est un fragment de marbre conservé au Vatican, et trouvé à Rome en i ^qS,
Nous nous proposons ici de l’examiner avec un soin particulier, parce qu’il
nous paroît propre à jeter du jour sur les divisions de l ’écliptique, usitées
au Mexique et dans l’Asie orientale. Il offre, dans cinq zones concentriques,
les figures des planètes, lesdecans, les catastérismes du zodiaque grec, répétés
deux fois, -et les signes d’un autre zodiaque qui a la plus grande analogie
avec celui des peuples tartares. On peut être surpris que Fonteuelle, Bailly,
Dupuis et d’autres savans qui ont écrit sur l ’origine des zodiaques, aient pris
ce bas-relief pour un ouvrage égyptien D’après l’observation dun savant
illustre, M. Visconti, le style des figures qui représentent les planètes prouve
évidemment qu’il a été sculpté du temps des Césars. On reconnoît,i dans ce
monument mutilé, parmi les signes de la zone intérieure, un cheval, une
écrevisse, un serpent, un chien qui tient un peu du loup, un lièvre, deux
oiseaux dont un paroît placé vis-à-vis d’un serpent, et deux quadrupèdes,
l’un à longue queue, et l’autre à cornes de chèvre. Comme les catastérismes
du zodiaque grec sont rapprochés un à un de ceux du zodiaque inconnu, on
voit que le cheval et le lièvre répondent, comme dans les dodécatémorions
tartares, à nos signes du lion et du scorpion. Le tableau suivant présente
l’ordre dans lequel les catastérismes se trouvent placés dans le planisphère
de Bianchini. J’ai ajouté les signes du cycle tartare dont nous avons trouvé
des vestiges chez les peuples du nouveau continent.
ZODIAQUE DE BIANCHINI.
CYCLE TARTARE.
ZONE EXTÉRIEURE. ZONE INTÉRIEURE.
Sagittaire. Oiseau. Tigre.
Scorpion. Lièvre. Lièvre.
Balance. Chevre. Dragon.
Vierge. Animal a longue queue. Serpent.
Lion. Cheval. Cheval.
Cancer. Cancer. Brebis.
Gémeaux. Serpent. Singe.
Taureau. ■ Chien ou loup. Poule.
Bélier. Oiseau. Chien.
Poisson. Cochon.
Verseau. Rat
Capricorne. Boeuf.
■ Ilist. de l’Acad. des Sciences, 1708, Tom. i , pag. >10. B a i l ly , Hist. de l'Astr. anc., pag. 4g3 et 5o4- Durais,
Origine des Cultes, Tom. 1 , pag. 180. Hager, Illustras, d'uno zodiaco, orientale, 1811, pag. i 5.
On a imprimé en italique les noms des animaux qui sont trop mutilés
pour qu'on les reconnoisse avec certitude : on a gstingué de la même manière
les catastérismes de la sphère grecque qui manquent entièrement, mais qu’il
est facile de siippléer. J'ai rangé ces derniers, contre l’ordre des signes» d'après
l'usage des peuples tartares, i l est assez remarquable que, dans ce monument
curieux, les planètes et les decans, dont les derniers seuls sont figurés dans
le style égyptien avec des têtes ou des masques d'animaux, se trouvent placés
dans des directions contraires. Quoique, dans les deux zones qui représentent
le zodiaque grec, il y ait quatre signes répétés sous les mêmes formes, on ne
peut en conclure que les autres étaient également identiques. Il serait surtout
à désirer que les gémeaux et Pan ou # capricorne, eussent été conservés dans
les deux zones Gar.le sculpteur paroît avoir eu l'intention de réunir lès
zodiaques de dififérens peuples, et les formes hétérogènes' données aux mêmes
catastérismes chez les Chaldéens, les Égyptiens et les Grees. Les gémeaux
sont représentés par deux figures que M. Bailly a cru être de sexe différent,
et dont l'une tient une massue et l'autre une lyre. C’est soüs cette même
forme que ce signe est décrit dans YAstronomican d'Hygi'n1; c’est ainsi qu'il
est désigné dans des vers sanscrits du poète Sripeti : « le couple, mithouna,
dit cet auteur hindoux,-est formé d’une fille qui joue du vina, et d’un jeune
homme qui brandit une massue 3. »
Le zodiaque intérieur ne renferme, comme celui des Tibétains, des Chinois
et des Tartares, que des animaux, de vrais foint. Dans la sphère grecque,
la moitié des signes est formée d’animaux que l ’on retrouve dans la nature;
l’autre moitié est composée de figures humaines et d’êtres fabuleux ou allégoriques.
La balanceijüfoyo« ou Jifrpa, est tenue tantôt par les pinces ¿Atti du
scorpion <, tantôt par une figure mâle, comme dans le planisphère de Bianchini
et dans le zodiaque indien, tantôt par la vierge qui, dans ce cas, prend le
nom d’Astrée ou de AiW- Les signes des mansions lunaires, ou les hiéroglyphes
des jours du calendrier mexicain, présentent à I» fois des animaux et des
1 Eratosthbnis Cataster., éd. Schaubach, 1795, pag. a i. Hygin. Poeticon astr., l ib . n , c. 28; Lib. n i, c. 27
(Auctores mjthograpki latini, ed. van Staveeen, i7/fn, Tom. n , pag. 481-628).
• Lib. m , c. 21 (Auct. mjthograph., Tom. n , pag. 5a3 ). Du Choul, Discours de la religion des anciens
Romains, i 556, pag. 180. Ioblbr, Stemnamen, S. 161.
3 Rech. Asiat., Tom. n , pag. 555.
* Manil., Lib. 1, v. 60g.