
 
		absurde  pendant  quatorze  siècles  et  demi  d’une  période  sotbique;  si  elle  n’avôit  lieu  que  l'année  
 du  renouvellement  de là  période,  pourquoi  cette  année-là préférablement?  et  enfin,  si  l’on  avançoit  
 la  fête  tous  les  quatre  ans  d’un  jo u r,  il  faut  convenir  que  les  Égyptiens  se  désoloient  bien  à  tort  
 de  la  prochaine  disparition  du  so leil,  puisqu’à   Thèbes  il   s’élevôit  au  solstice  d’h iver  d’environ  
 quarante  degrés.  » 
 «  Vous  avez  comparé  les  noms  des  années  et  des  jours  mexicàins  avec  les  noms  des  signes  
 du  zodiaque  tartare  et  des différens  zodiaques  de  l’ancien  continent.  Vous  avez  démontré qu’on  disoit  
 au  Mexique  le  jour lapin,  tigre ou  singe,  etc.,  comme  on  disoit  en  Asie le mois lièvre, le mois  tigre,  
 le mois singe  etc.-  vous  avez  fait  voir  aussi  que  plusieurs  de  ces  animaux  sont  également  étrangers  
 à  la  Tartarie  et  au  Mexique,  et  cette  dernière  remarque  donne  à  penser  que  l’usage  des  séries  
 périodiques  pour  le   Calcul  du  temps,  commun  aux  Mexicains  et  aux  Asiatiques,  aussi  bien  que  ces  
 dénominations,  pourrait  venir  d’un  pays  bien  différent  et  bien  éloigné.  Ces  questions  sont  du  plus  
 haut  intérêt ;  mais  je  né  m’attacherai  ici  qu’à   la  ressemblance  de  l’un  des  signes  des  Aztèques,  le  signe  
 Cipactli, avec le  capricorne  du zodiaque  grec ou  plutôt  égyptien  :  c’est  le  seul  des  vingt noms  de  jours  
 mexicains qui présente celte analogie. N’est-il  pas remarquable que Cipactli  est le  premier  signe des jours,  
 comme  le  capricorne  est  à  la  tête  des  catastérismes.  Quelque  divergence  qu’il  y   ait  dans  l’ordre  
 des  signes  des  différens zodiaques,  cette analogie  de position  pour le  premier  de  tous  paraît  constatée,  
 e t  il  me  semble  y   vo ir  une  confirmation  de  l’o rigine  du  zodiaque  égyptien.  Qu’on  a it   observé  ou  
 non  le  colure  du  solstice  d’été  au  premier  degré  du  capricorne,  il  est  certain  aujourd’hui  que  le  
 zodiaque  dont  nous  faisons  usage  d’après  les  Romains  et  les  Grec s,  e t   que  ceux -  ci- ont/copié  en  
 É g yp te,  appartient  essentiellement  à  ce  dernier pays  et  à  lui  seul,  et  qu’il  n’a  d’explication  possible  
 qu’en  faisant  rémonter  jusqu’au  capricorne  le  solstice  d’été.  Or  l’année  rurale,  égyptienne  commen-  
 çoit  au  solstice  d’été.  I l  ne  faut  donc  pas  s’étonner  que  le  capricorne  a it  occupé  autrefois  la  
 première  place  parmi  les  dodécatémories.  Si  l’on  savoit  à  quelle  époque  commençoît  jadis  l’année  
 en  Tartarie  au  Tib et  ou  au  Japon,  on  pourrait  déduire  quelque  chose  d’analogue  dè  la  position  
 du  verseau  à  la  tête  du  zodiaque  chez  ces  divers  peuples,  E n   effet,  le  premier  signe  .est  le  rat  
 qui  correspond  au  verseau.  Maliara,  le  monstre marin  du  zodiaque  des  Hindoux,  correspondant-.au  
 capricorne,  y   occupe  le  second  rang,  ce  qui  suppose  encore  le  verseau  au  premier.  Ainsi  les  
 positions  successives  du  colure  solsticial  dans  le  verseaü,  dans  le  capricorne,  et  plus  tard  dans  la  
 vierge,  le  lion  et  le  cancer,  seraient  indiquées  par  les  monumens  les  plus  anciens  e t   les  plus  
 authentiques,  savoir  les  zodiaques  des  peuples.  Mais  je  n’insiste  pas  sur  cette;  idée  qu’il  ne  m’est  
 pas  encore  permis  d’appuyer  d e 'se s   preuves.  Bornons-nous  à  remarquer  que  le  capricorne placé  à  
 la  tête  des  signes  en  Égypte  et  au  Mexique,  est  un  rapport  de  plus  entre  les  deux  pays.  » 
 «  Vous   avez  encore  observé  que  les  poissons  du  zodiaque  égyptien  sont  accompagnés  d’un  porc,  
 animal  q u i,  dans  lé  zodiaque  du  T ib e t,  remplace  le  catastérisme  des  poissons,  et  .que  la  balance  
 répond  au  dragon  du  zodiaque  tartare,  dont  le  nom  a   son  équivalent  dans  le  mot  de  cphuatl  ou  
 couleuvre;  nom'  de  l’un  des  jours  mexicains.  C e   signe  de  la  balance,  dont  on  a  si  mal  à  propos  
 révoqué  en  doute  l’ancienneté,  se  trouve  dans  les  dodécatémories  des  Indiens  et  dans  leurs  maisons  
 lunaires,  aussi  bien  que  dans  le  zodiaque  égyptien.  Ceux  qui  objectent  que  ce n’est  point  un  £û>J'/or  
 ignorent  apparemment que  la' balance  est  toujours  portée  par  une  figure  humaine ,  comme  1 épi  par  
 la vierge, et  le vase par  le  verseau.  Si  la-balance  est  un  signe  ajouté par  les  Romains,  qui  peut  lavo ir  
 sculpté  à  Eléphanta?  I l  est  Vrai  qu’avant  Auguste,  le  scorpion  rèmplissoit  deux  signes  p ar  son  
 étendue  dans  le  zodiaque  des  GreCs  et  des  Romains.  V ith iv e   est  le  premier  écrivain ■ où  on  trouve  
 le  mot  lïbra.  Aratus,  Eudoxe,  Hipparque,  pour  désigner  le  signe  de  la  balance,  • s e toi en t  servis  
 du  nom  de.  jyiXtn,  qui  signifie  serres  de  scorpion.  Mais,  depuis  la  conquête  de  Jules-César,  les  
 Romains  visitèrent  beaucoup  l’Égypte  :  ils  aperçurent  sans  doute  la  balance  sur  les  monumens,  et 
 ils  en  adoptèrent  l'usage.  Germanicus,  q u i,  selon  Tacite,  examina  les  antiquités  d’É g yp te,  traduisit  
 le.poème  d’A ratus,  comme,  avoit  fait  Gicéron,  mais  il  ne  rendit  pas  comme  lu i  le  mo t  f o L ,   par  
 cheloe.  Il  se  servit  du  mot  libra,  et  l’on  vo it  que  V irg ile,  Manilius,  Vitru v e ,  Hygin,  Macrobé,  
 F estus-Avienus,  e tc .,  tous  postérieurs  à  la  conquête  d’È g yp te ,  parient  tous  aussi  de  la . balance.  
 On  peut  en  dire  autant  de  Ptolémée  et  d’Achilles  Tatius.  Ce  sont  les  Chaldéens  plutôt  qûe  les  
 Egyptiens, qu’on pourrait  soupçonner de  n’avoir pas connu  la  balance, puisque Servius, en commentant  
 ces. vers  si  connus  : Anne novum sidus  tardis  te mensibus addas,  etc.,  observe  que  les  Chaldéens  
 divisent  le  zodiaque  en  onze  constellations,  et  les  Egyptiens  en  douze.  L e   commentaire  dè  
 Germanicus  met  la  question  dans  le  plus  grand, jo u r,  en  montrant  que  la  balance  des  Egyptiens  
 étoit  ce  que  les  Grecs  nommoient  cheloe,  et  je   trouve  qu’Eratosthènes  fournit  la  même  remarque  :  
 ô  Içi  fyyoc.  Où  a u r a i t - i l  pris  rapprochement,  si  la  balance  n’existoit  pas  de  son  
 temps?  Eudoxe  étoit  grec  :  en  parlant  aux  Grec s,  il  devoit  employer  le  nom  de  cheloe  qui  leur  
 étoit  connu;  mais  Eratosthènes  écrivant  en  Egypte,  expliquant  la  sphère  grecque,  étoit  à  portée  de  
 dire  à  quel  signe  égyptien  ce  nom  répondoit.  Nous  savons  encore,  par  le  Zend  Avesta,  que  les  
 anciens  Perses  connoissoient  la   balance  astronomique;  et  Saint -  Epiphane '  en  dit  autant  des  
 Pharisiens. Enfin,  qu’y  a - t - i l .  de  plus  fort  que  ce  passage  d’Achilles  Tatius  :  Les.cheloe  que  les  
 Égyptiens  appellent  balance (Uranol.,  p .  16 8).  Je  ne  finirais pas  si  je  citois  tous  les  auteurs. Quant  
 aux  monumens,  on  en  connoft  si  p eu ,  et  ils  sont  si  récens,  .à   l’exception  de  ceux  de  l’E gypte  et  
 de  l’Inde,  qu’ils   n’apprennent  rien  sur  l’antiquité  de  cet  astérisme.  Mais  tout  prouve  cette  antiquité.  
 À   Rome  même,  avant  que  la  balance  fût  placée  dans  le  ciel,  son  nom  étoit  connu.  Cicéron emploie  
 le  nom  de jugum,  il  en  est de  même  de Varron;  Geminus  se  sert  du mot  L ’école  d’Alexandrie  
 n’ignoroit pas  l’existence de  ce signe;  mais  il fàlloit que la ruine  de l’Egypte  fût  consommée  pour mettre  
 en  quelque  sorte  les  temples à  découvert,  procurer  la  connoissance du planisphère  égyptien, e t  fournir  
 l’image  de la balance  que  les Romains ont  empruntée  et transmise. » 
 .« S i je me  suis arrêté sur l’ancienneté du signe de la balance, déjà démontrée par d’autres, c’est que ce point  
 est lié intimement avec le système du zodiaque égyptien; ce qui parait, Monsieur, n’être pas votre sentiment,  
 puisque vous admettez plutôt l’antiquité de cet astérisme en Egypte que la notion du mouvement des fixes.  
 Ce  qu’i l  peut y   avoir de hasardé  dans l’époque attribuée  aux monumens de la  Thébàïde,  c’est la détermination  
 d’une  année  précise,  et non pas une approximation de date, ayant une certaine latitude.  Il ne  faut  
 pas de  grandes, lumières  en  astronomie  pour  reconnoitre  le  point  du  ciel  ou  la  constellation  qu’occupe  
 le  soleil  au  moment  de  son.  apogée;  o r ,   puisque  ce  point  change  .perpétuellement,  .il  est  bien  
 impossible  qu’on  le  peigne  à  la même  place  pendant  vingt  et  quarante  siècles  de  suite.  Qu’y   a - t - i l   
 d’étonnant  que  le  peuple  pour  qui  ce  point  faisoit  le  commencement  de  l’année,  l’a it  désigné  
 successivement par  la   vierge,  le  lion  et  le  cancer,  et  antérieurement  sans  douté  par  d’autres  signes.  
 Je  ne  veux  pas  ôter  pour  cela  aux  Egyptiens  le  mérite  de  cette  découverte  et  de  toutes  les  autres  
 que  nous  ont  transmises  les  Grecs,  si  habiles  à  les  dépouiller;  mais  seulement  je  veux  dire  que  ce  
 fut  pour  eux  une  chose  fort  naturelle  et  toute  simple  que  de marquer  l’ouverture  de  leur  année  là  
 où  ils  la  voyoient  commencer. » 
 «  Vous  avez  rappelé  l’attention  des  savans  sur. le monument  de  Bianchini.  Ce  planisphère me fait  
 souvenir  que  nous  avons  vu  à  Panopolis  un  zodiaque  analogue,  composé  de  cercles  concentriques  
 divisés  en  douze  cases;.  Pococke  l’avoit  aperçu  en  passant.  L e   temps  n’a   pas  permis  de  faire  
 les  fouilles  nécessaires  pour  en  prendre  la  copie.  J’y   ai  vu  une  figure  d’oiseau  comme  celle  que  
 vous  remarquez  dans  le  planisphère  de  Bianchini,  où  elle  correspond au  bélier;  tandis q u e,  dans  le  
 zodiaque  tartare et  japonnois,  l’oiseau  répond  au  taureau.  I l  est  possible  que  ce  marbré,  ainsi  que  
 la  table  isiaque,  ait  été  sculpté  en  Egypte  .ou  d’après  un  ouvrage  égyptien,  mais  il  l’a   été  certainement  
 par  une  main  étrangère  et  peu  fidèle.  »