au Mexique et au Pérou, ont été naturellement enclins à exagérer les analogies
qu’ils croyoient reconnoitre entre la cosmogohiië des Aztèques et les- dogmes
de la religion chrétienne. Imbus des traditions hébraïques, entendant imparfaitement
les langues du pays et lè sens des peintures hiéroglyphiques , ils
rapportèrent tout au système qu’ils s’étoient formé ; semblables aux Romains,
qui ne Voy oient chez lès Germains et les Gaulois que leur culte et leurs
divinités-. En employant une saine critique, on ne trouve chez les Américains
rien qui rende nécessaire la supposition que les peuples asiatiquès" ont reflué
dans ce nouveau continent après l’établissement de la religion chrétienne. Je
suis bien éloigné de nier la possibilité de ces communication^ postérieures : je
n’ignore pas1 que les Tchoutskis traversent annuellement le détroit de Bering
pour faire la guerre aux habitans de la côte nord-ouest de l ’Amérique; mais
je crois pouvoir affirmer, d'après les connoissances que nous avons acquises,
depuis la fin du dernier siècle, sur les livres sacrés des Hindoux, que,
pour expliquer ces analogies de traditions dont parlent tous les premîèrs
missionnaires, on n’a pas besoin de recourir à l’Asie occidentale, habitée par
des peuples de race sémitique, ces mêmes traditions, d’une haute et vénérable
antiquité, se retrouvant et parmi les sectateurs de Brahma et parmi les
Chamans du plateau oriental de là Tartarie.
Nous reviendrons sur cet objet intéressant, soit en parlant des Pastoux%
peuple américain qui ne se nourrissoit que de végétaux, et qui avoit en
horreur ceux qui mangeoient de là viande; soit eiî exposant le dogme1 de la
métempsycose -répandu parmi les Tlascaltèques. Nous examinerons la tradition
mexicaine des quatre soleils ou des quatre destructions du monde, ainsi que
les traces' du trimurti ou de la trinité des Hindoux, trouvées dans le culte
des Péruviens.. Malgré ces rapports frappans entre les peuples du -nouveau
continent et les tribus tartares qui ont adopté la religion de Bouddah , je
crois reconnoitre dans la mythologie des Américains, dans le 'style de leurs
peintures, dans leurs langues, et surtout dans leur conformation extérieure, les
descendans d une race d’hommes qui, séparée de bonne heure du reste de
l’espèce humaine, a suivi, pendant une longue série de siècles, un A route
particulière dans le développement de ses facultés intellectuéllës et dans sa
tendance vers la civilisation.
1 Voyez mon Essai politique sur la Nouvelle-Espagne, p. 34.6.
a Gakcilasso , Comentarios reales, Tom. I , p. 374.