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7 4 REPTILES OPHIDIENS,
en rapport entre eux et avec le monde extérieur, à
l'aide de leurs sens, sont à peu près les mêmes que
chez les autres Reptiles.
Le Serpent étant dépourvu, au moins en apparence
, des instruments propres à diviser la proie qu'il
doit engloutir sans la mâcher , il a fallu que la victime
fût poursuivie, arrêtée , saisie et avalée tout entière,
comme en une seule bouchée. Ces circonstances ont
fait attribuer à ces Reptiles, des facultés toutes spéciales.
Tantôt une extrême et subite agilité, une flexibilité,
une souplesse, une rapidité excessives dans les
mouvements sont accordées au Serpent pour qu'il
puisse se mettre à la piste de l'animal que son avidité
convoite, afin de l'atteindre dans sa fuite; tantôt et
plus souvent, déployant une force de constriction prodigieuse
et la puissance musculaire la plus active , le
Serpent s'attaque à des animaux dont le volume excède
celui de son propre corps. Il s'élance sur eux , les enveloppe
, les étreint, les étouffe en les comprimant et
en brisant leurs os entre les replis tortueux de ses nombreuses
circonvolutions , quoiqu'ils aient souvent un
diamètre qui dépasse celui de sa gueule, qu'il élargit
à volonté , et dans laquelle il parvient cependant à les
faire pénétrer , après avoir écrasé leurs chairs dans la
peau qui les recouvrait.
D'autres espèces, moins agiles ou moins robustes,
exercent une fascination, une puissance qu'on a regardée
comme magnétique ou surnaturelle, en inspirant
à la proie qu'ils épient, une sorte de stupeur, de terreur
instinctives qui annulent et paralysent les mouvements
et les efforts de l'animal, qui voudrait en vain
se soustraire et échapper au sort funeste , à la fatale
destinée qui l'attend. Tel nous voyoltis le chien d'arrêt
ORGANES DU MOUVEMENT. y 5
agir à distance , et par son seul regard, sur le gibier
qu'il a découvert : celui-ci n'ose se déplacer pour s'enfuir
, de crainte de déceler sa présence par le mouvement;
il paraît alors arrêté par un pouvoir magique
qui suspend toutes ses facultés ; il lui semble impossible
de se soustraire à un danger aussi imminent; il
cède à ce tourment qui le désespère , et cependant si
les forces lui manquent, il succombe : il est dévoré.
Il est quelques autres genres d'Ophidiens qui, après
avoir supporté de très-longues abstinences, et lorsqu'ils
éprouvent le besoin impérieux de se nourrir , sont tout
à coup excités par une ardeur impétueuse de courage
et d'énergie insolites. Ils deviennent furieux à la vue
de l'animal dont ils sentent la nécessité de s'emparer.
Al'improviste, et avec la rapidité d'une flèche, ils lancent
sur cette proie une gueule béante , au devant de
laquelle sont redressées les pointes aiguës de quelques
dents allongées et courbées en crochets , dans l'épaisseur
desquelles est pratiqué un canal et une rainure
par lesquelles suinte et pénètre une humeur venimeuse
qui s'introduit dans les chairs. C'est un poison actif,
sécrété d'avance et mis en réserve dans une vésicule
dont la nature les a munis dans sa prévoyance infinie.
En pénétrant au-dessous de la peau , ces dards empoisonnés
y déposent une petite quantité de cette humeur
délétère qui , bientôt absorbée, ne tarde pas à produire
divers effets funestes, soit en paralysant subitement les
mouvements de l'animal blessé par cette simple piqûre
, soit en produisant chez lui un sommeil léthargique
, et peut-être heureusement, en le soustrayant
aussi à la douleur parla privation de la sensibilité;
mais dans tous les cas en le mettant dans l'impuissance
d'échapper à la mort, et d'éviter une destruction de