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1 0 6 REPTILES. OPHIDIENS.
stamment humide, est plutôt un instrument propre
au tact, à Faction de laper et à d'autres fonctions,
qu'à percevoir la nature des liquides. Ces animaux ne
mâchent jamais leurs aliments, qui ne font que traverser
la bouche , en conservant leurs formes solides;
car il n'y a, comme on le sait, de saveurs que dans les
matières en solution. Cependant la langue des Serpents
est très-remarquable ; quoique lisse et plate en
dessus , elle oiïre quelquefois de petites franges ou des
papilles sur les côtés. Malgré son étroitesse et sa longueur,
elle est singulièrement protractile et retractile,
Reçue dans une gaîne ou fourreau, au devant de l'eu,
verture de la glotte , elle en sort continuellement, et
quand elle est ainsi protractée ou portée hors de la
bouche, ses pointes s'écartent et se mettent rapidement
en vibration ; ce qui fait croire au vulgaire quel
cette langue est une sorte de dard que quelques ignorants
même font en sorte de couper, pensant ainsi
avoir privé le Serpent de l'instrument qui portait lei
venin. Car, bien loin d'avoir la forme d'un fer de flèche,
ayant une pointe unique en avant et deux en arrière,
comme la représentent les peintres peu observateurs,
elle est divisée à son extrémité antérieure en deuî
pointes ou filets grêles' et flexibles tout à fait charnus,
Cette langue a les plus grands rapports dans sa structure
avec celle des Varans , parmi les Sauriens. Elle
est habituellement portée et lancée par l'animal hors
de la bouche, et elle y peut rentrer sans que les mâchoires
aient besoin de s'écarter , parce qu'en général,
il existe UQe échancrure à l'écaillé située sous le milieu
du museau à la mandibule.
Tact. Il est évident que le toucher actif est très-peu
développé chez les Serpents : comme ils n'ont pas de
ORGANES DES SENS. TOUCHER. PEAU. 10 7
iinembres articulés , et qu'ils ne peuvent pas saisir les
iobjets pour en bien apprécier l'étendue , la solidité , et
Isurtout la température, on conçoit que cette dernière
^sensation est rarement éprouvée par ces Reptiles , qui
Dnt généralement le corps protégé par un épiderme sec
!et corné , et en outre , parce que leur chaleur est à peu
près la même que celle des substances sur lesquelles
ils reposent ou s'appuient. Cependant cette peau est
sensible et son organisation intime , ainsi que celle des
plaques qui la recouvrent et qui affectent des formes
toutes particulières dans les diverses régions qu'elles
recouvrent, rend leur examen fort important pour le
zoologiste qui a dù les étudier avec soin, car il en a
souvent emprunté des caractères naturels.
La peau des Serpents est composée de trois couches
principales , la plus profonde est le derme ; c'est la plus
solide et la plus épaisse ; elle est en grande partie
fibreuse etaponévrotique. Son tissu est fort extensible
et élastique , surtout dans la région du tronc pour se
prêter aux dilatations qu'exige le développement du
ventre dans l'acte de l'inspiration et surtout dans celui
de la déglutition, ces animaux pouvant introduire
dans leur tr.^ e intestinal une proie qui par ses dimensions
excède beaucoup et jusqu'à quatre ou cinq fois
celle qu'avait leur ventre dans l'état de vacuité. Par sa
face interne ce derme est toujours intimément adhérent
aux muscles, qui pour la plupart semblent même y
fixer leurs attaches ou leurs insertions. En dehors cette
membrane fibreuse est granulée ; elle se divise par
compartiments déformés diverses, mais correspondantes
à celles des écailles quise sontmoulées sur elles.
Celles-ci en effet sont tantôt lisses ou carénées et
superposées à la manière des tuiles ; tantôt semblables
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