frappantes dans leurs édifices, leurs institutions religieuses, leurs
divisions du temps, leurs cycles de régénération - et leurs idées
mystiques. I l est du devoir de l’historien d’indiquer ces analogies y
aussi difficiles à expliquer que les rapports qui existent entre le
sanscrit, le persan, le grec et les langues d’o rigine germanique : mais en
essayant de généraliser les idées, il faut savoir s’arrêter au point où
manquent les données exactes. C’est d’après ces principes que j’exposerai
ici les résultats auxquéls semblent conduire les notions que j ’ai acquises
jusqu’à ce jour sur les peuples indigènes du nouveau monde. -
En examinant attentivement la constitution géologique de l’Amérique
, en réfléchissant sur l'équilibre des fluides qui sont répandus
sur la surface de la terre, on ne sauroit admettre que le nouveau
continent soit sorti des eaux plus tard que l’ancien. O n - y observe
la même succession de couches pierreuses que dans notre hémisphère,
et il est probable que , dans les montagnes du Pérou, les granités,
les schistes micacés ou les différentes formations de' gypse et de grès
ont pris naissance aux mêmes époques que les roches analogues des
Alpes de la Suisse. L e globe entier paroît avoir-subi les mêmes
catastrophes. A uue hauteur qui excède celle du M o n t-B lan c , së
trouvent suspendues, sur la crête des Andes, des pétrifications de
coquilles pélagiques. Des ossemens fossiles délephans sont epars dans
les régions équinoxiales, et, c é 'q u i es t très-remarquable, ils ne se
trouvent pas au pied des palmiers dans les plaines brûlantes de
l’Orénoque, mais sur les plateaux les plus "froids et les plus élevés des
Cordillères. Dans le nouveau monde, comme dans 1 ancien, des
générations d’espèces détruites • ont précédé celles qui peuplent
aujourd’hui la terre, l’eau et les airs.
Rien ne prouve que l’existence de 1 homme soit beaucoup plus
récente en Amérique que dans les autres côntinens. Sous les tropiques,
la force de la v ég é ta tion ,'la largeur des fleuves et les inondations
partielles ont mis de puissantes entraves aux migrations des peuples.
De vastes rcontrées de l’Asie boréale sont aussi foiblement ’peuplées
que les savanes du Nouveau-Mexique et du Paraguay, et il n’est
pas nécessaire de supposer que les contrées les plus anciennement
habitées soient celles qui offrent la plus grande masse d’habitans.
L e problème de la première population de l’Amérique n’est pas
plus du ressort de l’histoire, que les questions sur l ’origine des plantes
et des animaux et sur la distribution des germes organiques ne sont du
ressort des sciences naturelles. L ’histoire, en remontant aux époques
les plus reculées, nous montre presque toutes les parties du globe
occupées par des hommes qui se croient aborigènes, parce qu’ils
ignorent leur filiation. A u milieu d’une multitude de peuples qui se
sont succédés et mêlés les uns aux autres, il est impossible de
reeonnoître avec exactitude la première base de la population, cette
couche primitive a u -d e là de laquelle commence le domaine des
traditions cosmogoniques.
L e s nations de l ’Amérique, à l'exception de celles qui a voisinent
le cercle p olaire, forment une seule race caractérisée par la conformation
du-crâne, par la couleur de la peau, par l’extrême rareté de
la barbe et par des cheveux plats et lisses. L a race américaine a des
rapports très-sensibles, avec celle des peuples mongols qui renferme
les descendans des H io n g -n u , connus jadis sous le nom de Huns,
les Ralkas, les Kalmuks et les Burattes. Des observations récentes ont
même prouvé que non seulement les habitans d’U nalaska,. mais aussi
plusieurs peuplades dé l ’Amérique méridionale, indiquent, par des
caractères ostéologiques de la tête, un passage de la racé américaine
à la race mongole. Lorsqu’on aura mieux étudié les hommes bruns
de 1 Afrique et cet essaim de peuples qui habitent l ’intérieur et le
nord-est de lA s ie , et que des voyageurs systématiques désignent
vaguement sous le nom de Tartars et de Tschoudes, les races
caucasienne, mongole, américaine, malaye et nègre paroîtront moins
isolées y ‘ et l’on recônnoîtra, dans cette grande famille du genre