de décembre, mais le 8 novembre. Le 26 décembre, cette constellation se
levoit déjà -3k- aS* avant le coucher du soleil, et son passage par le méridien
étoit à 8" 33' du soir. Ces circonstances sont naturellement les mêmes pour
tous les lieux de la terre où l’on pourroit supposer que le calendrier mexicain a
été formé; et si l ’on remonte au premier sacrifice célébré à Tlalixco en 1091,
ou aux migrations des Toltèques dans le sixieine siecle de notre ère, on trouve
que, vers le solstice d’hiver, par l'effet de la précession des équinoxes, la
culmination des Pléiades se rapproche davantage du coucher du soleil. Il est
probable que les expressions «aumoment de minuit,» et «au milieu du ciel,»
ne doivent pas être prises dans un sens très-précis. Le père Torquemada parle en
général d’une manière si confuse du système de la chronologie des Mexicains,
qu’on peut supposer qu’il a mal entendu presque tout ce que les Indiens lui ont
rapporté des phénomènes astronomiques. Apres avoir dit formellement que le
cycle, et par conséquent 1 annee, finissoit au mois de décembre, il admet que
le premier jour de l’an est le 1.“ février; et il ajoute qu’au solstice d’hiver,
le soleil arrive à Mexico au point le plus élevé de sa course. Torquemada a
réuni, avec la plus scrupuleuse exactitude, des noms, des traditions et des
faits isolés : mais, dépourvu de toute critique, il se contredit lui-même chaque
fois qu’il essaie à combiner ces faits, ou à juger de leurs rapports mutuels.
Comme les Mexicains ne connoissoient pas l’usage des clepsydres, qui sont
très-anciens* en Cbaldée et à la Chine, ils ne pouvoient pas indiquer avec
précision le moment de minuit. D’ailleurs, le coucher cosmique des Pléiades
étoit aussi regardé, dans toute l ’Asie, comme une indication du commencement
de l’hiver2. On chercheroit en vain une exactitude rigoureuse dans des traditions
populaires, qui peut-être avoient pris naissance dans des régions plus boréales,
où le froid se fait sentir un mois avant le solstice.
Ce que nous venons de dire sur la constellation des Pléiades suffit d ailleurs
pour prouver combien quelques auteurs ont eu tort de regarder comme incertain
si l’année commencoit vers l’équinoxe du printemps, ou vers le solstice d hiver.
PlilS on s’éloigne de l’époque du 5 novembre, jour du lever aCronique des
Pléiades, moins il est possible qu’au milieu de la nuit où se faisoit le sacrifice
> Sbxt. Empir. pag. Stephan. n 3 . Lettre du Père Du Croz, dans Souciet, Observât., Tom. 1 ,
pag. 246.
1 B a i l l i , Astr. mod., pag. 4-77*
séculaire, les Mexicains aient vu cette constellation près du zénith*. Cependant
Torquemada, Léon et Betancourt ont cru que l’année commencoit le i." ouïe
2 février; Acosta et Clavigero, le .26 du même mois; Valadès et Alva Ixtlilxochitl,
le. 1." et le 20 mars; Gemelli et Veytia, le 10 avril. Au seizième siècle la
culmination des Pléiades avoit lieu le jour de l’équinoxe du printemps, 3k 8 ' avant
le coucher du soleil. Il est vrai que, d’après une ancienne tradition2, la disparition
de cette constellation au lever du soleil marquoit jadis le jour de l’équinoxe
d’automne, ce qui suppose une observation faite trois mille ans avant notre ère :
mais nous ne saurions admettre que les Mexicains avoient reçu leur chronologie
d’un peuple qui commençoit l’année à l’entrée de l’automne. La concordance des
dates, plusieurs phénomènes astronomiques,le témoignage des auteurs espagnols,
qui ont accumulé des matériaux sans connoître le véritable système du calendrier,
tout parle pour le système de Gama. Je me contenterai de citer ici une
seule de ces preuves. L ’historiographe indien Christoval del Castillo, dans un
ouvrage manuscrit3 écrit en mexicain et conservé à Mexico, affirme que les cinq
jours complémentaires étaient ajoutés à la fin du mois Atemoztli, qui corres-
pondoit, d’après le témoignage unanime des auteurs indiens et espagnols, à notre
mois de décembre. Torquemada dit en outre que la troisième fête du dieu de
l’eau étoit célébrée au solstice d’hiver, qui a fieu vers la fin d'Atemoztli, et que
le.cycle finit au mois de décembre. Toutes ces circonstances s’accordent à placer
les jours intercalaires peu de temps après le solstice d’hiver. La cfainte de voir
s’éteindre ou s’éloigner l ’astre du jour, les idées de deuil et de joie exprimées
dans la fête séculaire, se rapportent aussi bien mieux à l’époque de raccourcissement
des jours qu’à celle de l ’équinoxe. Il est vrai que c’était , à l’entrée
du printemps, qu’à Rome le pontife prenoit le feu nouveau sur l ’autel de
Yesta, et que les Perses célébroient les grandes fêtes du Neurouz : mais les
motifs4 de ces fêtes étaient différens de ceux qui guidoient les Mexicains et les
Egyptiens dans les fêtes solsticiales et isiaques.
J’ai exposé le système de l’intercalation, tel qu’on le voit indiqué dans
lés manuscrits mexicains, tel que l ’ont adopté Siguenza, Clavigero, Carfi| .
| Gama, | 3 5 , pag. 5a, note.
2 Plih. S û t . Nat., Lib. xvra, c. 26 (ed. Harduin, 1741. Tom. n , pag. 12g.)
5 M S S ., cap. 71.
4 Dupuis, Origine des Cultes, Tom. 1, pag. i 56; Tom. n , P. 2, pag. g6.