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1 0 8 REPTILES. OPHIDIENS. '
à des tubercules, à des verrues, à des plaques. Elles
ont leurs bords arrondis ou anguleux, et c^est sur elles
que se sont étendues et conformées toutes les parties
extérieures.
La couche moyenne, beaucoup plus mince, un peu 1
tenace et comme muqueuse, est celle dans laquelle
réside la matière colorante qui se voit à travers les
écailles.
La nature semble avoir fait varier les teintes et les
couleurs générales des Serpents suivant les moeurs et
les habitudes de ces Reptiles. En général elles sont grises
ou ternes chez les espèces qui restent habituellement
sur les sables, ou qui s'enfouissent dans des terreins
mobiles, comme chez celles qui se mettent en
embuscade sur les troncs ou les grosses branches des !
arbres ; tandis que ces couleurs sont d'un beau vert,
analogue à la teinte des feuilles et des jeunes pousses
des herbes , chez les Serpents qui grimpent dans les
buissons ou qui se balancent à l'extrémité des rameaux,
11 serait difficile d'exprimer toutes les modifications que
fournit l'étude générale des couleurs de leur peau,
Qu'on suppose tous les effets de la décomposition de
la lumière en commençant par le blanc et le noir le
plus pur, puis par le bleu , le jaune et le rouge en les
associant, les mélangeant, les dégradant pour trouver
toutes les nuances comme celles du vert, du violet avec
des teintes ternes ou brillantes plus ou moins foncées,
des reflets irisés ou métalliques modifiés par des taches,
des raies, des lignes droites, obliques, ondulées, transverses.
Voilà ce que nous offre la peau des Serpents.
Enfin la lame tout à fait extérieure, la surpeau ou
l'épiderme, forme une sorte de membrane mince et continue
, qui est appliquée comme un vernis flexible sur
ORGANES DES SENS. TOUCHER. PEAU. MUE. 109
Iles couches précédentes dont elle suit immédiatement
les contours. Cet épiderme épaissi, corné, quoique
^simulant des écailles, est une membrane continue ; elle
se détache en totalité et se renouvelle lorsqu'elle a été
trop désséchée. C'est une mue, ou un dépouillement
analogue à celui qu'on observe chez les Chenilles. Cette
opération se reproduit plusieurs fois dans une même
iinnée à la suite d'un état de souffrance pendant lequel
l'animal ne mange pas(l).
Nous avons recueilli, sur les circonstances qui
précèdent , qui accompagnent et suivent le changement
de peau, des observations curieuses faites
d'abord sur des Couleuvres lisses que nous élevions en
domesticité, puis sur les Serpents Pythons, tant sur
les adultes, que sur ceux que nous avons vu naître et
que nous avons observés depuis une année dans les divers
degrés de leur accroissement.
Ces observations sur la mue et le changement qui
s'opère dans la teinte de la peau ont été faites sur huit
individus et pendant une année entière. Les n"' indiquent
l'ordre dans lequel ces Serpents étaient sortis de
leur coque. On les a ainsi désignés pour tenir note de
leur poids à des époques fixes, de la quantité de nour-
'"riture qu'on leur a donnée et de leur accroissement en
longueur ; toutes ces circonstances seront relatées par
la suite.
(i)CeUe mue était connue dès anciens. On Irouve dans Virgile,
^îlneid., 11b. 11, vers 471.
Qualis uhi in lucem coluber etc.
Nunc positis novus exuviis, nitidusque juventa ,
Lubrica convûlvit sublato pectore terga, etc.
Et Linné en racontant ce fait, qu'il pensait n'avoir lieu qu'une .seule
fois dans l'année, y avait fait allusion dans ce jeu de mots déjà cité par
nous, tome I, page 710 : primo vere exeunte exumt exuvias.
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