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g 6 REPTILES OPHIDIENS,
lourdes que le liquide au fond duquel elles se blotissent
et se tiennent immobiles, en embuscade dans le
courant des eaux des torrents et des petites rivières,
afin d'y saisir les poissons et les autres animaux aquatiques
dont elles se nourrissent et qu elles viennent
ensuite avaler en se plaçant à sec sur le rivage. Il est
presumable que dans cette circonstance, et pour tenir
son corps ainsi submergé, le Serpenta diminué son
volume en expulsant de son poumon l'air qu'il contenait
en trop et en y laissant seulement la quantité qui
pouvait subvenir aux besoins de sa respiration.
IL DES ORGANES DE LA SENSIBILITE.
La faculté de sentir, celle de percevoir Taction ou
l'impression produites par les corps extérieurs, est
fort peu développée dans les Serpents, comme dans
tous les autres Reptiles. Cet attribut remarquable de
la vie animale peut même être suspendu chez eux pendant
un temps souvent fort long, au moins en apparence,
ainsi que cela arrive l'hiver dans nos climats,
car alors nous trouvons ces animaux dans un état de
léthargie et d'engourdissement absolu , dont on les tire
par l'eiFet de la chaleur. Cependant les Ophidiens sont
doués d'une irritabilité musculaire véritablement étonnante
par son énergie et sa persistance.
Leur coeur se contracte et palpite longtemps encore
après qu'il a été isolé ou séparé du corps. Leurs mâchoires
s'abaissent, s'avancent, s'écartent, se rapprochent
, lors même que la tête ne tient plus au tronc.
Privés de la faculté ou des moyens de respirer, après
avoir été enveloppés de plâtre, plongés dans le mercure
ou placés sous la cloche vide de la machine pneumatique
pendant des journées entières, on en a vu, dans
ORGANES DE LA SENSIBILITÉ.
quelques expériences, reprendre peu à jjeu l'exercice
de leurs fonctions et chercher à se soustraire par la
fuite à de nouveaux dangers. Dépouillé de sa peau et
de ses viscères principaux , un Serpent écorché depuis
plusieurs jours et dont le tronc, suspendu à une branche
d'arbre, avait été coupé par tronçons, manifestait
encore, dans chacune de ces parties isolées , des
I mouvements évidents, quand on excitait la contractilité
de ses muscles. Ces observations ont porté à croire
que c'est moins au cerveau qu'aux nerfs provenant de
la moelle épinière , qu'on doit attribuer la persistance
de la sensibilité apparente, ou plutôt de l'irritabilité
musculaire chez les Ophidiens ; car il est probable que
la première faculté , celle de la conscience de leur existence
, ne s'exerce plus quand la tête est séparée du
corps.
Nous avons eu déjà occasion d'énoncer, en parlant
de l'excessive longueur de l'échiné des Serpents , et en
;|particulier du diamètre de son canal vertébral, com-
I bien devaient être développés leur moëlle épinière et
îles nerfs qui en proviennent, surtout si on les compare
j au peu de volume de leur cerveau, dont on peut juger
par l'élroitesse de la portion de la boîte osseuse qui
renferme cet organe. C'est en effet l'une des particularités
des Serpents d'avoir le crâne si petit, qu'il n'occupe
guère que le quart du reste de la tête, pour le
I volume et la largeur, parce que les os qui composent
^ la face et les mâchoires sont, pour la plus grande
j partie, destinés à l'acte de la préhension des aliments
I et à la protection ou au réceptacle des principaux ori
ganes des sens.
Ce crâne, dont les os sont très-solides et résistants ,
quoique ses parois soient minces et parce qu'elles
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