la dixième Planche, à la gauche du volcan, s'appelle la Tête de l’Inca,
parce que sa chute fat le présage sinistre de la mort du conquérant.
D’autres, plus crédules encore, affirment que cette masse de porphyre
à base de pechstein, fat déplacée dans une. explosion qui arriva au même
instant où l’Inca Atahualpa fat étranglé par les Espagnols à Caxamaroa. H
paroît en effet assez certain que, lorsque le corps d’armée de Pedro Alvarado
passa de Puerto Viejo au : plateau de Quito, il y eut une éruption du
Cotopaxi, quoique Piedro de Cieça 1 et Garcilasso de la Vega- ne désignent
que très-vaguement la montagne qui lança les cendres dont la chute subite
effraya les Espagnols. Mais pour adopter l’opinion que premièrement à cette
époque le rocher appelé la Cabeza. ¿tel Inca avoit pris sa place actuelle,
il faudroit supposer que le Cotopaxi n avoit pas eu d éruptions antérieures ;
supposition d’autant plus fausse, que les murs du palais de llnCa au Callo,
construit par Huayna Capac, renferment des pierres d'une origine vdlca-
nique, et lancées par la bouche du Cotopaxi. Nous discuterons dans un autre
endroit la question importante s’il est probable que ce volcan avoit déjà
atteint sa hauteur actuelle, lorsque le feu souterrain se fit jour à travers sa
cime, ou si plusieurs faits géologiques ne concourent pas plutôt à prouver
que le cône, comme le Somma du Vésuve, est composé d’un grand nombre
de couches de laves superposées lés unes aux autres.
J’ai dessiné le Cotopaxi et la Tête de VInca, à l’ouest du volcan, à la
métairie de la Sienega, sur la terrasse d’une belle maison de campagne
appartenant à notre ami, le jeune marquis de Maenza, qui vient d’hériter’
de la grandesse et du titre de comte de Punelrostro. Pour distinguer, dans ces
vues des sommets des Andes, les montagnes qui sont des volcans encore
actifs, de celles qui ne donnent pas d’éruption, je me suis permis d’indiquer
une fumée légère au-dessus du cratère du Cotopaxi, quoique je nen
aie pas vu sortir à l’époque où je faisois cette esquisse. La maison de
la Sienega, construite par une personne qui étoit intimement liée avec
M. de La Condamine, est placée dans la vaste plaine qui s étend entre les
deux branches des Cordillères, depuis les collines de Chisinche et Tiopullo,
jusqu’à Hambato. On y découvre à la fois, et dans une proximité effrayante,
* Chronica del P eru, i 554> Cap. x l i , fol. 109.
» Comenlarios Reales, lib. 11, C. 11, T . 11, p. 5g.