une page entière pour donner une idée plus claire de l'économie de ce
manuscrit curieux. De même que, parmi les hiéroglyphes mexicains, on ne
trouve rien qui annonce le culte du lingam (<f><ÎÀÀoç), on n’y observe pas non
plus ces figures à plusieurs têtes et à plusieurs mains, qui caractérisent pour
ainsi dire les peintures mystiques des Hindoux. L’homme placé à droite dans la
case supérieure, est un prêtre vêtu de la peau d’une victime humaine, récemment
immolée. Le peintre a marqué les gouttes de sang qui couvrent cette peau : comme
celle des mains pend au bras du sacrificateur, ce dernier paroît avoir quatre
mains. Ce costume et les cérémonies horribles et dégoûtantes qu’il rappelle
sont décrits par Torquemada *. Une chapelle, connue sous le nom deyopico,
étoit construite au-dessus de la caverne qui renfermoit les peaux humaines.
Nous avons vu plus haut que le quatrième mois mexicain, tlacaxipehualiztlis
qui correspond à notre mois de mars , avoit reçu sa dénomination de ces fêtes
sanguinaires. Dans le Codex Borgianus, qui est un calendrier rituel, on
trouve effectivement la figure d’un prêtre enveloppé dans une peau d’homme,
sous le signe du jour qui indique l’équinoxe du printemps \ La tête du
sacrificateur est couverte d’un de ces bonnets pointus dont on se sert en
Chine et sur les côtes nord-ouest de l’Amérique. En face de cette figure est
assis le dieu du feu, Xiuhteuctli Tletl : aux pieds de ce dernier se trouve un
vase sacré. Dans la première année du cycle mexicain, Tletl est le signe de
nuit du jour sur lequel tombe l’équinoxe du printemps.
La case inférieure (Pl. x x vn , n. 2) représente le dieu TonacateuctU, tenant
dans la main droite un couteau, des feuilles d’agave et un sac d’encens. Nous
ignorons absolument ce que signifient les deux enfans qui se tiennent par la
main, et dont un commentateur a dit «qu’ils semblent parler la même langue. »
Le serpent placé au-dessous du temple pourroit faire soupçonner que ce sont
les enfans jumeaux de Cihuacohuatl, la fameuse femme au serpent> l’Ève
des Aztèques. Mais les petites figures du Codex Borgianus j fol. 6 1 , sont
femelles, comme l’indique évidemment la disposition de leurs cheveux, tandis
que celles représentées dans le manuscrit, du Vatican3 sont mâles.
Mon. ùid., Lib. 10, cap.. 1a ( Vol. 11, pag. 271 ).
* Cod. Borg., fol. a5 ( Fabr. M SS., n. io 5., 275 et 299). Voyez aussi plus haut, pag. i 33.
* Voyez PL xxm de cet atlas.
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