crête occidentale de la crête orientale des Andes de Quito. C’est dans ces
plaines que se trouve concentrée la population de ce pays merveilleux; c’est
là que sont placées des villes qui comptent trente à cinquante mille habitans.
Lorsqu’on a vécu pendant quelques mois sur ce plateau élevé, où le baromètre
se soutient à o”-,54 ou à vingt pouces de hauteur, on éprouve irrésistiblement
une illusion extraordinaire : on oublie peu à peu que tout ce qui environne
l’observateur, ces villages annonçant l ’industrie d’un peuple montagnard, ces
pâturages couverts à la fois de troupeaux de lamas et de brebis d’Europe, ces
vergers bordés de haies vives de Duranta et de Barnadesia, ces champs
labourés avec soin et promettant de riches moissons de céréales, se trouvent
comme suspendus dans les hautes régions de l’atmosphère; on se rappelle à
pèine que le sol que l’on habite est plus élevé au-dessus des côtes voisines de
l’Océan Pacifique, que ne l’est le sommet du Canigou au-dessus du bassin de
la Méditerranée.
En regardant le dos des Cordillères comme une vaste plaine bornée par
des rideaux de montagnes éloignées, on s’accoutume à considérer les inégalités
de la crête des Andes comme autant de cimes isolées. Le Pichincha , le
Cayambe, le Cotopaxi, tous ces pics volcaniques que l’on désigne par des
noms particuliers, quoiqu’à plus de la moitié de leur hauteur totale ils ne
constituent qu’une seule masse, paroissent, aux,y eux de l ’habitant de Quito,
autant de montagnes distinctes qui s’élèvent au milieu d’une plaine dénuée
de forêts : cette illusion est d’autant plus complète, que les dentelures de
la double crête des Cordillères vont jusqu’au niveau des hautes plaines
hahitées ; aussi les Andes ne présentent - elles l’aspect d’une chaîne que lorsqu’on
les voit de loin, des côtes du Grand - Océan ou des savanes qui
s’étendent jusqu’au pied de leur pente orientale. Placé sur le dos des Cordillères
même, soit dans le royaume de Quito ou dans la province de los
Pastos, soit plus au nord encore, dans l’intérieur de la Nouvelle - Espagne,
on ne voit qu’un amas de cimes éparses, des groupes de montagnes isolées
qui se détachent du plateau central : plus grande est la masse des Cordillères,
et plus il est difficile de saisir l’ensemble de leur structure et de leur forme.
Cependant l’étude de cette forme, j’oserois dire de cette physionomie des
montagnes, est facilitée singulièrement par la direction des hautes plaines qui
constituent le dos des Andes. Lorsqu’on voyage depuis la ville de Quito jusqu’au