lorsque le voyageur se fait conduire par un Indien, qui marche avec
beaucoup plus de vitesse que'lui, ou lorsqu’effrayé par l’aspect de l’eau
qu’il découvre à travers les interstices des bamboux, il à l’imprùdence de
s’arrêter au milieu du pont et de se tenir aux cordages' qui servent de
balustrade. Un pont de hamac ne se conserve généralement en bon état que
pendant vingt à vingt-cinq ans; encore est-il nécessaire de renouveler quelques
cordes tous les huit à dix ans. Mais dans ces pays, la police est si peu
active, qu’il n’est pas rare de voir des ponts dont les pièces de bamboux
sont brisées en grande partie : c’est'sur ces ponts anciens qu’il faut marcher
avec beaucoup de circonspection pour éviter ’des trous si larges que tout le
corps pourroit passer à travers. Peu d’années avant mon séjour à Pénipé,
le pont de hamac du Rio Chambo s’écroula en entier. Cet événement eut
Heu, parce qu’un vent très-sec ayant succédé à de longues pluies, toutes
les cordes se brisèrent à la fois. Quatre Indiens se noyèrent à cette occasion
dans la rivière, qiii est tres-profonde et dont le courant est dune rapidité
extraordinaire.
Les anciens Péruviens construisoient aussi des ponts de bois' dont la
charpente étoit appuyée sur des piles de pierre, mais le plus ordinairement ils se
contentoient de ponts de cordage. Ceux-ci sont extrêmement utiles dans un
pays montueux, où la profondeur des ' crevasses' et l’impétuosité dès torrens
s’opposent à la construction des piles. Le mouvement oscillatoire peut être
diminué par des cordés latérales attachées au milieu du pont, et tendues
diagonalement vers le rivage. C’est par un pont de cordes, dune longueur
extraordinaire, et sur lequel les voyageurs peuvent passer avec des mulets
de charge, que l’on est parvenu, depuis quelques années, à établir une
communication permanente entre les villes de Quito et de Lima/ après avoir
dépensé inutilement un million de francs pour construire, près ' de Santa,
un pont de pierre sur un torrent qui descend de la Cordillère des Andès.