6 DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTERES GÉNÉRAUX.
gaeur, ou conservant encore quelques flexuosités latérales
; tantôt le tronc , roulé en cercle sur lui-même,
formant un disque au centre duquel se trouvent les
deux extrémités superposées, la tête au-dessus de la
queue. Là , plongeant sous les eaux de la mer, des torrents,
des rivières et des petits ruisseaux, les Serpents
épient les poissons et les autres animaux qu'ils saisissent
au passage. Ici , d'autres espèces , qui vivent habituellement
sur les arbres , enveloppent et serrent
fortement dans leurs replis tortueux les branches sous
le feuillage desquelles elles trouvent un abri et une
retraite cachée qui devient un piège perfide par la confiance
de leurs victimes trompées ainsi par leur constante
et permanente immobilité.
Enfin , pour indiquer les divers modes de locomotion
dont sont doués les Ophidiens , nous dirons que
la plupart rampent^ glissent, s'enroulent, s'entortillent
en tous sens , s'accrochent , se suspendent, se balancent,
grimpent, se dressent en partie sur euxmêmes,
s'élèvent presque verticalement, s'élancent,
sautent, bondissent, se débandent comme un ressort;
que quelques-uns nagent à la surface, au milieu et au
fond des eaux ; que d'autres s'enfouissent sous le sable
et pénètrent vivement et sans bruit par les plus petits
orifices , en diminuant ou en rétrécissant à volonté le
diamètre des diverses parties de leur corps.
12" Généralement peu sensibles , mais surtout impressionnables
par le froid et la chaleur, les Serpents
manifestent la plus grande irritabilité musculaire. Avec
un encéphale peu volumineux et des nerfs cérébraux
fort exigus ; leur moelle épinière , énorme par sa longueur,
fournit des nerfs vertébraux excessivement
nombreux. Quoique leurs quatre sens, qui ont leur
DES REPTILES OPHIDIENS. CARACTERES GÉNÉRAUX. ^
siège à la tête , l'odorat, la vue, l'ouïe et le goût soient
peu développés , ces Reptiles semblent cependant
exercer une sorte de charme ou de fascination sur les
animaux dont ils veulent se saisir, en leur inspirant
une stupeur, une terreur instinctive.
13° Gomme les Serpents ne peuvent ni diviser, ni
mâcher leur proie , ils sont obligés de la saisir et de la
retenir accrochée sur leurs dents aiguës et courbées pour
l'empêcher de rétrograder, et finissent par l'avaler ainsi
d'une seule pièce, en faisant élargir ou dilater successivement
toutes les régions de la tête , de la gorge et
du ventre , dont les diamètres intérieurs ne sont pas
calibrés. Quelques genres sont armés de dents perforées
, creusées ou canaliculées , au moyen desquelles
ils inoculent une humeur venimeuse, et cependant
leur victime blessée et empoisonnée peut impunément
servir à leur nourriture.
14" La respiration des Ophidiens s'opère par une
sorte d'inspiration passive , lente et prolongée , due
mécaniquement à la mobilité de leurs côtes , qui peuvent
se mouvoir de devant en arrière , et transversalement
pour s'éloigner les unes des autres , sur la ligne
médiane inférieure. Leur expiration est également
lente , mais active ; produite par la contraction successive
des muscles de toutes les régions du ventre qui
compriment un long et vaste poumon dont l'air, expulsé
eu sortan t par la glotte, produi t un souffle pl us o:i moins
rapide ou b ruyant , souvent très-faible, rarement sonore
et aigu comme le son du sifflet ou de la flûte. En
général, l'activité de la vie et des mouvements du
Serpent est en rapport avec la lenteur ou la rapidité de
la respiration que l'animal peut ralentir ou accélérer à
volonté.
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