serpens qui, chez tous les peuples, sont les emblèmes du temps. Le dessous de
la pierre offre en g le signe hisca.j qui fait allusion aux noces de Bochica et
de Chia1, signe de la conjonction lunaire, figurée sous la formé d’un temple
fermé. C’est la fin de la première révolution du cycle. Le sacrifice du guesa
va rouvrir le temple et commencer la seconde indiction. L ’intercalation de hisca
se fait après neuf années muyscas, ce qui est désigné par neuf traits en bjC
et d. La serrure qui ferme le temple, est d’ailleurs la même que celle dont les
indigènes se servent encore aujourd’hui. Elle est percée des deux côtés pour
recevoir deux morceaux de bois cylindriques. En comparant cette serrure à
celle des Égyptiens, sculptée sur les murs de Karnak, et usitée depuis des
milliers d’années sur les bords du Nila, on observe la même différence qui
existe entre les ouvrages d’un peuple grossier et ceux d’une nation ingénieuse
et avancée dans les arts.
Quatre de ces pierres pentagones ènseignoient, à ce qu’assurent les
Indiens, les vingt intercalations de la lune sourde qui, d’après le calendrier
imparfait des Muyscas, avoient lieu dans un cycle de sept cent quarante sunas.
Ce cycle renfermoit vingt années des prêtres de trente-sept lunes chacune, ou
soixante années rurales : il est connu de tous les peuples qui vivent à l’est
de l ’Indus, et il paroît fié au mouvement apparent de Jupiter dans
l’écliptique. Nous avpns démontré plus haut3 que, chez les Hindoux, la
dodécatémorie du zodiaque solaire a tiré son origine des nakchatras ou
du zodiaque lunaire, chaque mois prenant le nom de l ’hôtellerie lunaire dans
laquelle la pleine lune a fieu : nous avons de même fait observer que les indictions
de douze années, et les noms des nakchatras donnés à ces années, ont rapport
au lever héliaque de Jupiter. On peut croire qu’à cette époque reculée , où se
développoient les premières idées astronomiques, les hommes étoient frappés
de voir une planète parcourir les vingt-huit hôtelleries lunaires à peu près
dans autant d’années qu’ils observoient de révolutions lunaires d’un solstice
d’hiver à un autre. Pour réunir en groupes ces grandes années de douze
années solaires, on devoit nécessairement employer un des nombres qui,
chez tous les. peuples, servent de points de repos dans la numération;
; Pl. xr.iv, % . 4 , n.° 5.
* Dbnoh, Voyage en Egypte, PL cxxxix, fig. i4,
I Pag. i 56.
savoir: 5, Peut-être donnait-«, là préférence au plus petit
de ces nombres, parcg q u e ,5| | est .renfermé . six fois dans
le nombre 36o qui servoit pour la division du cercle | J cause des trois
cent soixante jours que les plus anciens peuples de, l’Orient attribuoient à
l’année représentée sops f ’emblème d’un anneau. Chez les nations américaines,
par exemple chez les Mexicains et les Muyscas, nous trouvons quatre indictions
au lieu de .cinq; et cette préférence singulière pour le; nombre quatre. est
due à 1 intérêt attaché aux pointe solsticiaux'et équinoxiaux qui désignent les
quatre saisons ou grandes semaines de la grande année *. D’ailleurs le nombre
de cinq .intercalations conduisit les Muyscas à des groupes de quinze années,
rurales, dont quatre forment le cycle asiatique de soixante ans.
D ’après les notions vagues qui nous sont parvenues sur les signes lunaires
portés dans la procession du guesa, et sur le rapport qui existe entre la
constellation de la grenouille, ata, et le signe de Veau ou du rat demi,
qui, chez les Chinois et les peuplestde race tartare, ouvre la marche des
catastérismes, on peut conjecturer quesles dix hiéroglyphes*; d’utn, de bosa,
de mica, etc., marquoient originairement, comme les signes des jours
mexicains? , les divisions d’un zodiaque en dix parties. Nous retrouvons chez
les Chinois, et ce fait est très-important, un cycle de dix cans, .auxquels
les Mantchoux donnent les noms de dix couleurs.?; Il est probable qu’anciennement
les cans des Muyscas avoient. aussi des noms particuliers, et l’on peut
soupçonner que les chiffres que M. Duqüesne nous a transmis faisoient allusion
â ces mêmes noms. Tout cela me fait présumer que les mots numériques
ata, basa, mica, eus., n’ont été substitués aux noms des signesiqpe pour
indiquer le premier signe du zodiaque, :1e second signe, le troisième signe, etc.,
et que cette substitution a fait naître insensiblement l’idée bizarre que lès
nombres mêmes étoient significatifs. Cette matière, qui n’est jias'.sans intérêt
pour l’histoire des migrations des peuples, ne pourra être. éclaircie que
lorsquon aura comparé un plus grand nombre de monumens américains.
' Voyez plus haut, pag. 175.
a Pl. xliv, fig. 4.
’ Voyez plus haut, pag. 174.
* Souciet et Gaubjl, Tom. n, pag. ,55.'
6,