armé de harpons. Comme oe signe ne représente pas un animal réel, il est
assez naturel que sa forme varie plus que celle des autres signes. Quelquefois
la .corne paroît un prolongement du museau, comme dans le fameux poisson
oxyrinque, représenté à la place du poisson austral sous le ventre du capricorne,
dans quelques planisphères1 indiens : d autres fois la corne manque entièrement.
En jetant les yeux sur les ligures, Planches x xm et x x v i l , faites d après
des dessins et des reliefs. très-anciens, on voit combien Valadès;, Boturmi et
Çlavigero ont eu tort de représenter le premier hiéroglyphe des jours mexicains
comme un requin ou un lézard. Dans le manuscrit du musée Borgia, la tête de
cipactli ressemble à celle d’un crocodile; et ce même nom de crocodile est
donné, par Sonnerat, au dixième signe du,.zodiaque indien, qui est notre
capricorne.
D'ailleurs l’idée de l’animal marin cipactli se trouve liée, dans la
mythologie mexicaine, à l’histoire d’un homme qui, lors de, la destruction
du quatrième soleil, après avoir long-temps nagé dans les eaux, se-sauva seul
en atteignant la cime de la montagne .de Colhuacan. Nous avons fait observer
plus haut que le Noé des Aztèques, appelé communément Coxcox, porte aussi
le nom de Teo-Cipactli, dans lequel le mot dieu ou ¿wm. est. ajouté.,:à celui
du signe cipactli. En jetant les yeux sur le zodiaque des peuples de lAsie,
nous trouvons que le capricorne des Hindoux est le poisson fabuleux màharan
ou souro •, célèbre. par ses exploits, et représentai depuis la plus haute
antiquité, comme un monstre marin à tête de gazelle". Comme les habitans
de l’Inde de même que les Mexicains, indiquent souvent les nakchatras
(maisons lunaires) et les laquenons .(dodecatemoria) par les seules têtes des
animaux qui composent les zodiaques lunaire et solaire, il ne faut pas être
surpris que les peuples occidentaux aient transformé le mahara en capricorne
(aiyoM(M), et qu’Aratüs, Ptolémée et le persan K.azwini, ne lui donnent pas
même une queue de poisson. Un animal qui, après avoir long-temps, habite
les eaux, prend la forme d’une gazelle et gravit les montagnes* rappelle à.
des peuples, dont l’imagination inquiète saisit les rapports les plus éloignés,
les traditions antiques de Menou, de Noé, et ces Deucalions célèbres parmi
i Philos. IransacL ,.1 7 72 , pag. 353.
’ Sokkek’a t , Voyagé aux Indes, Tom. 1, pag. 3 io . B a i l ly , Astr. ind., pag. 210.
3 Rech. asiat., Tom. 11, pag. 555, n.° 7.
les Scythes et les Thessaliens. Il est vrai que, d’après Germanicus, Deucalion
que l’on peut considérer comme le Coxcox ou le Teo-Cipactli de ¡la mythologie
mexicaine, étoit placé, non dans le signe du capricorne, mais dans le signe
qui le suit immédiatement, dans celui du verseau (Uço^oç) ; cette circonstance
11 a cependant rien qui puisse nous surprendre : elle confirme plutôt l ’opinion
ingénieuse de M. Bailly sur 1 ancienne liaison des trois signes des poissons,
du verseau .et du capricorne, ou poisson-gazelle*.
Ocelotl, tigre, le jaguar (J'élis onça) des régions chaudes du Mexique;
tochtli j. lièvre ; ozomatli, singe femelle; itzcuintli, chien; cohuatl, serpent;
cjuauhtli, oiseauy sont des catastérismes qui se trouvent, sous les mêmes noms,
<jans le zodiaque tartare et. tibétain. Dans l’astronomie chinoise, le lièvre ne
désigne pas seulement le quatrième tse, ou signe du zodiaque; la lune, depuis
1 époque reculée du règne d Yao, étoit figurée comme un disque dans lequel
un lièvre“, assis sur ses pieds de derrière, tourne un bâton dans un vase,
comme s’il étoit occupé à faire du beurre; idée puérile qui peut avoir pris
naissance dans les steppes de la Tartarie, où abondent les lièvres, et qui sont
habitées par des peuples pasteurs. Le singe mexicain, ozomatli, répond au
heoii des Chinois3, au petchi des Mantchoux, et au prehou des Tibétains,
trois noms qui désignent le même animal. Procyon paroît être le singe hanuan4,
si connu dans la mythologie des Hindoux; et la position de cet astre, placé sur
une même ligne avec les gémeaux et le pôle de l’écliptique, répond très-bien
à la place qu’occupe le singe dans le zodiaque tartare, entre l’écrevisse et le
taureau. Des singes se trouvent aussi dans le ciel des Arabes : ce sont des étoiles
de la constellation du grand chien, appelées El-kurüd5 dans le catalogue de
Kazwini. J’entre dans ces détails sur le signe ozomatli, parce qu’un animal de
la zone torride, placé parmi les constellations des peuples mongols, mantchoux,
aztèques et toltèques, est un point très-important, non-seulement pour l ’histoire
de 1 astronomie, mais aussi pour celle des migrations des peuples.
Le signe itzcuintli, chien, répond à l’avant-dernier signe du zodiaque tartare,
1 Astr. moderne, Tom. m, pag. 297.
Grosibr, Hisi. gén. de la Chine, Tom. 1 , pag. 1 i/j.
3 Deguignes , Hist. des Huns, Tom. 1, pag. xlvii.
4.Durais, Origine des Cultes, Tom. m , pag. 363.
* Idb ler, Sternnamen, pag. 238, 248, 4 i 5.