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REPTILES OPHIDIENS.
Lucain (1) des passaj^es qui confirment ce que les
belles expériences de Rédi et de Charas ont confirmé.
Les eiFets du poison diffèrent selon la nature des
symptômes morbides qui se manifestent et par l'espace
de temps qui s'écoule avant que son action soit produite.
Dans quelques cas l'animal blessé tombe tout à coup
dans une sorte d'insensibilité ou de sommeil léthargique
; chez d'autres , il survient des bémorrhagies
mortelles par le nez, la bouche et par toutes les ouvertures
naturelles. On a observé que quelques espèces de
Serpents produisent dans la région où leur poison a
été inoculé des eiîets successifs d'engourdissement, de
lividité, de gangrène; le mal s'élend de proche en
proche et semble éteindre la vitalité en faisant cesser
les mouvements du coeur et en amenant bientôt le froid
de la mort et même la décomposition putride.
Lucain, dans son poëme sur la guerre de Pharsale,
livreIX, vers 737, peint ainsi les horribles souiïrances
qu'il suppose avoir été produites chez un jeune homme
piqué ou mordu par un dipsas, espèce de Serpent sur
lequel il avait posé le pied en marchant.
« Torta caput retro dipsas calcata momordit.
» Vix dolor, aut sensus dentis fuit :
» Ecce subit virus taciturn , carpitque medullas
» Ignis edax, caliddque incendit viscera tahe.
».... et in sicco linguam torrere palnto
» Coepit. Defessos iret qui sudor in artus
i,: » Non fuit, etc., etc.
Ainsi Laurenti, en parlant de la morsure de la Vipère
sur de petits mammifères ou des oiseaux , indique
(l) Lucain, Phars., g, vers. 6i4-
Morsu virus habent et fatum dente minantur.
Pocula morte carent.
NUTRITION. DENTS. VENIN. l/ \ 5
la série des phénomènes suivants : douleur aiguë, respiration
difficile, tendance à l'expectoration ou vomissement
d'une mucosité sanguinolente, gonflement,
chaleur rougeur, et quelquefois sphacèle du point où
la blessure a eu lieu; mort entre cinq ou dix minutes.
Bosc, qui a observé la piqûre du Crotale, dit qu'au
moment même elle ne paraît pas produire de douleur,
mais qu'après un intervalle de trois secondes, il y a enflure
et élancement au lieu piqué. La bouche se sèche,
s'enflamme , il y a soif, la langue se gonfle et sort de
la bouche. La mort arrive comme par strangulation et
la blessure paraît se gangréner.
Sir Évérard Home et M. Pihorel ont eu aussi occasion
de suivre les effets de la morsure d'un Serpent à
sonnettes : ce dernier a communiqué à l'Académie des
sciences une observation très-détaillée dont voici l'analyse
: Un Anglais arrive à Rouen le 8 février 1827 ;
il rapportait de Londres une ménagerie d'animaux
vivants parmi lesquels se trouvaient trois Serpents à
sonnettes ; il faisait très-froid. Ces Reptiles étaient
engourdis; il reconnut que l'un était mort; mais en
voulant faire réchauffer les autres, il fut piqué à la
main par l'un d'eux. Les accidents se développèrent
avec une excessive rapidité. Une douleur vive et déchirante
se fit sentir dans le lieu même de la blessure
qui devint bientôt le siège d'un gonflement inflammatoire
si intense, qu'on y reconnut la tendance à la gangrène
, puisqu'il s'y éleva des phlyctènes et des taches
livides. Le blessé éprouva des nausées , delà faiblesse,
des vertiges, des syncopes répétées, la plus grande
gêne de la respiration, des éblouissements, des troubles
intellectuels, puis survinrent des vomissements
REPTILES, TOME VI. lO
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