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2 0 CLASSlFrCATION DES OPHIDIENS•
» (les armes parLiciilières et horribles; c'est un poison
» exécrable, variable suivant les espèces, et le plus
» venimeux parmi tous les poisons {pessimorumpes-
» simo). Ce sont des dards semblables à des dents,
» placés au devant de la mâchoire supérieure , que
» l'animal peut, à volonté, redresser et cacher; ils
» sont situés sur une vésicule remplie d'une humeur
» qui s'introduit dans le sang de la victime par la pi-
» qùre; c'est seulement alors qu'elle produit ses terri-
» bles effets , car autrement elle n'a pas d'action. C'est
» ainsi que Rédi a prouvé la justesse de ce dire de Ca-
» ton : le venin du Serpent est dans sa morsure ; c'est
» par sa dent qu'il menace de la mort, qui n'arrive pas
» lorsque l'humeur est avalée (1). Les Serpents ayant
» leurs mâchoires très-dilatables , libres dans leurs ar-
» ticulations, et l'oesophage très-large, peuvent avaler,
» sans la mâcher, une proie deux ou trois fois plus
» grosse que leur cou. Leurs couleurs varient suivant
» les saisons, l'âge, le genre de vie ; elles viennent
» aussi à changer par l'action des liqueurs conserva-
» trices , et le plus souvent elles disparaissent et sont
- » tout autres après la mort. Ces Reptiles rampent par
» ondulations , à l'aide des plaques ventrales ; ils ont
» des glandes fétides ; au premier printemps, au
» moins chez nous, ils changent de peau ; ils s'en-
» gourdissent pendant l'hiver, leur croissance indé-
» finie a lieu pendant l'été : ils ont une langue étroite,
» fourchue , filiforme , etc., etc. »
Voici les caractères que Linné assigne aux Serpents.
La respiration pulmonaire, commençant par la
(1) Hoec sunt catonia verba : Hoec morsu virus habent et fatum
dente minantur-pocula morte carent.
AUTEURS. LINNÉ, KLEIN.
bouche. Corps arrondi, sans cou, se mouvant par
ondulations; mâchoires dilatables, non articulées,
c'est-à-dire non soudées par symphyse ; point de
( pattes, ni nageoires, ni oreilles externes.
Les genres indiqués sont au nombre de six ; mais
pour nous aujourd'hui il n'en reste que trois dans
s cet ordre, car l'auteur y rangeait les Orvets (yïnguis),
les Amphisbènes et les Cécilies. Les trois autres sont
les Crotales , les Boas et les Couleuvres.
1. CROTALE. Plaques abdominales, des plaques et
des écailles sous la queue ; des grelots terminant la
queue.
2. BOA. Des plaques entières sous le ventre et
sous la queue; pas de grelots.
3. COULEUVRE. Plaques sous le ventre , écailles sous
la queue.
Ce système a malheureusement servi trop longtemps
de guide à la plupart des naturalistes qui ont
écrit depuis sur les Serpents; il était établi sur des
considérations de parties extérieures peu importantes,
ainsi qu'on l'a reconnu parles erreurs qu'il a
; produites ou fait commettre ; c'est ce que nous aurons
y occasion de prouver en continuant nos études. Le
nombre et la forme des plaques du ventre et de la
queue ne peuvent pas servir à la détermination des
espèces, parce qu'il y a trop de variations dans ces
parties.
Déjà en 1755, KLEIN, qui semblait s'être attaché à
combattre les vues de Linné et à les critiquer (1), a
présenté, dans son livre intitulé: Tentamen herpe-
J tologioe^ une autre classification d'après la configura-
•mV.
I (0 Voyez tome I de cette Erpétologie, page 238.