le même dans les deux continens; une grande partie des signes qui composent
les séries dans le calendrier mexicain, sont empruntés du zodiaque des peuples
du Tibet et de la Tartarie; mais ni leur nombre ni Tordre dans lequel ils se
succèdent, ne sont ceux que l ’on observe en Asie.
Le zodiaque .tartare ne commence pas, comme celui des Hindoux, par le
chien qui correspond à notre signe du bélier, mais par le rat qui représente
le Verseau". Ce même zodiaque a en outre la particularité frappante, que
les animaux célestes sont comptés contre Tordre des signes : au lieu de placer
ces derniers dans celui qui est marqué par le mouvement du soleil dans
l’écliptique d’occident en,.orient, les Tibétains, les Chinois, les Japonnois et
les Tartares, comptent les signes dans Tordre suivant : rat ou Verseau, boeuf
ou capricorne, tigre ou sagittaire, lièvre ou scorpion, etc. Cette habitude
bizarre a peut-être sa cause dans la circonstance que les douze constellations
zodiacales, lors de leur passage par le méridien, président aux différentes
heures du jour et de la nuit. Comme elles participent au mouvement général
de la sphère céleste de Test à l’ouest, on les a rangées dans Tordre éelon
lequel elles se lèvent ou se couchent les unes après les autres.
Dans le calendrier mexicain, les signes-des jours, qui sont identiques avec
les signes du cycle tartare, ceux du chien, du singe, du tigre pu du lièvre,
sont placés de manière qu’on n’y reconnoit aucune analogie de position
relative. Cipàctli, que nous avons prouvé plus haut cfcre le poisson-gazelle 3
est le premier catastérisme, comme le capricorne paroît 1 avoir été chez les
Égyptiens". Il règne parmi les signes mexicains a peu près 1 ordre suivant :
cipactlij cobuatl, lochtli, itzcuintli, ozOmatli et ocelotl;Ou:, en substituant
les noms de nos signes: capricorne, vierge, scorpion, bélier, gémeaux, et
sagittaire. Cette dissemblance dans la distribution des signes seroit-elle purement
apparente, et tiendroit-elle à une cause analogue à celle qui, selon le témoignage
d’Hérodote et de Dion Cassiùs5, a fait nommer chez tous les peuples de 1 Orient
les jours de la semaine d’après les planètes, placées dans un ordre très-différent
de celui que leur assigne l ’astronomie des Hindoux, des Egyptiens et des
■ Souciet, Ton., n, p. .56. Sun*, Asl. iod„ p. «s. Xanoois, Rota du Vojage de Ttmbe.g, p. 5,„.
a Fragmenlum ex Gazophylacio Card. Barberini (Kirchbbi Oedipus, i663, Ton», ni, pag. 160).
* Dio Cassids, Lib. xxxvn, c. 19 ( ed. Fabric. ; i7So, Tom.i, pag. «4)-. Hbkod., Lib. .i, c. 89
(ed. Wesseling, i765 , pag. io5).
Grecs? En considérant le nombre de termes qui composent la série des heures
et celle des hiéroglyphes mexicains, on reconnoît que cette hypothèse n’est
pas admissible.
Nous avons dévèloppé plus haut, en parlant de l’analogie que l ’on observe
entre les noms de plusieurs mansions lunaires et ceux des signes du zodiaque
solaire, comment l’ordre primitif des catastérismes peut être changé, lorsque
des peuples, replongés dans la barbarie, cherchent, d’après une réminiscence
obscure, à rétablir le système de leur chronologie. Quoique la supposition
de ces changemens se présente d’elle-même, nous ne sommes cependant pas
forcés dé l’admettre pour expliquer la dissemblance qu’offre la position des
mêmes signes dans les zodiaques tartare et mexicain. Les Hindoux conservent
plusieurs divisions de l ’écliptique en vingt-sept ou vingt-huit nakchatras dont
les noms sont en grande partie les mêmes, sans être placés dans le même
ordre. Un monument antique, que Bianchini a fait connoître au commencement
du dernier siècle, prouve qu’il existait dans l’Orient des zodiaques solaires
dans lesquels on retrouve les catastérismes tartares du cheval du chien du
lièvre, du dragon et de l ’oiseau, rangés de manière qüe le chien répond au
taureau, et non au bélièr du zodiaque grec, et que le chien et le lièvre sont
sépares non par quatre, mais seulement par deux signes. Or, si dans l’Asie
les mêmes nakchatras et les mêmes dodécatémorions n’ont pas toujours suivi
le même ordre dans les difterens zodiaques lunaires et solaires, il ne faut
pas être surpris de la transposition des signes que nous observons dans le
cycle des hiéroglyphes du jour chez les Mexicains. Il se pourroit même que
cette transposition fût purement apparente, et qu’elle nous parût réelle, parce
que nous ne pouvons comparer le calendrier toltèque et mexicain qu’aux cycles
que nous trouvons aujourd’hui chez les Tartares et les Tibétains. Peut-être
d autres peuples de l ’Asie orientale ont-ils communiqué leur zodiaque à ces
hordes guerrières qui, depuis le septième siècle, ont inondé le Mexique.
Peut-être, en parcourant le plateau de l ’Asie centrale, en examinant plus
attentivement les restes de civilisation conservés dans la petite Bukharié, au
Turfan, ou près des ruines de Karacorum, l ’ancienne capitale de l’empire des
Monghols, lès voyageurs découvriront-ils un jour celte même série de signes
que renferme le zodiaque des Mexicains.
Le monument astronomique dont Bianchini adressa un dessin à l ’Académie,