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1 9 4 RE P T I L E S OPHIDIENS,
dans l'intérieur du cloaque ; c'est ce tuyau qui s'allonge
, car il n'y a pas de vésicules séminales ou de
réservoir d'attente pour la semence.
Chez les femelles qui contiennent les rudiments des
germes, les ovaires occupent à peu près les mêmes régions
que les testicules ; les granules, diversement
colorés, sont disposés par bandes, et ne sont pas agglomérés
en masse arrondie. Dans l'état de non-imprégnation,
on trouve les oviductes tellement réduits
qu'ils ressemblent à de petits ligaments tortueux,
plissés sur eux-mêmes, de sorte qu'on les prendrait
pour des appendices du cloaque auquel ils sont adhérents
; mais lorsque la fécondation s'est opérée, ces
mêmes canaux sont excessivement développés. Ils renferment
les oeufs rangés à la file les uns des autres,
comme les noeuds ou les gros grains d'un chapelet ou
d'un collier. Chacun de ces oeufs forme une sorte de
gâteau arrondi, un peu plat, ordinairement enveloppé
d'une membrane solide, mais flexible, dans laquelle
on distingue à la vue simple , et où l'on peut reconnaître
par le toucher , quelques granulations calcaires.
Levitellus que ces oeufs contiennent est le plus souvent
d'un jaune foncé , safrané ou rougeâtre : il y a peu de
matière albumineuse et celle-ci disparaît même tout à
fait quand le petit Serpent s'y est développé en absorbant
en même temps le vitellus par l'ombilic et lorsqu'il
est devenu bien mouvant. Ces oeufs sont pondus à peu
près dans le même ordre qu'ils occupaient dans le conduit
des oviductes. Les animaux qu'ils renferment
éclosent, suivant les espèces et la température , à des
époques variables, en déchirant la coque qui les enveloppait.
Chez un assez grand, nombre d'espèces , l'éclosion
a lieu dans l'intérieur du corps de la mère. Nous
avons peine à croire que des oeufs à coquille calcaire,
GÉNÉRATION.
qu'on nous a fait voir comme pondus par une Couleuvre
qui occupait la même cage, en provenaient réellement
; cependant on n'avait pas d'intérêt à nous tromper.
Comme c'était une Couleuvre à collier que nous
observions, et que nous avons vu des oeufs de la même
espèce , nous avons été loin d'être convaincus de l'assertion
positive qui nous était donnée. Nous avons
trouvé nous-mêmes des oeufs de Serpents aux environs
de Pans : ceux-là étaient mous, retenus par une glaire
desséchée et flexible, ils ressemblaient à ces concrétions
albumineuses que pondent quelquefois les vieux
coqs et les vieilles poules , de sorte que les gens de la
campagne sont imbus du préjugé que ces prétendus
oeufs produisent des serpents (1).
M. Herholdt (2) a communiqué à l'Académie des
sciences-de Copenhague un mémoire sur la génération
des Serpents, sur le développement de leurs oeufs
et sur leur édosion ; nous croyons devoir en donner
ICI une courte analyse, parce qu'elle nous procurera
le moyen de présenter quelques observations curieuses
relativement à des points de physiologie sur lesquels
la science est encore incertaine.
Après avoir décrit la forme et l'apparence de ce
oeufs, provenant dans ce cas d'une Couleuvre à collier
l'auteur se livra à des observations journalières, qua treymgt
seize heures à peu près, depuis qu'ils lui avaient
ete remis. Jamais il na reconnu de vide à l'intérieur,
ou ce qu'on nomme la chambre à air dans les
(1) Déjà en 1673 Thomas Bartholiiv combaLtait cette idée dans les
ac es de Copenhague. Les faits qu'il a recueillis et les observations qu'il
a laites présentent beaucoup d'intérêt.
(2) Voyez dans le Frorieps Notizen en i836, ce mémoire sur la ijeneration
, le développement et la naissance des Serpents ; on en trouve
.un extrait dans le Bulletin des sciences naturelles de Férussac t XXV
page 354. n<) 208. ' ' '
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