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Lorsqu’on considère que les peuples de l’Asie orientale emploient à la
fois des divisions de l’écliptique en vingt-sept ou vingt-huit, en douze et en
vingt-quatre parties, et que les mêmes signes du zodiaque solaire y portent
des dénominations et souvent des figures entièrement différentes, on est tenté
de croire que cette multiplicité de signes doit produire une confusion extrême
dans les limites assignées aux constellations zodiacales. Chez les Hindoux, par
exemple, nous trouvons, outre les nakcliatras ou mansions lunaires, douze
lac/uenons dont les noms sont les mêmes que ceux des signes du zodiaque
grec et égyptien. Les Chinois divisent l’écliptique de trois manières, savoir:
en vingt-huit nakchatras qu’ils appellent che ou eul-che-po-sieou en douze
tse qui répondent à nos signes, mais qui portent des noms en partie mystiques,
en partie empruntés aux productions du pays, comme grande splendeurj vide
profond* queue, et tête de caille %• et en vingt-quatre tsieki. Les dénominations
de ces tsieki j ou demi-tse j sont relatives au climat et aux variations de la
température3. Les Chinois ont, en outre, deux autres cycles de douze signes:
celui des tchi et celui des animaux ; dont les noms sont identiques avec ceux
des cycles tibétain et tartare : sept che répondent à trois tse 3 comme six tsieki
répondent à trois tchi et à trois animaux célestes. Le cycle de ces douze
animaux chinois, parmi lesquels nous avons trouvé le singe, le tigre, le rat
(symbole de l’eau), le chien, l ’oiseau, le serpent et le lièvre du Calendrier
mexicain, donne les noms au cycle de douze ans comme à la petite période
de douze jours. On se sert dès douze animaux, dit le P. Gaubil4, pour marquer
les douze lunes de l’année, les douze heures du jour et de la nuit, et les douze
signes célestes. Mais toutes ces divisions en douze parties désignées par différens
noms, ne sont, dans l’est de l’Asie, que des divisions abstraites ou imaginaires :
elles servent pour rappeler à l’esprit le mouvement du soleil dans l’écliptique ;
le véritable zodiaque étoilé, comme l’a très-bien observé M. Bailly5, et comme
cela est confirmé par les recherches plus récentes de MM. Jones et Colbrooke,/
consiste dans les vingt-huit mansions lunaires. Il est vrai qu’on dit en Chine
que le soleil entre dans le singe et le lièvre, comme nous disons qu il
' Sou ci et et Gaubil , Tom. n i , pag. 80.
* L. c., Tom. m , pag. 98.
3 L. c., Tom. m , pag. g i- B a illy , Astr. ind., pag. lxxxxvi. 4 Souciet, Tom. 11, pag. i 56, 174.
* Astr. ind., p. v.
entre dans les gémeaux an danS^'le scorpion; mais lès Chinois, les Hindoux
et-les Tartares ne distribuent les étoiles que d’après le système des nakchatras.
La division du zodiaque en vingt-sept ou vingt-huit ¡M'Aies, connue depuis
lYemèn jusqu au plateau de Turfan et'ff'Ia Gochrachinè, appartient, avec la
petite période de sept jours, aux monument les plus Anciens de l ’astronomie.
Partout où 1 on observe à la fois plusieurs divisions -de l’écliptique qui
diffèrent, nDn par le nombre des catastérismes,:mais par leurs dénominations,
comme les tse , les tchi et lès animaux célestes des Chinois, des Tibétains
et des 1 artares, cette multiplicité de signes est probablement due à un
mélange dè plusieurs, nations qui ont été subjuguées les Unes par les autres.
Les effets de ce mélange, ceux dé 1 influence exercée par les vainqueurs sur
lés peuples vaincus, sé manifestent surtout dans la partie nord-est de l’Asie,
dont les -langues, malgré rTè ' grand nombre de racines mogoles et tartares
quelles renferment, diffèrent si essentiellement1 entre elles, qu’elles semblent
se refuser a toute classification méthodique. A mesure que Ton s’éloigne
du Tibet et de THindoüStan, On voit s’évanouir le type uniforme des institutions
civiles, Celui des' conùoissances et du culte. Or, si les hordes de la Sibérii
orientalÜftchez lesquelles les dogmes du Bouddhisme ont évidemment pénétré,
paraissent cependant ne tenir que par de foibles liens aux peuples civilise's de
lAsie australè, pourrions-nous être surpris que, dans le nouveau continent,
auprès de quelques traits d'analogie dans lès traditions, dans la chronologie
et le Style dés monumens, on déco'UVre un si grand nombre de dissemblances
frappantes ? Lorsque des peuples d’origine tartare ou mogole, transplantés sur
des rives étrangères, mêlés aux hordes indigènes de l ’Amérique, sont parvenus
à se frayer péniblement une route vers la civilisation, leurs langues, leur
mythologie, leurs divisions des temps, tout prend un caractère dmdividùalité
qui efface, pour ainsi dire, le type primitif de leur physionomie nationale.
En effet, au lieu des cycles de soixante ans, des années divisées en douze
mois et des petites périodes dè sept jours, usitées chez les peuples d’Asie, nous
trouvons chez les Mexicains des cycles de cinquante-deux ans, des années
de dix-huit mois, dont chacun de vingt jours, des demi-décades et des
demi - lunaisons de treize joursTLe système des séries périodiques, dont les
termes correspondans servent â désigner les dates des jours et des années, est
1 Adelubg, Mithridaies, Tom. n , pag. 535 et 56o.