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REPTILES OPHIDIENS.
été nous-mêmes témoins de l'undeces rapprochements,
dont nous aurons occasion de parler parla suite. Depui^
le 2 février, époque à laquelle cette femelle avait avalé
trois ou quatre kilogrammes de chair crue de boeuf
avec un lapin , elle ne prit aucune nourriturejusqu au
6 du mois de mai, jour où elle commença à pondre.Dans
cet intervalle, son volume s'était accru considérablement.
Sa ponte dura trois heures et demie , et produisit
quinze oeufs. Ces oeufs, d'abord allongés, se
raccourcirent en grossissant. Ils étaient distincts, ou
tout à fait séparés les uns des autres.
Cette mère était renfermée seule dans une caisse de
bois placée sur des couvertures de laine chauffées
en dessous, et soutenues par une planche de bois
mince, percée d'un grand nombre de trous ; la chaleur
était communiquée et conservée au moyen de boîtes de
cuivre remplies d'eau chaude qu'ou renouvelait au besoin.
La femelle rassembla ces oeufs en tas, et se placa
au-dessus en s'enroulantsur elle-même, de manière à
les couvrir complètement pour former une voûte peu
elevee au sommet de laquelle se trouvait la tête.
Cette femelle resta ainsi sur ses oeufs pendant l'espace
de deux mois, du 5 mai au 3 juillet, époque à
laquelle leur éclosion eut lieu.
C'est pendant que la mère était placée sur les oeufs
que M. Valenciennes se livra , à diverses reprises et à
plusieurs jours d'intervalle, à des observations thermometnques,
au moyen desquelles il s'est assuré que
les ioeufs et la mère avaient une température à peu
près constamment élevée de 10 à 12 degrés centigrades
au-dessus de l'air contenu dans la caisse et même des
couvertures de laine sur lesquelles toute celte masse
reposait. Quelquefois cependant, quand le thermo-
GÉNÉRATION. OEUFS. 2o 5
mètre placé au-ilessous des couvertures avait marqué
SS^S, les oeufs et la mère indiquaient au même instrument
4r5.
Nous avons dit que nous ne partagions pas tout à
fait l'opinion^que M. Valenciennes a émise en attribuant
complètement au Serpent la chaleur réellement
en excès, et rendue évidente dans cette circonstance.
Nous croyons que cette élévation de température pouvait
dépendre , soit de la conservation du calorique
transmis antérieurement, soit des germes et de l'action
vitale qui s'opérait dans l'intérieur des oeufs , et qui se
distribuait d'une manière égale dans toute la masse ,
quoique les oeufs fussent superposés et que chacun
d'eux produisît bien peu de chaleur en excès. Voici
d'ailleurs quelques motifs à joindre à ceux que nous
avons précédemment fait connaître.
Il a été constaté par l'observation directe et par les
investigations anatomiques que les Reptiles en général,
et par conséquent les Ophidiens, d'après la
structure et le jeu des organes de leur circulation et de
leur respiration , ne peuvent pas développer de chaleur
par eux-mêmes , au moins d'une manière notable.
Cependant, comme nous l'avons dit précédemment,
page 121, il nous est arrivé , au premier printemps et
par un temps froid , de trouver des Couleuvres au bas
de très-grandes murailles, alors à l'ombre, mais qui
avait été exposées aux rayons du soleil. Au moment où
nous saisissions ces Reptiles, leur contact nous faisait
éprouver la sensation d'une chaleur supérieure à celle
de nos mains , et souvent en prenant, pendant l'été ,
des lézards sur des terrains échauffés à l'ardeur du soseil,
nous les avons trouvés brûlants. Il est donc probable
que ces animaux admettent, recueillent et con