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pour se rapproclier de sa femelle, et celle-ci à aller à
sa rencontre ; mais quand la fécondation est opérée,
les deux individus se séparent, s'éloignent et semblent
se fuir pour tout le reste de la saison ; car il n'y a ordinairement
qu'une seule ponte chaque année.
Le mâle ne s'occupe donc en aucune manière de sa
progéniture, et les oeufs vivifiés restent longtemps dans
le ventre de la mère; lorsqu'ils n'y édosent pas, ils
sont pondus en une seule fois ; mais le germe dans la
coque y subit un travail de développement jusqu'à ce
que l'oeuf donne issue au petit Serpent qu'il contenait.
Seulement la mère a soin de déposer dans un lieu convenable
ses oeufs , quelquefois réunis par une membrane
glaireuse qui prend plus de consistance en se
desséchant ; ils forment alors une sorte de chaîne ou de
chapelet ; la mere les met bas et les cache sous des débris
de végétaux humides ou dans le sable, de manière
à leur faire éprouver et conserver l'action indirecte de
la chaleur du sol et celle de l'atmosphère. Dans quelques
cas mêmes les femelles réunissent leurs oeufs en
^ s en se roulant autour , en les rapprochant ainsi les
uns des autres (1). Plusieurs ont été trouvées en observation
et restant en sentinelles vigilantes dans les
environs du lieu auquel elles avaient confié ce dépôt
précieux. Elles épient le moment où les oeufs écloront,
afin d'être à portée de protéger la faiblesse de ces petits
êtres qui jouissent de toutes leurs facultés en sortant
de la coque , et pour soigner leurs premiers mou-
( i ) Burdach. Traité de physiologie, Iraduction de Jourdan , i838.
Tome II, page 377. Voyez plus loin l'explication que nous avons donnée
de la p rétendue incubation calorifique du Boa. Ici l'auteur dit: «Les Serpents
amassent leurs oeufs en se roulant autour d'eux et en les rapprochant
ainsi les un» des autres. »
GÉNÉRATION. ig i
vements, en leur indiquant un refuge, ou en leur
fournissant, dit-on , un abri dans leur propre corps ,
ainsi que Palissot de Beauvois (1) et Moreau de Saint-
Méry le rapportent pour l'avoir observé chez une femelle
de Crotale qui , dans le danger et avant de fui r ,
ouvrait la gueule et y recevait ses petits qui s'insinuaient
dan^ son large oesophage , afin de n'en sortir
que lorsqu'il n'y avait plus rien à craindre.
La fécondation des Serpents a lieu le plus souvent
au printemps; mais les oeufs vivifiés ne quittent les
oviductes que trois ou quatre mois après, et même,
dans quelques cas, les petits éclosent dans le ventre de
la mère successivement, ou à plusieurs jours d'intervalle.
On dit alors que ces Serpents sont vivipares.
Telles sont nos Vipères , dont le nom a été emprunté
de cette particularité qu'on avait d'abord observée chez
elles, mais qui a été reconnue depuis reproduite dans
plusieurs autres espèces de genres très-différents.
Nous avons eu occasion de dire que les mâles des
Serpents étaient plus petits que leurs femelles. Leur
poids et leur volume sont en effet moindres de moitié,
surtout quand on les compare aux individus qui ont
l'abdomen évidemment dilaté par la présence des oeufs
qui s'y développent ; car alors l'aspect de l'animal est
tout à fait différent. On reconnaît donc les mâles à leurs
dimensions, à leurs couleurs plus vives, mieux tranchées
, plus brillantes ; et puis leur queue est compa-
(i) Ce fait, cité par Daudin et par Latreille qui ont inséré dans leurs
ouvrages le mémoire de Palissot de Beauvois, qu'il dit avoir été confirmé
par Moreau de Saint-Méry , n'a pas été adopté par M. Schlegel,
de la Physionomie des Serpents, tome II, page 667. Cependant M. Lesieur
a dit à M. de Freminville qu'il avait vu au port Jackson un Serpent
venimeux femelle recevoir dans sa gueule ses petits au moment da
danger.
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