est cité par M. Bailly en faveur de l’opinion que la semaine des Hindoux
étoit connue aux Américains, affirme que, d’après une ancienne loi de l ’inca
Pachacutec, il devoit y avoir, dans chaque mois lunaire, trois jours de fêtes
et de marché (catu), et que le peuple devoit travailler, non sept, mais huit
jours consécutifs pour se reposer le neuvième *. Yoilà indubitablement une
division d’un mois lunaire, ou d’une révolution sidérale de la lune, en trois
petites périodes de neuf jours.
Nous observerons, à cette occasion, que les Japonnois % peuple de race
tartare, ne connoissoient pas non plus la petite période de sept jours, tandis
qu’elle est usitée chez les Chinois, qui paroissent aussi originaires du plateau
de la Tartarie, mais qui ont eu long-temps des communications intimes avec
l’Indostan3 et le Thibet.
Nous avons vu plus haut que Tannée mexicaine offroit, comme celle des
Égyptiens et comme le nouveau calendrier françois, l’avantage d’une division
en mois d’égale durée. Les cinq jours complémentaires, les epagomènes
(¿7ra.y0p.evai) des Égyptiens, étoient désignés chez les Mexicains par le nom de
nemontemi ou vides. Nous verrons bientôt l’origine de cette dénomination; il
suffit d’observer ici que les enfans nés pendant les cinq jours complémentaires,
étoient regardés comme malheureux, et qu’on les appeloit nemoquichtli ou
nencïhuatl, homme on femme infortunés, afin que, comme disent les écrivains
mexicains, ces noms mêmes leur rappelassent, dans tous les evenemens de la
vie, combien peu ils devoient se fier à leur étoile.
Treize années mexicaines formoient un cycle, appelé tlalpiUi, analogue à
l’indiction des Romains. Quatre tlalpilli formoient une période de cinquante-
deux ans, ou xiuhmolpiüi, ligature des années : enfin, deux de ces périodes de
cinquante-deux ans formoient une vieillesse, cehuehuetiliztli. Pour m énoncer
avec plus de clarté, je nommerai, avec plusieurs auteurs espagnols, la ligature
un demi-siècle,-et la vieillesse un siècle. L ’hiéroglyphe du demi-siècle est
conforme à la signification figurée du mot; c’est un paquet de roseaux liés
par un ruban. Un demi-siècle (xiuhmolpiüi) étoit regardé par les Mexicains
comme une grande année , et cette dénomination a sans doute engagé Gomara
1 Garcilasso, Lib. v i, G .x x x v , Tom.i , pag. 216.
a Voyage de T hunberg au Japon, pag. 017.
3 Siu W illiam Johbs , dans les Bach, asiat., Tom. 1, pag. &o .
à appeler les indictions, ou les quatre cycles de treize ans, de grandes semaines,
las semanas del ano.
L ’idée de désigner une période par un mot qui rappelle un faisceau
d’années ou de lunes, se retrouve chez les Péruviens. Dans la langue qquichua,
lingua del Inga, une année de trois cent soixante-cinq jours s’appelle huata,
mot qui dérive évidemment de huaiani, lier, ou huatanan, grosse corde de
jonc. D’ailleurs, les Aztèques n’avoient pas d’hiéroglyphes pour la vieillesse,
ou siècle de cent quatre ans, dont le nom indique, pour ainsi dire, le terme
de la vie des vieillards.
En résumant ce' que nous venons de dire sur la division du temps, nous
trouvons que les Mexicains avoient de petites périodes de cinq jours ( demi-
décades), des mois de vingt jours, des années civiles de dix-huit mois, des
indictions de treize ans, des demi-siècles de cinquante-deux ans, et des siècles,
ou vieillesses, de cent quatre ans.
D’après les recherches curieuses de M. Gama, il paroît certain qu’à la
clôture d’un cycle de cinquante-deux ans, l ’année civile des Toltèques et des
Aztèques, comme celle des Chinois et des Hindoux, finissoit au solstice d’hiver,
« lorsque », comme disent naïvement les premiers moines missionnaires envoyés
à Mexico, « le soleil, dans sa course annuelle, recommence son ouvrage, quando
desanda lo andado. » Ce même commencement de l ’année se trouve chez les
Péruviens, dont le calendrier seul indique d’ailleurs qu’ils ne descendent pas
des Toltèques, comme plusieurs écrivains l’ont supposé gratuitement2. Les
habitans de Cuzco conservoient une tradition3, d’après laquelle le premier jour
de l’année correspondoit jadis à notre i." janvier, jusqu’à ce que l ’inca
Titu-Manco-Capac, qui prit le surnom de Pachacutec (réformateur du temps f
ordonna que l’année commençât., « lorsque le soleil revient sur ses pas » ,
c’est-à-dire, au solstice d’hiver.
Il existe, parmi les auteurs espagnols, une grande confusion dans la
dénomination et la suite des dix-huit mois mexicains. Plusieurs de ces mois
portaient trois à qùatre noms à la fois ; et quelques auteurs oubliant que
1 Gomara, Conquista de Mexico} i 553, fol. 118.
* Voyez plus haut, pag. 72, et mon Essai sur la population primitive de l’Amérique, Berlin. Monatschrft,
1806. M en , p. 177, 2p8.
1 Acosta, pag. 260.