encore des restes du grand téocalli ■ dédié au dieu Huitzilopochtli. Torquemada
se servit'des manuscrits de.trois religieux franciscains, Bemardino de Sahagun,
Andrès de Olmos et Toribio de Benavente, qui tous étoient profondement
instruits dans les langues américaines, et qui étoient allés à la Nouvelle-Espagne
du temps de Cortex, avant l'année r5z8. Malgré ces avantages, l'historien du-
Mexique ne nous a pas fourni, sur la chronologie et le calendrier mexicains^
tous les éclaircissemens que l ’on auroit pu attendre de son zèle et de son.
instruction. Il s’exprime même avec si peu d'exactitude, qu'on Ut dans son
ouvrage que l’année des Aztèques finissoit au mois de décembre, et qu’elle
C o m m e n ç o i t au mois de février ..
II existoit depuis long-temps à Mexico, dans les couvens et dans les bibfio-
thèques publiques, des matériaux plus instructifs que les relations des premiers
historiens espagnols. Des auteurs indiens, Christoval del CastUlo, natif de
Tezcuco, et mort en 1606 à l'âge de quatre-vingts ans, Fernando de Alvârado
Tezozomoo, et Domingo Chimalpain, ont laissé des manuscrits composés en
langue aztèque sur l’histoire et la chronologie de leurs ancêtres. Ces manuscrits,
qui renferment un grand nombre de dates indiquées à la fois selon l ’ère
chrétienne et selon le calendrier civil et rituel des indigènes, ont été étudiés
avec fruit par le savant Carlos ’de Siguenza, professeur d»< mathématiques à
l ’Université de Mexico, par le voyageur milanois Boturini Benaduecr, par
l'abbé Clavigero, et, dans ces derniers temps, par M, Gama, dont j ’ai .eu
souvent occasion, dans un autre ouvrage de citer avec éloge les. travaux
astronomiques. Enfin, en 1790, une pierre d’un volume énorme et chargée
de caractères évidemment relatifs au calendrier mexicain, aux fêtes religieuses
et aux jours dans lesquels le soleil passe par le zénith de la ville de Mexico, a
été découverte dans les fondemens de l’ancien téocalli : elle a servi à la fois
à éclaircir des points douteux, et à rappeler l’attention de quelques indigènes
instruits sur le calendrier mexicain.
J’ai tâché, tant pendant mon séjour en. Amérique que depuis mon retour
en Europe, dé faire une étude exacte de tout ce qui a été publié sur la
division du temps, et sur le mode d’intercalation des Aztèques : j’ai examiné,
* L ’année x577. Torquemada, Lib. -vin, Cap. n , (Tom. H , pag. 1S7.)
* IbitL Lib. x , Cap. x , x x xm , xx xiv et xxxvi.
3 Essai polit, sur le Mexique, pag. ia 4.
sur les lieux, la fameuse pierre trouvée à la Plaza May or, et représentée sur
la vingt-troisième Planche : j ’ai puisé quelques notions intéressantes dans les
peintures hiéroglyphiques conservées au couvent de San Felipe Neri, à Mexico :
j ’ai parcouru à Rome le Commentaire manuscrit que le père Fabrega a
composé sur le Codex mexiccmus de Veletri; je regrette cependant de ne pas
connoître assez le mexicain pour lire les ouvrages que les indigènes ont écrits,
dans leur proprè langue, immédiatement après la prise de Ténochtitlan, et
en se sëryant de l’alphabet romain. Je n’ai par conséquent pu vérifier par
moi-même toutes les assertions de Siguenza, de Boturini, de Clavigero et de
Gama, sur l’intercalation mexicaine, en les comparant aux manuscrits de
Chimalpain et de Tezozomoc, dans lesquels ces auteurs assurent avoir puisé
les notions qu’ils nous ont données. Quels que soient les doutes qui puissent
rester sur plusieurs points dans l’esprit des savans, accoutumés à soumettre
les faits à une critique sévère, et à n’adopter que ce qui est rigoureusement
prouvé, je me félicite d’avoir rappelé l ’attention sur un monument curieux de
la sculpture mexicaine, et d’avoir donné de nouveaux détails sur un calendrier
que Robertson et l’illustre auteur de Y Histoire de l’Astronomie ne paroissent
pas avoir traité avec tout l ’intérêt qu’il mérite. Cet intérêt sera augmenté
encore, par les notions que nous donnerons plus bas sur la tradition mexicaine
des quatre âges, ou quatre soleils, qui offre des rapports frappans avec les yougs
et les calpas des Hindoux, et sur la méthode ingénieuse qu’employoient les
Indiens Muyscas, peuple montagnard de la Nouvelle-Grenade, pour corriger
leurs années lunaires par l ’intercalation d’une trente-septième lune, appelée
sourde ou cuhupqua. C’est en rapprochant et en comparant les différens systèmes
de chronologie américaine, que l’on pourra juger des communications qui
paroissent avoir existé, dans des temps très-reculés, entre les peuples de l ’Inde
et de la Tartarie et ceux du nouveau continent.
L’année civile des Aztèques étoit mie année solaire, de trois cent soixante-
cinq jours; elle étoit divisée en dix-huit mois, dont chacun avoit vingt jours:
après ces dix - huit mois, ou trois cent soixante jours, on ajoutoit cinq jours
complémentaires, et l ’on commençoit une nouvelle année. Les noms de
Tonalpoliuaüi ou Cempohualilhuitl, qui distinguent ce calendrier civil du
calendrier rituel, indiquent très-bien ses caractères principaux. Le premier de
ces noms signifie compte du soleil, par opposition au calendrier rituel appelé