tueux et de royal ((ZccmMxov) dans un grand nez, et qu’ils l’eussent considéré,
dans leurs reliefs et dans leurs tableaux,, comme le symbole de la puissance
et de la grandeur morale.
La forme pointue des têtes n’est pas moins frappante dans les dessins
mexicains que la grandeur des nez. En examinant ostéologiquement le crâne
des naturels de l ’Amérique, on voit, comme je l’ai déjà observé ailleurs, qu’il
n’y a pas de race sur le globe dans laquelle l ’os frontal soit plus déprimé en
arrière, ou qui ait moins de front Cet aplatissement extraordinaire se trouve
chez des peuples de la race cuivrée, qui n’ont jamais connu la coutume de
produire des difformités artificielles, comme le prouvent les crânes d’indiens
mexicains, péruviens et aturès, que nous avons rapportés, M. Bonpland et
moi, et dont plusieurs ont été déposés au Muséum d’histoire naturelle à
Paris. Les Nègres donnent la préférence' aux lèvres les plus grosses et les
plus proéminentes; les Calmouques l ’accordent aux nez retroussés. Un savant
illustre, M. Cuviera, observe que les artistes grecs, dans les statues des héros,
ont relevé la ligne faciale outre nature, de quatre-vingt-cinq à cent degrés.
J’incline à croire que l’usage barbare introduit parmi quelques hordes sauvages
de l’Amérique, de comprimer la tête des enfans entre deux planches, naît de
l ’idée que la beauté consiste dans cet aplatissement extraordinaire de l’os'
frontal, par lequel la nature a caractérisé la race américaine. C’est sans doute
en suivant ce même principe de beauté que même les peuples aztèques, qui
n’ont jamais défiguré la tête des enfans, ont représenté leurs héros et leurs
principales divinités avec une tête beaucoup plus aplatie que né l’est celle
d’aucun des Caribes que j’ai vus au Bas-Orénoque.
Le guerrier figuré sur le relief d’Oaxaca, offre un mélange de costumes
très-extraordinaire. Les ornemens de sa coiffe, qui a la forme d’un casque, ceux
de l’étendard (signum) qu’il a dans la main gauche, et sur lequel on reconnoît
un oiseau, comme sur l’étendard d’Ocotelolco, se retrouvent dans toutes les
peintures aztèques. Le pourpoint, dont les manches sont longues et étroites,
rappelle le vêtement que les Mexicains désignoient par le nom d' ichcahuepilli;
mais le filet qui couvre les épaules est un ornement que l’on ne retrouve plus
parmi les Indiens. Au-dessous de la ceinture paroît la peau tigrée d’un jaguar,
1 Blumehbach , Decas quinta craniorum, 1808, p. i 4 j Tab. 46.
’ Leçons d’Anatomie comparée, T. I I , p. 6.