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L4O REPTILES OPHIDIENS,
lations disposées en longueur avec de petits étranglements
dont chacun paraît fournir un conduit membraneux
qui aboutit auprès d'une des dents dont la mâchoire
est garnie.
Les glandes qui sécrètent une humeur venimeuse
sont généralement plus molles , comme spongieuses,
ou celluleuses, de couleur jaunâtre, quoique recouvertes
d'un sac aponévrotique : elles occupent la place de
l'os maxillaire qui est très-réduit, comme nous l'avons
indiqué, et on les trouve situées presque immédiatement
sous la peau au-dessous et un peu derrière l'orbite,
sur le grand tiers antérieur de la lèvre supérieure.
Lorsqu'on les examine à l'intérieur on trouve sous une
sorte de membrane fibreuse, tantôt un assemblage de
tubes, tantôt des cellules ou vésicules qui toutes aboutissent
à un conduit membraneux, lequel vient aboutir
à la base du canal dont est creusé le crochet acéré,
soudé à l'os sus-maxillaire avec lequel il se meut dans le
mouvement qui est imprimé à cet os par le muscle palato
maxillaire ; le conduit et la glande elle-même se
trouvent pressés, comprimés par la fibre charnue; ce
qui a lieu toutes les fois que la mâchoire s'abaisse ou
que la gueule s'ouvre complètement en faisant redresser
les crochets qui sont poussés par un mouvement
de bascule.
Quand on réfléchit aux circonstances qui semblent
avoir porté le Créateur à procurer ainsi à certains Serpents
une arme aussi simple par sa nature , que terrible
par ses effets ; lorsqu'on reconnaît les précautions
qu'il a prises en n'accordant cette humeur délétère qu'à
des êtres faibles, très-sobres et privés en grande partie
des facultés qui donnent aux autres animaux carnassiers
les moyens de poursuivre, de saisir, de diviser
NUTRITION, BOUCHE, DENTS A VENIN. I4 Ï
l e u r proie, on est admirablement frappé de la prévoyance
infinie qui a dirigé toutes ses oeuvres. E n effet
voici un être qui ne peut se nourrir que d'animaux
vivants, cependant il est privé des moyens de transport,
puisqu'il n'a pas les membres qui l'auraient aide
à atteindre, à saisir sa proie ; aussi est-il obligé de l'attendre
de l'épier, en se mettant en embuscade sur son
passage'. Tout à coup il sort de son engourdissement
Apparent II a vu et mesuré d'avance l'espace qui le
sépare de sa proie; il se dresse, son cou est déjà dirigé
en arrière. Sa gueule est béante , sa mâchoire inférieure
s'abat complètement etce mouvement faitrelever
la supérieure qui porte en avant les deux pointes acerées
, coniques et courbées d'où le poison distille. Avec
la promptitude d'une f l è c h e vigoureusement decochee,
la tête et ses crochets sont lancés en avant sur laminai
ils le pénètrent et se dégagent presque aussitôt.
Rarement ce choc est répété. Dès cet instant la victime
lui est dévolue ; elle peut fuir à peine et se traîner a
quelque distance ; il la suit, elle est sa proie; car il
lui a inoculé la cause de la mort, l'inertie , 1 apathie ,
la paralysie dont il attend les effets.
Les crochets se sont enfoncés dans l'épaisseur des
chairs en traversant la peau par un très-petit trou dont
le pourtour s'est dilaté sans déchirure, aussi est-ilsouvPntfort
difficile de l'apercevoir lorsque la dent ny
est plus (1). A travers ces aiguilles et dans leur épaisseur
coule rapidement un jet d'humeur vénéneuse,
d'un poison mortel qui injecté avec force dans la plaie
n'en peut plus sortir; il est de suite absorbé et ne tarde
(l) Nec tamen uUa vides impressi vulnera morsûs.
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