De même que chez les peuples de race tartare le cycle de soixante ans,
présidé’ par douze animaux,, étoit divisé en cinq parties, le cycle des Muyscas,
de vingt années de trente-sept sunas, étoit divisé en quatre petits cycles
dont le premier se fermoit en hisca, le second en ubchihica, le troisième
en (juihicha hisca, et le quatrième en gueta. Ces petits cycles représentoient
les quatre saisons de la grande année. Chacune d’elles renfermoit cent
quatre-vingt-cinq lunes qui correspondoient à quinze années chinoises et
tibétaines, et par conséquent aux véritables indictions • usitées du temps
de' Constantin. Dans cette division, par soixante et par quinze, le calendrier des
Muyscas1 se rapproche bien plus de celui dés peuples de l’Asie orientale
que ne lè fait le calendrier des Mexicains , qui avoient des cycles de. quatre fois
treize ou de cinquante-deux ans. Comme chaque année rurale, de douze et de
treize sunas, étoit désignée par un de ces dix hiéroglyphes-qu’offre la 4-e figure,
et que les séries de dix et de. quinze termes- ont un diviseur commun, les
indictions se terminoient constamment par les deux signes de la conjonction
et • de Yopposition. Nous ne nous arrêterons pas ici à démontrer comment
l’hiéroglyphe- de l’année et l’indication du cycle-de soixante ans, auquel
appartient cette annéepouvoient servir à régler la chronologie-:, nous avons
exposé ces moyens en faisant connoître les rapports des calendriers mexicain,
tibétain et japonois.
Le : commencement de • chaque indiction étoit marqué par un .sacrifice
dont les cérémonies barbares, d’après le peu que nous en savons, paraissent
toutes avoir eu rapport à des idées astrologiques. La victime humaine étoit appelée
guesa, errant, sans maison, et •(/uihica-, porte, parce que sa mort, annonçoit
pour ainsi diré l’ouverture d’un nouveau cycle de cent quatre-vingt-cinq lunes.
Cette dénomination rappelle- le Janus des Romains placé aux pories\du-ciel,
et auquel Numa dédia le premier mois de l’année, tanc/uam bicipitis dei
mensem \ Le guesa étoit un enfant que l ’on arrachoit à la maison paternelle.
Il devoit nécessairement être pris d’un certain village situé dans les plaines
que nous appelons aujourd’hui les Llanos de San Juan, et qui -s’étendent
depuis la pente orientale- de la Cordillère jusque vers les rives du Guaviare. C’est
' Voyez plus haut, pag. i 4g et iy 5. Durais, Origine des cultes, Tom. in, Pl. i , pag. 44- Bailit,
Astronomie indienne et orientale, 1787, pag. 2g.
* Macrobius, Lib. 1, c. i 3.
de cette, même contrée de J Orient qu'émit venu Bochica, symbole du soleü
tors de sa première apparition parmi les Muyscas, Le. guesa étoit élevé avec
beaucoup de soin dans le temple.-du. soleil à Sogamozo, jusqu’à l ’âge de
dix ans: alors on le faisoit sortir pour le promener par les chemins que Bochica
avoit suivis, à l’époque où, parcourant les mêmêsàieux pour instruire le peuple,
ü les. avoit rendus célèbres par ses miracles. A l’âge de quinze ans,,lorsque la "
victime avoit atteint un nombre de sunas égal à celui que renferme 1 mdiction
du cycle muysea, elle étoit immolée dans une de ces places circulaires, dont le
centre étoif . pccupé par une colonne élevée, l e s . Péruviens oonnoissoient les
observations guomoniques. Ils avoient surtout de la vénération pour le s '
colonnes Arigées dans la ville de Quito, parce que le soleU,.à ce qu’ils disoient,
«se plaçoit immédiatement sur leur sommet,, et que'les ombres du gnomon
y .étaient plus courtes que dans le rèste de l'empire dé l ’Inca.. Les pieux
et les colonnes des Muyscas, représentés dans. plusieurs de leurs sculptures,
ne servoieni-ils de.même pour observer la longueur des ombres équinoxiales
ou solsticiales? Cette supposition est d’autant plus.vraisemblable que, parmi
Je§. dix signes des mois. nous trouvons deux fois,, dans les chiffres ta et
suhuza, une corde ajoutée à un pieu,, et que lès Mexicains..oonnoissoient
l’ûsage du gnomon Jilaire *.
Lors de la célébration du sacrifice qui marquoit l’ouverture d’une ;nouvelle
îndicfionou d W cycle .de qdinze.années, la victime, guesa. était menée en
procession par le suna, qui donnoit son nom au mois lunaire. On la conduisoit
vers la ..colonne -qui paraît avoir servi pour mesurer. les. ombres, solsticiales
ou équinoxiales, et les passages du soleil par le zénith. Les prêtres, xe</ues,
sut voient la. victime : ils étoient masqués comme les prêtres égyptiens. Les
uns représentoient Bochica, qui est l’Osiris ou le Mithras de Bogota, et
auquel on attribuoit trois tètes, parce que, semblable au Trimurti des
Hiudoux, il renfermoit trois personnes qui ne -formoient qu’une seule divinité:
d autres portaient les emblèmes de Chia, la femme de Bochica, Isis, .ou la lune;
d autres étaient couverts de masques semblables^ des.grenouilles, pour
faire allusion au premier signe de l’année, ata; d’autres enfin représentaient
le monstre Fomagata, symbole du mal, figuré aveo un oeil, quatre oreilles
et une longue queue. Ce Fomagata, dont le nom, en langue chibcha, signifie
' S” » Glnpitllcpec. V o j a G u n , cros. i . d o , pU dw , 10o.
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