chiffres et du même système de numération que les Hindoux, n’aient pas
abandonné la méthode compliquée des séries-périodiques. Cette méthode tire
son origine des rêveries astrologiques : elle n’auroit dû être employée que
par des peuples qui, comme les Aztèques et les Toltèques, trouvoient de la
difficulté à exprimer des nombres très - considérables, et dont les annales
étoient écrites en caractères hiéroglyphiques.
Nous venons de voir que les Mexicains , les Japonnois, les Tibétains et
plusieurs autres nations de l’Asie centrale, ont suivi le même système dans.
la division des grands cycles, et dans la dénomination des années qui les
composent. Il nous reste à examiner un fait qui intéresse plus directement
Thistoire des migrations des peuples, et qui paroît avoir échappé jusqu ici
aux recherches des savans. Je crois pouvoir prouver qu’une grande partie
des noms par lesquels les Mexicains désignoient les vingt jours de leurs mois,
sont ceux des signes d’un zodiaque usité depuis la plus haute antiquité chez
les peuples de l’Asie orientale. Pour faire voir que cette assertion est moins
hasardée qu’elle ne le paroît d’abord, je vais, réunir dans un seul tableau,
i.° les noms des hiéroglyphes mexicains, tels qu’ils nous ont été transmis par
tous les auteurs du seizième siècle; 2.0 les noms des douze signes du.zodiaque
tartare, tibétain et japonnois; 5.° les noms des nakchatras , ou maisons lunaires
du calendrier des Hindoux. J’ose me flatter que ceux de mes lecteurs qui auront
examiné attentivement ce tableau comparatif, s’intéresseront aux discussions
dans lesquelles nous devons entrer sur les premières divisions du zodiaque.
SIGNES BU ZODIAQUE. lU£KOOI.VrilES DBS I0OTS NAKCHATRAS,
DES HINDOUX.
HINDOUX,
MANTCHOUX. JAPONNOIS. TIBÉTAINS.
Verseau. Singueri. Ne. Tchip, rat, eau. AU, eau.
Capricorne. Ouker. Ous. Lang, bceuf. Cipactli, monstre marin. (Le Maharaestun monstre
Sagittaire. Pars. Torro. 1 Tah, tigre.
Scorpion. Taoulaï. Ot. ' Io, lièvre. Tochüi, lièvre.
Balance. Lon. Tais. Brou, dragon. CohuaU, serpent. Serpent.
Vierge. Mogaï Mi. Proul, serpent. (Ac.ll, canne). Canne.
Lion. Morin. Ouma. Tha, cheval. (Tecpall, silex, couteau). Rasoir.
Cancer. Koin. Tsiuousc. Lon, bouc. ( Ol lin, chemin du soleil). TracesdespiésdeVichnou.
Gémeaux. Petchi. Sar. Prehou, einge. Ozomalli, singe. Singe.
Taureau. Tukia. Torri. Telia, oiseau. Quauhtli, oiseau.
Bélier. Notai. In. Ky, chien. llzcuintli, chien. Queue de chien.
Poissons. Gacai. T. Pah, porc. ( Calli, mai,on). Maison.
Depuis les temps les plus, reculés, les peuples; de l'Asie cormoiipîeDt
deux divisions de l'écliptique, l'une en vingt-sept ou vingt-huit maisons ou
préfectures lunaires, l'autre en douze parties. C'est à tort qu'on a avancé
que cette, dernière division ne ie; trouvoit que chez p i Égyptiens. Des.
monumens les plus anciens de la littérature indienne, les ouvrages de Calidas
et d’Amarsinh ■, font mention à la fois des douze signes du zodiaque et
des vingt-sept compagnes de la Une. D’après ce que nous savons sut: les
communications qui, plusieurs milliers d’années avant notre;ère, ont eu lieu
entre les peuples de l'Éthiopie, de la Haute-Égypte et de l'Hindoustân, il
n ’est pas permis de regarder comme appartenant exclusivement aux Égyptiens,
tout ce que ces derniers ont transmis aux peuples de la Grèce.
La division de l’écliptique en vingt-sept ou vingt-huit maisons lunaires, est
probablement2 plus ancienne que la division en douze parties, qui se rapporte
au mouvement annuel du soleil. Des phénomènes qui se répètent toutes les
lunaisons/dans le même ordre, fixent bien plus l’attention des hommes que
des changemens de position, dont le cycle n’est achevé que dans l ’espace
d’un an. La lune étant presque placée, dans chaque lunaison, près des
mêmes étoiles, il paroît naturel qu’on ait donné des noms particuliers aux
vingt-sept ou vingt-huit constellations qu’elle parcourt dans une révolution
synodique. Peu à peu les noms de ces constellations ont passé aux jours
lunaires mêmes, et cette liaison apparente entre le signe et le jour est devenue
la hase principale des calculs chimériques de l’astrologie.
En examinant attentivement l'es noms que les nakchatras j ou hôtelleries
lunaires, portent dans l’Hindoustân, on y reconnoît non seulement presque
tous les noms du zodiaque tartare et tibétain, mais aussi ceux de plusieurs
constellations qui sont identiques avec les signes du zodiaque grec. Chaque
nakchatras a i 3° 20/, et 2 1 nakchatras correspondent à un de nos signes. Le
tableau suivant rend assez probable que le zodiaque solaire a tiré son origine
du zodiaque lunaire, et que les douze signes du premier ont été choisis en
grande partie parmi les vingt-sept nakchatras.
1 Reeh. Asiat., Vol. n , pag. 346.
3 L e Gentil, Vol. 1, pag. a6i.
%