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9® REPTILES OPHIDIENS,
tiennent et font mouvoir sur une autre portion de leur
propre corps. Quelques-uns restent immobiles et en
embuscade sur les arbres , ayant leurs longs replis entrelacés
sur les branches auxquelles ils s'accrochent et
se suspendent, en balançant leur masse pour la projeter
subitement à de grandes distances , comme par
un mouvement de fronde. D'autres fouissent la terre
ou s'insinuent dans des galeries souterraines, afin d'y
trouver un refuge ou pour y chercher une proie dans
les habitants qui les ont creusées. Il en est même qui
nagent et se soutiennent à la superficie des eaux ou en
plongeant dans leur profondeur ; car c'est là seulement
qu'ils épient et poursuivent les victimes qu'ils doivent
saisir vivantes et avaler d'une seule bouchée ou
tout d'une fois, sans les diviser.
Le ramper (1) est le mode de progression le plus
général chez les Serpents ; cet acte est produit par une
suite de contractions successives, communiquées à
leur longue échine parles muscles nombreux qui s'insèrent
aux vertèbres et aux côtes. Pour bien comprendre
comment cette action ou la reptation s'opère, il
faut supposer que l'animal étant stationnaire, ou ayant
fait une pause momentanée, est arrêté par une surface
plus ou moins résistante sur laquelle il rencontre un
point d appui. Le plus ordinairement c'est sur le ventre
ou sur la partie inférieure du corps, qu'il se trouve
appliqué (2). Il soulève d'abord la tranche postérieure
et mobile d'une ou plusieurs lames cornées solides, dont
(1) Le Créateur dit au Serpent dans la Genèse , chap. 3, verset 14 ;
Quia fecisti hoc, maledictus es ínter omnia animalia et super ventrem
tuum gradieris.
(2 ) Coluber nodosa gramine tectus ,
(Centre cubât flexo semper collectas in orhem. Coidmelie.
MOUVEMENTS GÉNÉRAUX. RAMPER. g3
l'abdomen et la queue sont garnis , de manière à faire
avancer les plaques situées en avant, sur lesquelles
alors il semble glisser , puis successivement sur toutes
celles qui précèdent ; car ces plaques agissent à l'aide
des côtes qui s'y insèrent, de telle sorte qu'elles se
meuvent comme autant de pattes qui correspondraient
à celles que nous voyons sous le corps des Iules et des
autres insectes myriapodes. Ces mouvements ont lieu
en même temps et de la même manière : ils se suivent
régulièrement, se répétant dans un ordre admirable
et successif sous toute la longueur de la région inférieure
du corps ; on conçoit ainsi le déplacement direct
imprimé à la masse qui se trouve nécessairement
poussée d'arrière en avant, de telle sorte que la tête
est portée plus loin et que la queue suit à peu près la
même direction. Cependant cette progression s'opère,
dans la plupart des cas , en même temps sur les parties
latérales du corps, par une suite d'ondulations ou
de sinuosités qui fournissent au Serpent des points
d'appui sur les objets et les matières qui lui offrent
quelque résistance à droite ou à gauche. On le voit
alors courber régulièrement son échine suivant sa longueur
pour y produire des lignes sinueuses et arquées
qui s'eifacent successivement, puis se forment de nouveau
et se reproduisent autant de fois que l'obstacle
rencontré peut continuer d'offrir de la résistance à la
puissance qui le presse. C'est la manière de se mouvoir
que nous voyons souvent chez les Anguilles et chez
quelques Sauriens à corps très-allongé et sans pattes,
comme les Orvets ; aussi désigne-t-on ce mode de translation
, quand il a lieu chez ces animaux, en disant
qu'ils serpentent : tel e,st en effet le mécanisme du ramperaent
ou de la reptation.
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