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2 0 8 REPTILES OPHIDIENS.
Ces oeufs et leur mère étaient entretenus à une température
assez élevée variable de 25 à 30° centigrades,
à laquelle ils restèrent exposés à peu près l'espace de
soixante jours, pendant lesquels la mère ne prit aucune
nourriture, quoiqu'on lui en eût offert. Sur
quinze de ces oeufs , qui étaient presque tous égaux
en poids et en grosseur, huit seulement donnèrent
issue, le 3juillet, à de petits Serpents dont la longueur
totale était pour chacun d'un demi-mètre environ
(0,52), mais seize jours après, quelques-uns, sans
avoir pris de nourriture, avaient atteint la taille de
0'",80. On examina le contenu des sept autres oeufs, et
l'on trouva dans leur coque des embryons bien formés,
et dont le développement, plus ou moins avancé, dénotait
qu'ils avaient dû périr à des époques diverses.
Le gardien de la ménagerie nous a remis la note
du nombre et de la date précise des changements de
peau ou depiderme qui ont eu lieu chez ces petits
Boas. Les premières mues eurent lieu du 13 au 18
juillet, et depuis cette époque jusqu'au 18 décembre,
la plupart ont subi cinq de ces dépouillements , sorte
de travail d'organisation qui les rend moins actifs
et ternit leur peau; mais après cette mue, l'animal
reprenant toute sa vivacité et son appétence pour la
nourriture, est alors très-remarquable pour ses couleurs.
On a tenu également un compte très-détaillé du
poids qu'avait acquis chacun de ces petits Serpents que
l'on a désignés et constamment suivis chacun sous un
numéro d'ordre qui est à peu près celui de l'heure de
sa naissance, ou du moment où il sortit de sa coque.
C'est ainsi qu'on les a pesésconsécutivement, à la date
de certains jours et avant de leur donner des alimenls
GÉNÉRATION. MONSTRUOSITÉS. 20 9
de diverses natures. C'était d'abord de petits moineaux,
puis on y ajoutait quelques lambeaux de
chair ou de muscles de boeuf, et enfin de petits lapins
dont on notait exactement le poids.
A certains jours désignés , après les avoir pesés, et
mis dans le bain, on a pu constater à leur sortie de cette
immersion , qui durait souvent une demi-heure , combien
d'eau ils avaient absorbé soit en buvant, soit en
laissant humecter leurs téguments, circonstance qui
a toujours paru nécessaire pour faciliter le dépouillement
de leur épiderme. Cette surpeau , très-flexible et
d'un seul morceau , a été également conservée et numérotée
, de sorte que ces dépouilles sont des témoignages
écrits de leur croissance comparée , car la différence
des dimensions est énorme entre les individus,
et tient évidemment à la quantité très-différente des
aliments que chacun d'eux a ingérés. Le nombre de ces
repas et le poids des aliments a été inscrit pour un
même intervalle de temps.
Nous avons réduit en tableau et résumé ces diverses
annotations (1).
Des monstruosités chez les Serpents.. Plusieurs fois,
dans le cours de cet ouvrage (2), nous avons eu occasion
de dire que les oeufs des Reptiles renfermaient quelquefois
deux germes sous une même enveloppe et que
ces embryons, lorsqu'ils venaient à se souder, présentaient
des anomalies bizarres, telles que des membres
surnuméraires et souvent même des parties du tronc
comme doublées. L'ordre des Serpents est l'un de ceux
dans lequel ces sortes de conjonctions adhésives con-
(1) Consultez sur tous ces points le tableau que nous avons fait
insc-rera la page 172 de ce sixième volume.
(2) Tome I , page 222, et tome V, page 34.
REPTILES, TOME VI.
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