l ’Océan : on distingue sur le premier plan quelques pieds d’agave et des dragoniers ;-
dans le lointain, on découvre la cime couverte de neige du volcan d’Orizaba,
montagne colossale de cinq mille deux cent quatre-vingt-quinze mètres d’élévation
absolue, et dont j'ai publié le dessin dans Y Atlas Mexicain, Pl. xvn.
Le téocaüi de Cholula a quatre assises, toutes d’une hauteur égale. Il paroît
avoir été exactement orienté d’après les quatre points cardinaux; mais comme
les arêtes des assises ne sont pas très-distinctes, il est difficile de reconnoître
leur direction primitive. Ce monument pyramidal a une base plus étendue que
celle de tous les édifices du même genre trouvés dans l’ancien continent. Je la i
mesure avec soin, et le me suis assure que sa hauteur perpendiculaire n est .que
de cinquante-quatre mètres, mais que chaque côté de sa base a quatre cent
trente-neuf mètres de longueur : Torquemada lui donne soixante-dix-sept;.
Betancourt, soixante-cinq; Glavigero, soixante-un mètres de hauteur. Bernai
Diaz del Castillo, simple soldat dans l’expédition de Cortez, s’amusa .à compter
les gradins des escaliers qui conduisoient à la plate-forme des téocallis : il en
trouva cent quatorze au grand temple de Ténochtitlan , cent dix-sept à celui du
Tezcuco, et cent vingt à celui de Cholula. La base de la pyramide de Cholula
est deux fois plus grande que celle du Chéops, mais sa hauteur excède de
très-peu celle du Mycerinus. En comparant les dimensions de la maison du
soleil, à Téotihuaean, avec celles de la pyramide de Cholula, on voit que le
peuple qui construisit ces monumens remarquables avoit l’intention de leur
donner la même hauteur, mais des bases dont la longueur seroit .dans le rapport
d’un à deux. Quant à la proportion entre la base et la hauteur., on la trouve
très-différente dans les divers monumens. Dans les trois grandes pyramides de
Djyzeh, les hauteurs sont aux bases comme a à i dans la pyramide.de Papantla,
chargée d’hiéroglyphes, ce rapport est comme i à i dans la grande pyramide
de Téotihuaean, comme i à 3 et dans celle de Cholula, comme i a 7
Ce dernier monument est construit en briques non cuites ( xamilli), qui alternent
avec des couches d’argile. Des Indiens de Cholula m’ont assuré que l’intérieur
de la pyramide est creux, et que, lors du séjour de Cortez dans leur ville, leurs
ancêtres y avoient caché un grand nombre de guerriers pour fondre inopinément
sur les Espagnols : les matériaux dont ce téocaüi est construit, et le silence des
historiens de ce temps 1, rendent cette assertion très-peu probable.
1 Carias de Heuhah Cortez; Mexico, 1770, p. 6g.
On ne.peut cependant pas révoquer en doute qu’il n’y eût, dans l’intérieur
de cette pyramide comme dans d’autres téocallis, des cavités considérables
qui servoient à la sépulture des indigènes : une circonstance particulière les a
fait découvrir. H y a sept à buit ans qu’on a changé la route de Puebla à
Mexico, qui passoit jadis au nord de la pyramide: pour aligner cette route,
on a percé la première assise, de sorte qu’un huitième en est resté isolé comme
un monceau de briques. C’est en faisant cette percée qu’on a trouvé dans
l ’intérieur, de la pyramide une maison carrée, construite en pierres, et soutenue
par des poutres de cyprès chauve (cupressus disticha) : elle renfermoit deux
cadavres, des idoles en balsate, et un grand nombre de vases vernissés et peints
avec art. On ne se donna pas la peine de conserver ces objets, mais on assure
avoir vérifié avec soin que cette maison, couverte de briques et de couches
d’argile, n’avoit aucune issue. En supposant que la pyramide fût construite, non
par les Toltèques, premiers habitans de Cholula, mais par des prisonniers que
les Cholulains avoient faits sur les peuples voisins, on pourroit croire que ces
cadavres étoient ceux de quelques malheureux esclaves que l’on avoit fait périr à
dessein dans l ’intérieur du téocalli. Nous avons reconnu les restes de cette maison
souterraine, et nous avons observé une disposition particulière des briques,
tendant à diminuer la pression que le toit devoit éprouver. Comme les indigènes
ne savoient pas faire de voûtes,, ils plaçoient des briques très-larges horizontalement,
de manière que ceües de dessus dépassassent les inférieures : il en
résultoit un assemblage par gradins, qui suppléoit en quelque sorte au cintre
gothique, et dont on a aussi trouvé des vestiges dans plusieurs édifices égyptiens.
Il seroit intéressant de creuser une galèrie à travers le téocalli de Cholula,
pour en examiner , la construction intérieure, et il est étonnant que le désir de
trouver des trésors cachés n’ait pas déjà fait tenter cette entreprise. Pendant
mon voyage au Pérou, en visitant les vastes ruines de la ville de Chimu, près
de Mansiche, je suis entré dans l ’intérieur de fa fameuse Huaca de Toledo,
tombeau d’un prince péruvien, dans lequel Garci Gutierez de Toledo découvrit,
en perçant une galerie, en 15n6 , pour plus de cinq millions de francs en or
massif, comme cela est prouvé par les livres.de compte conservés à la mairie
de Truxillo.
Le grand téocalli de Cholula, appelé aussi la montagne de briques non
cuites (Tlalchihualtepec), avoit à sa cime un autel dédié à Quetzalcoatl, le