V U E S D ES C O R D ÎU L È R E S ,
objets inanimés. Si l’on adopte l’idée ingénieuse de M. Hager, diaprés laquelle
la pierre sacrée, rapportée par Michaux des bords dù Tigre, est uh ancien
zodiaque, on reconnoîtra que, chez les Chaldéens, la série des véritables
étoit aussi interrompue par des autels, dés tours et dés maisons'. Ce dernier
but favorise l'hypothèse qup les dodécatémorions doivent leur origine aux
maisons ou hôtelleries lunaires. La même pierre semble offrir une autre
analogie. Dans le cycle tartare, le tigre correspond au sagittaire, indiqué
souvent par une simple flèche. Dans le zodiaque décrit par M. Hager, on
reconnoît, outre le loup ou chien marron, et le capricorne ou poisson-gazelle,
une flèche qui représente le fleuve du Tigre. Cette analogie èst purement
accidentelle, car le nom du fleuve n’a rien de commun ayeo celui que porté
l’animal tigre dans les langues de 1 Orient.
Lorsqu’on se rappelle que le zodiaque qui renferme un chien, un lièvre
et un singe, appartient exclusivement à l’Asie Orientale, et que de là il a
vraisemblablement passé en Amérique, on est surpris de Voir qu’on en ait
eu connoissance à Rome dans les premiers siècles de notre ère ; époque
à laquelle le planisphère de Bianchini a été sculpté. Les astrologues ou
Chaldéens, établis en Grèce et en Italie, communiquoient sans doute avec
ceux de l ’Asie : ces communications devoient être-d autant ,plus fréquentes
et plus étendues, que l’astrologie étoit plus en vogue chez le peuple et. a la
cour dès Césars. Sur huit signes qui sont reconnoissables dans le planisphère de
Bianchini, il n’y en a qu’un seul, le cancer, qui n’appartienne pas au zodiaque
tartare. Le lièvre qui se retrouve chez les Tibétains et les Mexicains, èst uri
peu haut de jambes, mais sa place dans le scorpion le caractérise suffisamment;
J’ignore pourquoi M. Bailly a pris le chien ou le loup pour un cochon. Ce
dernier animal se trouve cependant aussi dans le zodiaque tartare; il correspond
au signe des poissons de la sphère grecque; et, ce qui est très-remarquable, dans
les planisphères du temple de Tentyra on voit deux fois, près de ce même signe ",
une figure qui tient un cochon, dans sa main. Le monument décrit par Bianchini
est d’autant plus intéressant que, dans aucun ouvrage d’astronomie, grec ou
latin, pas même dans les Saturnales de Macrobius, écrites du temps de
Théodose , on ne reconnoît les traces de ce cycle d animaux., dont les
■ Illustrazione di uno Zod. orientale, Cap. vin, pag. 5g , Tav. a.
* Derok, Voyage, PL i 3o et i 3a.
Monghols et d’autres hordes tartares qui ont dévasté l ’Europe, ont fait, sans
doute, usage dans leur chronologie, et que nous n’avons cependant appris à
bien connoître que par nos communications avec la Chine et le Japon. Il
est étrange que Téioquent historien de l ’Académie, Fontenelle, n’ait pas
reconnu que les rêveries astrologiques sont intimement liées aux premières
notions .de l’astronomie , et qu’elles peuvent servir à répandre du jour sur
les anciennes communications des peuples. «Le monument, dit-il, sur lequel
« Bianchini a désiré des renseignemens, appartient à l’histoire des folies des
« hommes, et l’Académie a quelque chose de mieux à faire que de s’occuper
« de ce genre de recherches. »
En réunissant maintenant ce que nous avons exposé sur les différentes
divisions de l ’écliptique, et sur les signes qui président, dans les deux conti-
nens, aux années, aux mois, aux jours et aux heures, nous trouvons les résultats
suivans. Chez-les peuples qui ont fixé leur attention sur la voûte étoilée du
ciel, le zodiaque lunaire, divisé en vingt-sept ou vingt-huit mansions, est plus
ancien que le zodiaque en douze parties ; ce dernier, qui n’a d’abord été qu’un
zodiaque des pleines lunes, est devenu plus tard un zodiaque solaire. Les
noms des mois sont tantôt choisis,parmi les mansions lunaires, comme chez
les Hindoux; tantôt ils sont ceux des dodécatémorions, comme dans l’année
dionysienne. On dit encore, sur les rives du Gange : les mois Flèche, Maison
ou Tète d’Antilope; comme, du temps de Ptolémée Philadelphe, on dhoit à
Alexandrie : les mois Didymon, Parthenon et Aegon, mois des . gémeaux,
de la vierge et du .capricorne '. Une liaison intime s’observe entre les noms
des dodécatémorions et ceux des nakchatras : chez plusieurs peuples, les
derniers ont passé aux jours lunaires. Outre la division réelle de l ’ecliptique
qui est une zone du ciel étoilé , il existe . encore, et surtout dans l ’Asie
orientale, des divisions du temps que le soleil emploie pour revenir à peu-
près aux mêmes étoiles ou au même point de l ’horizon. Ces cycles', composés
généralement de. douze ou de vingt-quatre parties, d’après le nombre des
lunaisons ou demi-lunaisons écoulées,, appartiennent plutôt , à la chronologie
qua 1 astrognosie ; ils ne présentent qu’iine .division .idéale de l ’écliptique,
dont chaque partie prend un nom et un signe* particulier. Tels sont les animaux
tartares, les tse et les tsieki des Chinois. Ces signes, qui ne mesurent que
' Idelbr , Hist. Unlersuch., S. 26I.