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l 4 6 REPTILES OPHIDIENS.
j aune s , bilieux ; des convulsions, des crampes, des
douleurs dans la région du nombril et la mort.
Cependant les effets de la morsure du Serpent à sonnettes
ne sont pas toujours aussi délétères. Bosc a vu
plus de trente fois cette piqûre, quoique ayant été suivie
de très-graves accidents , ne point avoir déterminé la
mort.
M. le comte de Castelnau a communiqué à l'Académie
des sciences, dans la séance du 26 mars 1842, une note
que les comptes rendus ont reproduite, dans laquelle
après avoir donné quelques détails sur les moeurs des
Serpents de l'Amérique du Nord , il indique une méthode
de traitement pour la morsure du Crotale , dont
il nous a paru utile d'extraire les passages suivants.
« Les Crotales sont très-nombreux et se multiplient
à un point effrayant dans les lieux élevés, secs et rocailleux.
A la montagne de Casthill et dans les environs
du lac Georges, les habitants se réunissent pour y ftiire
des battues. Dans une seule expédition et en un seul
jour on détruisit trois ou quatre cents Serpents. »
L'auteur rapporte un procédé que l'on a appliqué avec
succès pour obtenir la guérison des animaux mordus
par un Crotale. Dès que l'animal est blessé , comme il
éprouve des convulsions qui deviennent de plus en
plus violentes et qui déterminent la mort très-promptement,
afin d'obvier à cette funeste terminaison et pour
la prévenir, on applique une forte ligature au-dessus
de la plaie. Il survient néanmoins une convulsion mais
moindre, en raison de ce qu'il n-'a pu passer dans l'économie
qu'une très-petite quantité de poison. Dès
que ce premier accident est passé , on lâche un peu le
lien pratiqué au-dessus de la piqûre. Par ce moyen
une petite portion du venin est absorbée de nouveau,
NUTRITION. DENTS VENIMEUSES . 1 / ^ 7
mais elle ne produit que de faibles convulsions. On
agit ainsi jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'accidents. L'animal
qui aurait infailliblement succombé si la totalité
du venin avait été absorbée à la fois, se trouve sauvé.
Il semble qu'en fractionnant ainsi la dose du poison, on
en atténue les effets ou la puissance délétère. M. de
Castelnau dit avoir été témoin d'expériences confirmalives
de ce procédé sur des animaux et avoir vu un
jeune homme guérir à l'aide de ce moyen. Il assure
aussi quela chair du Serpent à sonnettes est recherchée
dans ces contrées et qu'elle est servie sur la table des
])lus riches planteurs. Batram avait déjà raconté ce
fait ; ayant tué un de ces Serpents, le commandeur -fit
préparer par les cuisiniers du gouverneur le corps de
l'animal, qui fut servi au dîner (1).
On a fait beaucoup d'expériences sur l'action de ce
venin, Kussel à la côte de Coromandel, a constaté les
effets delà morsure produite par des espèces très-différentes
de Serpents venimeux. F O N T A N A en Italie, avec
le venin de la Vipère, a reconnu qu'un milligramme
de cette humeur introduit dans l'un des muscles chez
un moineau suffisait pour le tuer ; mais qu'il en fallait
six fois davantage pour faire périr un pigeon , et d'après
son calcul, 15 centigrammes ( 3 grains ) de cette
humeur seraient nécessaires pour faire mourir un
homme. Or, comme la vipère contient à peine dans
les vésicules à venin 10 centigrammes de cette humeur,
qui ne peut même en être exprimée que par
plusieurs morsures successives , il faudrait cinq ou six
morsures de Vipère pour occasionner la mort. Cepen-
( i ) Ba t r am. V o y a g e , t ome I I , c h a p . X , p a g e l o de la t r aduc t i on
française.
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