compte de la lune, ou Metzlapohualli; la seconde dénomination dérive de
cempohualli, vingt , et de ilhuitl, fête ; elle fait allusion, soit aux vingt jours
contenus dans chaque mois, soit aux vingt fêtes solennelles célébrées pendant
le cours d’une année civile, dans les téocallis ou maisons des Dieux.
Le commencement du jour civil des Aztèques étoit compté comme celui des
Persans, des Égyptiens *, des Babyloniens et de la plupart des peuples de
l’Asie, à l’exception des Chinois, depuis le lever du soleil. Il étoit divisé en
huit intervalles, division que l ’on retrouve* chez les Hindoux et les Romains.
De ces huit intervalles, quatre étoient déterminés par le lever, le .coucher,
et les deux passages du soleil par le méridien. Le lever s’appeloit Yquiza
Tonatiuh; le midi, Nepantla Tonatiuh; le coucher, Onaqui Tonatiuh ; et
minuit, Yohualnepantla. L ’hiéroglyphe du jour étoit un cercle divisé en quatre
parties. Quoique, sous le parallèle de la ville de Mexico, la longueur du jour
ne varie pas de plus de deux heures vingt-une minutes, il est cependant
certain que les heures mexicaines devoient être originairement inégales, comme
le sont les heures planétaires des Juifs, et toutes celles que les astronomes
grecs désignoient sous le nom de Kçufuuti par opposition aux îtrnp.eptvcu , heures
équinoxiales.
Les époques du jour et de la nuit, qui correspondent à peu près à nos
heures 5 , 9, i 5 et 2 1, temps astronomique, n’avoient pas de.noms particuliers.
Pour les désigner, le Mexicain montroit, comme le font nos laboureurs, le
point du ciel auquel seroit placé le soleil, ensuivant sa course de l’orient à
l’occident ; ce geste étoit accompagné de ces mots remarquables : iz Teotl,
là sera Dieu ; locution qui rappelle l’époque heureuse où les peuples sortis
d’Aztlan ne connoissoient encore d’autre divinité que le soleil, et n’âvoient
point un culte sanguinaire3.
Chaque mois mexicain de vingt jours étoit subdivisé en quatre petites
périodes de cinq jours. C’est au commencement de ces petites périodes que
chaque commune célébroit sa foire, ou Tiangiiiztli. Les Muyscas, nation de
l’Amérique méridionale, avoient des semaines de trois jours. Il paroît qu’aucun
peuple du nouveau continent n’a connu la semaine, ou le cycle de,sept jours,
1 Ideleb, Hist. Unters. ü b e r die astr. Beob. d e r Allen., pag. 26.
* B a illy , Hist. de l’Astr. anc., pag. 296.
5 Voyez plus haut, pag. g4-
qui se trouve chez les Hindoux, les Chinois,, les Assyriens et les Égyptiens,
et qui, comme l ’a très-bien observé Le Gentil ‘ , est usité chez la plupart des
peuples de l’ancien monde.
Un passage de l’histoire des Incas , par Garcilasso, a fait penser à
MM. Bailly et Lalande * que les Péruviens comptoient par cycles dé sept
jours. « Les Péruviens, dit Garcilasso, comptent les mois par la lune; ils
« comptent les demi-mois d’après la lune croissante et décroissante ; ils
« comptent les semaines par les quartiers, sans avoir de noms particuliers
« pour les jours de la semaine. » Mais le père Acosta, plus instruit que
Garcilasso, et qui, vers la fin du seizième siècle, composa, au Pérou même,
les premiers livres de sa géographie physique du nouveau continent, dit
clairement que ni les Mexicains ni les Péruviens ne'connoissoient la petite
période de sept jours : « car cette période, ajoute-t-il, ne tient pas plus au
« cours de la lune qu à celui du soleil. Elle doit son origine au nombre des
« planètes 3. »
En réfléchissant un moment sur le système du calendrier péruvien, on
conçoit que, quoique les phases de la lune changent à peu près tous les sept
jours, cette correspondance n’est cependant pas assez exacte pour que, dans
plusieurs mois lunaires consécutifs, les cycles de sept jours puissent correspondre
aux phases de la lune. Les Péruviens, d’après Polo et tous les écrivains
du temps, avoient des années (huata) de trois cent soixante-cinq jours, réglées,
comme nous le verrons plus bas, sur des observations solaires faites mois par.
mois, a la ville de Cuzco. L ’année péruvienne étoit divisée, comme presque
toutes les années dont se servent les peuples de l ’Asie orientale, en douze lunes,
quiüa, dont les révolutions synodiques s’achèvent en trois cent cinquante-quatre
jours huit heures quarante - huit minutes. Pour corriger l’année lunaire, 'et
la faire coïncider avec l ’année solaire, on ajouta, selon une coutume antique,
onze jours qui, d’après l ’édit de l’Inca, furent répartis parmi les douze lunes.
D après cet arrangement, il n’est guères possible que quatre périodes égales,
dans lesquelles on auroit divisé les mois lunaires, pussent être de sept jours
et correspondre aux phases de la lune. Le même historien, dont le témoignage
■ L e G e n t il, Hist. de l’Acad. 1772, Torn. H , p. 207,209. L a P la c e , Expos, du système du Monde, p. 272.
3 B a illy , Hist. de l’Astron., Liv. v , 17, pag. 4 o8. Lalande, Astron., J . i 534.
3 Acosta, Historia naturaly moral de las Indias, Lib. VI , G. JH, éd. de Barcelone, 1591, p. 260.