habitans désignent par le nom de tierra templada (région tempérée), parce qu’il
y règne un printemps perpétuel, s’élève une colline isolée, qui, d’après les
mesures barométriques de M. Alzate, a cent dix-sept mètres au-dessus de sa
•base. Cette colline se trouve à l’ouest du chemin qui conduit de Cuernavaca au
village de Miacatlan. Les Indiens l ’appellent, en langue mexicaine ou aztèque,
Xochicaleo, ou la Maison desfleurs.. Nous verrons dans la suite de cette notice,
que ¡’étymologie de ce nom est aussi incertaine que l ’époque de la construction
du monument, que l ’on attribue aux Toltèques. Cette nation est, pour les
antiquaires mexicains, ce que les colons Pelasges ont été long-temps pour les
antiquaires de -l’Italie. Tout ce qui se perd dans la nuit des temps est regardé
comme l’ouvrage d’un peuple chez lequel on croit trouver les premiers germes
de la civilisation.
La colline de Xochicaleo est une masse de rocs, à laquelle la main de
l’homme a donné une forme conique assez régulière, et qui est divisée en
cinq assises ou terrasses, dont chacuDe est revêtue de maçonnerie. Les assises
ont à peu près vingt mètres d’élévation perpendiculaire. Elles se rétrécissent
vers la cime, comme dans les téocallis ou les pyramides aztèques, dont le
sommet étoit orné d’un autel. Toutes les terrasses sont inclinées vers le
sud-ouest, peut-être pour faciliter l ’écoulement de l’eau des pluies, très-
abondantes dans cette région. La colline est entourée d’un fossé assez profond
et très-large, de sorte que tout le retranchement a près de quatre mille mètres
de circonférence. La grandeur de ces dimensions ne doit pas nous étonner :
sur le dos des Cordillères du Pérou, et à des élévations qui égalent presque
celle du pic de Ténériffe, nous avons vu, M. Bonpland et moi, des monumens
plus considérables encore. Les plaines du Canada offrent des lignes de défense
et des retranchemens d’une longueur extraordinaire. Tous ces ouvrages américains
ressemblent à ceux que l’on découvre journellement dans la partie
orientale de l ’Asie, où des peuples de race mongole, surtout ceux qui sont
le plus avancés en civilisation, ont construit des murailles qui séparent des
provinces entières.
Le sommet de la colline de Xochicaleo présente une plate-forme oblongue,
qui, du nord au sud, a soixante-douze mètres, et de l’est à 1 ouest, quatre-
vingt-six mètres de longueur. Cette plate-forme est entourée d un mur de
pierre de taille, dont la hauteur excède deux mètres, et qui servoit à la
défense des combattans. C’est au centre de cette place d’armes spacieuse que
l’on trouve les restes d’un monument pyramidal qui avoit cinq assises, et dont
la forme ressemble à celle des téocallis que nous venons de décrire plus
haut. La première assise seule en a été conservée ; c’est celle dont le dessin
se trouve sur la neuvième Planche. Les propriétaires d’une sucrerie voisine
ont été assez barbares pour détruire la pyramide, en arrachant des pierres
qu’ils ont employées dans la construction de leurs fours. Les Indiens de
Tetlama assurent que les cinq assises existoient encore en i j 5o et, d’après
les dimensions du premier gradin, on peut supposer que tout l’édifice avoit
vingt mètres d’élévation. Ses faces sont exactement orientées d’après les
quatre points cardinaux. La base de l’édifice a ao"',n de long, sur x7“',4 de
large. On ne découvre, et cette circonstance est très-frappante, aucun vestige
d’escalier qui conduise vers la cime de la pyramide,- où l’on, assure avoir
trouvé jadis un siège de pierre ( ximotlaüi ) orné d’hiéroglyphes.
Les voyageurs qui ont examiné de près cet ouvrage des peuples indigènes
de l’Amérique, ne peuvent assez admirer le poli et la coupe des pierres,
qui ont toutes la forme de parallélipipèdes ; le soin avec lequel elles ont été
unies les unes aux autres, sans que les joints aient été remplis de ciment,
et l’exécution des refiefs dont les assises sont ornées : chaque figure occupe
plusieurs pierres à la fois, et les contours n’étant pas interrompus par les
joints des pierres, on peut supposer que les reliefs ont été sculptés après qqp
la construction de l’édifice étoit achevée. On distingue, parmi les ornemens
hiéroglyphiques de la pyramide de Xochicaleo, des têtes de crocodiles qui
jettent de l ’eau, et des figures d’hommes qui sont assis les jambes croisées,
à la manière des peuples de l’Asie. En considérant que l’édifice se trouve
sur un plateau élevé de plus de treize cents mètres au-dessus du niveau de
l’Océan, et que les crocodiles n’habitent que les rivières voisines des côtes, on
est étonné de voir que l’architecte, au fieu d’imiter des plantes et des animaux
connus aux peuples montagnards, ait employé dans ces reliefs, avec une
recherche particulière, les productions gigantesques de la zone torride.
Le fossé dont la colline est entourée, le revêtement des assises, le grand
nombre d’appartemens souterrains creusés dans le roc du côté du nord,
le mur qui défend l’approche de la plate-forme, tout concourt à donner au
monument de Xochicaleo le caractère d’un monument militaire. Les naturels