REPTILES. OPHIDIENS,
et comme les poëtes se plaisent à nous les représenter
(1). On assure cependant que plusieurs Serpents de
différents genres produisent une sorte de sifflement
continu qui charme les oiseaux. Quant à nous qui
avons vu vivants beaucoup de Serpents, des Crotales,
des Vipères, des Najas, des Boas, un grand nombre
de Couleuvres d'espèces diverses, des Érjx. Jamais
nous n'avons pu entendre qu'un soufflement très-sourd
provenant de l'air qui sortait avec plus ou moins de
rapidité de l'intérieur de leur poumon que l'on voyait
s affaisser, en trouvant une issue par la glotte, à travers
les trous des narines , ou directement par la bouche
dont la mâchoire supérieure est naturellement échancrée.
Alors le bruit était seulement comparable à celui
qui résulterait du passage rapide et continu de l'air
dans un tube ou par un tuyau sec et étroit comme
serait celui d'une plume ; peut-être dans certaines circonstance
les lèvres de la glotte peuvent elles vibrer
ou frôler rapidement, et produire ainsi un son aigu et
longtemps prolongé, ce qui tient à l'ampleur de'leur
poumon qui se vide lentement, peut-être à l'oscillation
communiquée à la languette qui se voit chez
quelques espèces au devant de la fente longitudinale de
la glotte.
De la chaleur animale. Comme tous les autres
Reptiles, les Ophidiens ne semblent pas doués de la
( I ) OVIDE, dans ses Métamorphoses, liv. X.
Arrectisque horret squammis et sibilai ore.
' • Horrendnqiie sibila misit. III 38
dtb.la dant saniemque vomunt, linguasque coruscant. IV, 494
VIRGILE. Sibila lambehant Unguis wibrantibus ora.
- . iEneid. , lib. Il , vers 211.
Bacine : Four qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
Andromaque,acte V, scène V.
NUTRITION. RESPIRATION. VOIX. l8 3
faculté de produire par eux-mêmes une chaleurconstante.
Nous avons exposé , dans le premier volume de
cette Erpétologie, les dispositions anatomiques des organes
de leur circulation et de leur mode de respiration
qui s'opposent physiologiquement àia production de la
plénitude de cet acte dont les phénomènes n'apparaissent,
d'une manière évidente, que dans les deux classes
des Mammifères et des Oiseaux, Chez ceux-ci en effet,
la respiration est continue, régulière et subordonnée
à l'accès du sang qui passe en totalité et nécessairement
dans le poumon, avant de pénétrer dans le système
général des artères. Au contraire, danslesReptiles
dont la respiration est arbitraire , suspendue , accélérée
ou retardée à volonté , les poumons n'admettent
qu'une quantité fractionnée de ce même sang qui peut
alors se réunir, ou se joindre plus ou moins rapide
ment à celui qui est chassé dans le reste du corps par
l'acte circulatoire général, lequel est lui-même plus ou
moins ralenti ou accéléré par les contractions successives
du coeur.
En réfléchissant à l'une des causes de la caloricité
animale , celle qui paraît dépendre de la modification
du sang artériel en sang veineux par une action toute
chimique , ce changement de nature opéré dans les
vaisseaux capillaires laisserait le calorique libre ; mais
comme chez les Reptiles le sang n'est qu'incomplètement
arlérialisé dans les poumons, le résultat calorifique
doit être moins évident que dans les autres animaux
à respiration aérienne complète.
Cependant les Serpents et les autres animaux de la
même classe ne sont pas dépourvus d'une chaleur
propre ; mais ils ne prennent celle du dehors qu'avec
une lenteur extrême, ils l'admettent, la reçoivent, ils