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202 REPTILES OPHIDIENS,
cette opération vitale continue. Les liquides se solidifient
; car, en passant dans les tissus de l'embryon, ils
abandonnent le calorique (jui, en s'échappant, devient
sensible, par sa dispersion dans l'atmosphère environnante.
Faible et à peine perceptible dans chacune des
graines isolées, soumise à la germination, cette chaleur
devient appréciable lorsqu'un plus grand nombre de
semences se développent toutes à la fois dans un espace
limité (1). De semblables phénomènes se produisent
dans les ruches et dans les fourmilières où la respiration
de chaque insecte , s'opérant en même temps chez un
grand nombre d'individus, détermine et fait persister
une élévation très-notable dans la température de leur
habitation commune , quoique chaque abeille ne manifeste
pas de chaleur propre (2).
Les oeufs de Serpents sont à peu près dans les
mêmes circonstances que les graines des plantes : leurs
enveloppes extérieures, quoique évidemment protectrices
du germe qu'elles contiennent, sont cependant
perméables aux agents généraux de la nature. Ces
oeufs , comme nous l'avons vu , absorbent les liquides
dans lesquels on les plonge. Tant que le germe séjourne
dans la coque avant d'éclore, et pendant la durée
de cet espace de temps qu'on peut nommer l'incuba.
(I) Goeppert a reconnu que cette chaleur dépasse celle de l'atmosphere
de iS» R. ( Ueber woermeent wiekelung in der lebenden planzer
Vienne, iSSa.
(•2) SwAMMERDAMM, RÌaumdr , HuEER , et plusieurs autres observateurs,
ont consigné ce fait dans leurs écrits. Réaumur, en particulier,
a constate (Hist, des Insectes, tome V, XlIJe mém., page 671) que les
abeilles dune ruche avaient fait monter la liqueur de son thermometre
a 3i« , chaleur qui est à peu près celle que prennent les oeufs
sous la poule qui les couve. Il a aussi trouvé pendant l'hiver une temperature
umforme de 24" R. dans les ruches où les abeilles sont sans
mouvement.
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GENERATION. OEUFS. 2o 3
tion (1) , l'oeuf diminue notablement de poids ; il s'y
opère donc une exhalation et très-certainement aussi
une absorption ; car l'individu vivant qu'il renferme
ne tarde pas à périr si on l'expose aux effets d'une
température trop basse ou trop élevée.
Ces données peuvent, selon nous, servir à expliquer
autrement le résultat des observations que M. le
professeur Valenciennes a faites pendant l'incubation
d'une femelle de Python (2) , et les conséquences qu'il
en a tirées. Il a constaté que les oeufs de ce Serpent acquéraient
et conservaient une température supérieure
à celle de l'atmosphère dans laquelle ils étaient plongés
; mais il a attribué à la mère, qui les recouvrait de
son corps et qui les protégeait sous une sorte de dôme
ou de voûte formée par ses circonvolutions en spirale ,
dont les tours étaient très-rapprochés et immobiles,
la chaleur que toute cette masse paraissait avoir reçue
fie la mère , et qui y avait été développée ou plutôt'
communiquée selon nous.
Voici l'analyse de cette observation intéressante :
on conserve et on nourrit avec soin , dans notre ménagerie
du Muséum de Paris, plusieurs Serpents d'une
grande dimension : ce sont des Pythons à deux raies.
Le 1er janvier 1841 , on trouva l'un des mâles accouplé
avec une femelle. Il y eut encore plusieurs autres
copulations jusqu'à la fin de février, et nous avons
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( i ) Ce nom d'incubation, ou l'action de couver, appliqué plus particulièrement
aux oiseaux, suppose le développement et la communication
de la chaleur aux oeufs. Peut-on l'employer dans le même sens
pour les femelles qui, placées sur leurs oeufs ou les portant aù dehors ,
ne leur communiquent pas de chaleur , tels que la Cochenille et les
autres gallinsectes, le Perce-oreille , les Cloportes, les Ecrevisses, les
Monocles, les Alytes, les Pipas, les Syngnathes?
(2; Voyez les comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris
pour i84i, tome XIII, page 126.
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