au hy des Tibétains, au noJsaï des Mantchoux, et à Vin des Japonnois. Le père
Gaubil nous apprend qüe le chien du zodiaque tartare est notre dodécatemorion
du bélierj et il est très-remarquable que, d’après Le Gentil, chez les Hindoux,
quoique ce peuple ne connoisse pas la série des signes qui commence par
le rat, le bélier est remplacé : quelquefois par un chien marron, De même,
chez les Mexicains, itzcuintli désigne le chien sauvage : car celui qui est
domestique s’appeloit techichi. Le Mexique abondoit jadis en quadrupèdes1
carnassiers qui tenoient à la fois du chien et du loup, et que Hernandez ne
nous a fait connoître qu’imparfaitement. La race de ces animaux, connus
sous les noms de xoloitzcuintli, itzcuintepotzotli, tepeitzcuintli, n est vraisemblablement
pas entièrement détruite : mais il est probable qu’ils se sont
retirés dans les forêts les plus désertes et les plus éloignées : car, dans la partie
du pays que j’ai parcourue, je n’ai jamais entendu parler d’un chien marron.
Le Gentil1 et Bailly ont été induits en erreur, lorsqu’ils ont avancé que le
mot jnèchaj qui désigne notre bélier, signifie un chien marron. Ce mot de la
langue sanskrite est le nom vulgaire du bélier : on le trouve employé 3 d une
manière très - poétique par un auteur indien qui décrit le combat de deux
guerriers, en disant «que par leurs têtes c’étoient deux mècha (béliers); par
leurs bras, deux éléphans; par leurs pieds, deux nobles coursiers. »
Le tableau suivant réunit les signes du zodiaque tartare avec ceux des jours
du calendrier mexicain :
ZODIAQUE
T ART ARES -MANTCHOUX.
ZODIAQUE
DES MEXICAINS.
Pars, tigre.
Taoulai, lièvre.
Mogai, serpent.
Petckij singe.
Nokaî, chien.
Tukia, oiseau , poule.
Occlotl, tigre.
Tochüi, lièvre, lapin.
Cohuatlf serpent.
Ozomatli, singe, j
Itzcuintli, chien.
Quauhlli, oiseau, aigle.
Sans rappeler les hiéroglyphes eau ( a il) , et monstre marin (cipactli),
qui offrent une analogie frappante avec les catastérismes du verseau et du
■ Voyez mes Tableaux de la Nature, Tom. i , pag. 117.
1 L e G e n t il, Voyage, Tom. 1 , pag. 2/17.
3 Observation de M. de Chézy.
E T MONUMENS . D E L ’AM E R IQ U E . i 6 l
capricorne, les six signes du zodiaque tartare, retrouvés dans le calendrier
mexicain, suffisent pour rendre extrêmement probable 1 que les peuplés des
deux continens ont puisé dans une source commune leurs idées astrologiques.
Ces traits de ressemblance sur lesquels nous insistons, ne sont pas tirés de
peintures informes ou allégoriques, ' susceptibles d’être interprétées selon la
nature des hypothèses que l ’on désire faire valoir. Si l’on consulte les Ouvrages
composés, au commencement de la conquête, par des auteurs espagnols ou
indiens qui ignoroient jusqu’à l’existence d’un zodiaque'tartare, l’on verra
qu’au Mexique, depuis le septième siècle de notre ère/ les jours s’appelôient
tigrej chienj 'singej lièvre ou lapin¿ comme, dans toute l’Asie orientale, lés
années portent encore les mêmes noms en tibétain, en tartare-mantchou en
mogol, -en kalmouk, en chinois, en japonnois, en coréen, dans les langues
du Tonquin et de la Cochinchine *.
On conçoit que des nations qui n’ont jamais eu de rapports entre elles,
divisent également l’écliptique en vingt-sept ou vingt-huit parties, et donnent’à
chaque jour lunaire le nom des étoiles près desquelles la lune se trouve placée
dans son mouvement progressif de l ’ouest à l’est. Il paroît très-naturel aussi
que des peuples, chasseurs1 ou pasteurs'désignent ces constellations et ces'jours
lunaires, par les noms des animaux qui sont l’objet constant de leurs affections
ou de leurs craintes. Le ciel des hordes nomades se trouvera peuplé de
chiens, de cerfs, de taureaux et de loups, sans qu’on doive en conclure que
ces hordes ont jadis fait partie d’un même peuple. Il ne faut pas confondre
des traits de ressemblance purement accidentels, ou naissant d’une identité
de position, avec ceux qui attestent une origine commune ou d’anciennes
communications.
Mais les zodiaques tartare et mexicain ne renferment pas seulement les
animaux propres aux climats que ces peuples habitent aujourd’hui; on y
trouve aussi des tigres et des singes. Ces deux animaux sont inconnus sur les
plateaux de l’Asie centrale et orientale, auxquels une grande élévation donne
une température plus froide que celle qui règne vers l’ouest sous la même
latitude. Les Tibétains, les Mogols, les Mantchoux et les Kalmouks, ont
donc reçu dun pays plus méridional le zodiaque que l’on appelle trop
exclusivement le cycle tartare. Les Toltèques, les Aztèques, les Tlascaltèques,
1 Soucibt, Tom. 11, pag. i 58.