tenir une note exacte du poids et de la nature des aliments
qu'on leur a vu avaler. Il est vrai que le gardien
de celte ménagerie les a soignés de manière à
faciliter , par des bains dans l'eau tiède , le travail de
leur mue, et en épiant le moment où chacun d'eux
pouvait prendre de la nourriture pour leur en oiîrir
en abondance ; car, lorsqu'ils avaient commencé à saisir
quelques animaux , ce gardien profitait de la circonstance
pour faire suivre dans leur gosier des morceaux
de chair de forme allongée qui se trouvaient
ainsi digérés; ce qui a pu déterminer un développement
plus considérable que celui qu'ils auraient acquis
dans l'état de nature par le besoin des mouvements
nécessaires pour la recherche de leur proie, et peutêtre
par la difficulté de se la procurer.
Ces Serpents, comme nous l'avons déjà dit en parlant
de leur mue, ont été indiqués par des numéros
d'ordre qui correspondent à ceux de leur naissance,
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