dans lequel on les troure désigne en quelque sorte l’ordre chronologique de
leurs migrations. Peut-on douter qu’en Europe dés peuples leS plus occidentaux,
les ïhériens et les Cantabres., ne fussent arrivés avant les nations lés plus
rapprochées de l’Asie, avant les J’hraces, les Ulyriens et ries Pelasges?-
Or, quelle que soit l ’ancienneté relative des différentes races d’hommes
fixés dans les'montagnes du Mexique, qui sont le Caucase américain, il
paroît certain qu’aucun de ces peuples, - depuis les Olmèques jusqu aux
Aztèques, ne connoissoit depuis long-temps lusage barbare de sacrifier des
victimes humaines. La divinité principale des Toltèques s’appeloit Tlaloeteuctli :
c’étoit à la fois le dieu de l ’eau, des montagnes et des orages. Aux yeux de ce
peuple montagnard, c’est sur les hautes.cimes, toujours enveloppées de nuages,
que se' prépare mystérieusement le tonnerre : c est là qu il placé le séjour du
Grand Esprit Téotl, de cet être invisible appelé Ipalnemoani et Tloque-
Nahuatjuej parce qu’fi ¿existe que par tui-méme, et parce qu’il renferme
tout en lui : c'est de cette région presque inaccessible que vient la tempête
qui détruit les cabanes, et la pluie bienfaisante qui vivifie les champs. Les
Toltèques srvoïent érigé, sur- la cime d’une haute montagne, l’image de
Tlalocteuctli : cette image , grossièrement sculptée, étoit faite avec une pierre
blanche, regardée comme pierre divine (teotetl) ; car ce peuple, semblable
aux Orientaux', attachoit des idées superstitieuses à la couleur de certaines
pierres. Tlalocteuctli étoit représenté la foudre en main, assis sur une pierre
en forme de cube, ayant devant lui un vase <?ans lequel on lui offroitdu
caoutchouc et des semailles. Les Aztèques suivirent ice. même culte jusqua
l ’année ifiry,. où la guerre avec les habitans de la ville de Xochimilcd leur
fournit la première idée d’un sacrifice humain. Les historiens mexicains qui,
immédiatement après la prise de Ténoehtitlan, ont écrit dans leur propre
langue , mais en se servant de l’alphabet espagnol, nous ont transmis les détails
de cet événement affreux.
Depuis le commencement du quatorzième-siècle, les Aztèques vivaient sous
la domination du roi de Colhuacan : c’étoient eux qui avoient contribué le plus
àla victoire que ce roi avoit remportée sur les Xochimilques. La guerre finie,
ils voulurent offrir un sacrifice à leur dieu principal, Huitzilopoehtli ou
Mexitli, dont l’image en bois, placée dans une chaise de roseaux appelée siège
1 M i llï i Dissertaliones selectæ, p. 3og.
de Dieu, Teoiepaüij et portée sur les épaules de quatre prêtres,Tes avoit précédés
dans leur migration. Ils demandèrent à leur maître, le roi de CBlhüaoah;
de.leur donner quelques objets- diè prix pour rendre ce sacrifice plus solétnneL
le roi, si Tpn ose nommer-ainsi le chef d ’une horde peu nombreuse, leur
envoya nn oiseau mort, enveloppé dans une toile d’un tissu groslief j pour
ajouter la dérision à l ’insulte, il leur proposa d’assister Im-mêrne à la fête : lés
Aztèques feignirent d’être contens de cette offre; mais ils résolurent en mêttié
temps, de faire un sacrifice qui. inspirât de-1* terreur à -leurs maîtres. Après une
longue danse autour de l ’idole, ils amenèrent quatre prisonniers xochimilques,
qu’ils avoient tenus cachés depuis long-temps: ces malheureux’fiúeffi ‘iifií¿ólés;
avec-les cérémonies observées encore lors de la conquête des Espagnols, sur
la plate-forme de la grande pyramide de Ténoehtitlan; qui étoit dédiée à ce
même, dieu de la guerre, Huitzilopoehtli. Les Colh«ïmarquèrent üùe"jùsté
horreur pour ce sacrifice humain, le premier qui eût été fait dans leur pays :
craignant la férocité de leurs esclaves, les - voyant enorgueillis dm-siiK®
obtenu dans la guerre contre lés- Xochimilques, ils rendirent la liberté aux .
Aztèques, en leur enjoignant de quitter le territoire de Colhuacan.
Le premier sacrifice avoit' eu des suites heureuses pour le peuple opprimé ;
bientôt la vengeance donna lieu au second. Après la fondation de Ténoehtitlan,
un Aztèque parcourt le rivage du lac, pour tuer quelque animal quTTpuisse
offrir au dieu Mexitli; il rencontre un habitant de Colhuacan, appelé Xomimit].
Irrité contre ses anciens maîtres, l’Aztèque attaque le Colhue corps à corps:
Xomimitl vaincu; est conduit à la nouvelle ville; il expire sur la pierre fatale
placée au pied de l ’idole.
Les circonstances du troisième sacrifice sont plus tragiques encere. La paix
s’est rétablie en apparence entre les Aztèques et les babitaûs de Colhuacan;
cependant les prêtres de Mexitli ne peuvent contenir leur haine contre un
peuple voisin, qui les a fait gémir dans l ’esclavage : ils méditent une vengeance
atroce; ils engagent le roi de Colhuacan à lëur confier sa fille unique pour être
élevée dans le temple de Mexitli, et pour y être, après sa mort, adorée comme
la mère de ce dieu protecteur des Aztèques; ils ajoutent que c’est l’idole même
qui déclare sa volonté par leur bouche. Lé roi crédule accompagne sa fille ; il
1 introduit dans l’enceinte ténébreuse du temple : là les prêtres séparent la
lie et le père ; un tumulte se fait entendre dans le sanctuaire ; le malheureux