Second cycle. Sa durée est de 12 x 4oo+4= 48o4 ans : c’est l’âge du feu,
Tletonatiuh, ou l ’âge rouge, Tzonchichiltèque. Le dieu du feu, Xiuhteuctli,
descend sur la terre l’année présidée par le signe ce tecpatl, le jour nahui
quiahuitl. Comme les oiseaux seuls pouvoient échapper à l’embrasement général,
la tradition porte que tous les hommes furent convertis en oiseaux, excepté un
homme et une femme qui se sauvèrent dans l ’intérieur d’une caverne.
Troisième cycle 3 l’âge du vent ou de l ’air, Ehecatonatiuh. Sa durée est
de 1 o x 400+*0=4°1 o ans* La catastrophe eut lieu le jour 4 vent ( nahui
ehecatl) de l’année ce tecpatl. Le dessin représente quatre fois l’hiéroglyphe
de l’air ou du vent, ehecatl. Les hommes périrent par l'effet des ouragans,
quelques-uns furent convertis en singes : ces animaux ne parurent au Mexique
que dans ce troisième âge. J’ignore quelle est la divinité qui descend sur la
terre, armée d’une faucille : seroit-ee Quetzalcohuatl, le dieu de l’air, et la
faucille signifieroit-elle que l’ouragan déracine les arbres comme si on les avoit
coupés? Je doute d’ailleurs que les stries jaunes indiquent, comme le prétend
un commentateur espagnol, la forme des nuages chassés par la tempête. Les
singes sont en général moins fréquens dans la partie chaude du Mexique que
dans l’Amérique méridionale. Ces animaux entreprennent des migrations
lointaines, lorsque, chassés par la faim ou par 1 intempérie du climat, ils se
voient forcés d’abandonner leur séjour primitif. Je connois des contrées dans
la partie montagneuse du Pérou, dont les habitans se rappellent 1 époque a
laquelle de nouvelles colonies de singes se sont fixées dans telle ou telle vallée^
La tradition des cinq âges renfermeroit-elle un trait de l’histoire des animaux?
désigneroit-elle une année ■ où des ouragans et des bouleversemens causés par
les volcans ont engagé les singes à faire des incursions dans les montagnes
d’Anahuac? Dans ce cycle des tempêtes 3 deux hommes seuls survécurent a la
catastrophe, en se réfugiant dans une caverne, comme a la fin de lâge
précédent.
Quatrième cycle3 l’âge de l’eau, Atonatiuh, dont la durée est de
10x400 + 8 = 4008 ans. Une grande inondation, qui commença l’année ce
callij le jour 4 eau ( nahui atl), fit périr l ’espèce humaine : c’est la dernière
des grandes révolutions que le monde a éprouvées. Les hommes furent convertis
en poissons, à l ’exception d’un homme et d’une femme qui se .sauvèrent dans
le tronc d’un ahahuète, ou cyprès chauve. Le dessin représente la déesse de
l’eau, appelée Matlalcuejè ou Chakhiuhcueje, et regardée comme la compague
de Tlaloc, s’élançant yérs la terre. Coxeox, le. Noé des Mexicains, et sa femme
Xochiquelzal sont assis dans un tronc d’arbre couvert de feuilles, et flottant
au milieu des eaux.
Ces quatre âges., que l'on désigne aussi sous, le nom de soleils, renferment
ensemble, dix-huit mille vingt-huit ans , . c’est-à-dire six mille, ans de plus que-
les quatre âges persans décrits dans le Zend- Avesta '. Je ne. vois nulle part
indiqué combien d’années s’étoient écoulées depuis le déluge de Coxeox
jusqu’au sacrifice de Tlalixco, ou jusqu’à la réforme du calendrier axtèque;
mais, quelque rapprochées que l ’on suppose ces deux époques, on trouve
toujours que les Mexicains attribuoient au monde une durée de plus de vingt
mille ans. Cette durée contraste sans doute avec la grande période des Hindoux,
qui a quatre millions trois cent vingt mille ans, et surtout avec la fictioJ
cosmogonique des Tibétains, d’après laquelle l ’espèce humaine compte déjà
dix-huit révolutions, dont chacune a plusieurs padu exprimés par des nombres
de soixante-deux chiflres’ : il est cependant bien remarquable qu’on trouve un
peuple américain qui, d'après le même système de calendrier dont il se servoit
lors- de l ’arrivée de Cortea, indique les jours et les années où le monde a
éprouvé de grandes catastrophes, il y a plus de vingt siècles.
Le Gentil, Bailly et Dupuis 1 ont donné des explications ingénieuses de la
durée, des grands cycles de l ’Asie. Je n’ai pu découvrir aucune propriété,
particulière au nombre de 18028 ans; il n’est pas multiple de i3, 19, 5a, 60,
72; 36o, ou de i 44o, qui sont les nombres que l’on retrouve dans les cycles
des peuples asiatiques. Si la durée des quatre soleils mexicains étoit plus longue
de trois ans, et si aux nombres 5ao6, 4804, 4.010 et 4oo8 ans, on substituoit
les nombres 5ào6, 4.807, 4009 et 4009, on pourrait croire que ces cycles étaient
dus à la connoissance de la période lunaire de dix-neuf ans. Quelle que soit leur
véritable origine, il n’en paraît pas moins certain qu’ils sont des fictions de la
mythologie astronomique, modifiées ou par une réminiscence obscure de
quelque grande révolution qu’a éprouvée notre planète, ou d'après les hypothèses
1 Ahquetil, Zend-Avesta, Tom. h , pag. 55a. ,
’ Alphab. Tibet., pag. 47a.
3 L e i » - Voyage dans les Indes, Vol. 1, pag. a55. Bailly, Astron. Indienne, pag. lixxxviii et 212.
Bailly, Histoire de l’Astronomie ancienne, pag. 76. Durais, Origine des Cultes, Vol. m , pag. 164.